L’ancien ministre de la Production a rendu l’âme, samedi 21 décembre à Moroni. Abdou Nassur Madi été retrouvé inanimé dans son bureau sis au premier étage du bâtiment abritant de nombreux services financiers du pays. «Nous avons appris le décès aux environs de 6h 15 du matin. Je me suis rendu sur place avec la gendarmerie, nous avons constaté le décès. Une enquête est ouverte», a déclaré le procureur de la République, Abdou Ismael, au cours d’un point de presse. « Nous vous tiendrons informés des conclusions de l’enquête », a-t-il ajouté.
Haut cadre de l’administration, titulaire d’un Dea d’Economie après ses études au Maroc à la fin des années 1990, Abdou Nassur Madi démarre sa carrière d’abord à la Direction (devenue commissariat) générale au Plan (Dgp) aux années 2000, intègre le ministère de l’Economie en 2002, puis l’Université des Comores après sa création en tant qu’enseignant d’économie politique et de microéconomie à la Faculté de droit et des sciences économiques après une brève expérience à l’Enac.
Plus de 25 ans dans l’administration
En 2007, il fera partie, aux côtés d’Ibrahim Mohamed Soule, de l’équipe chargée de la rédaction de la demande d’adhésion des Comores à l’Organisation mondiale du commerce (Omc). Avec l’expérience accumulée, Abdou Nassur Madi sera nommé directeur de l’Economie et du Commerce, puis délégué à l’Economie en juillet 2012, année où il déposera en personne le premier mémorandum d’adhésion du pays au siège de l’Omc à Genève.
Il sera nommé un an plus tard ministre de la Production, de l’Environnement et de l’Energie, soit quelques mois après l’adoption de la première loi pétrolière. Abdou Nassur Madi mènera les négociations des premiers contrats de partage de production (Cpp) et s’opposera aux concussions qui entouraient les négociations ainsi qu’aux mafieux qui rodaient autour des programmes. « Il était très exigeant envers les sociétés pétrolières mais se trouvait souvent seul face à des forces occultes », se souvient un ami du ministère de la Production.
Il retrouve le département de l’Economie et du Commerce après la fin du régime d’Ikililou Dhoinine et partira en guerre contre l’anarchie des prix. Il reprendra le travail qui mènera à l’adhésion des Comores à l’Omc à partir de 2018. Le pays adhère à la Zone de libre-échange continentale (ZleCaf). Abdou Nassur Madi travaillera d’arrache-pied et mènera des réformes parallèles pour mettre le pays aux normes avant son adhésion définitive en février 2024 à Abu-Dhabi.
Ses positions tranchées vis-à-vis des vendeurs ambulants et du secteur privé en général ont été saluées même si les effets étaient restés limités face aux ententes illicites des grossistes. Il pilotera de nombreuses discussions entre l’Etat et les commerçants visant à atténuer la cherté de la vie, supervisera des travaux entrant dans le cadre du dialogue public privé (Dpp) et deviendra un acteur clé de la récente libéralisation du riz ordinaire.
En septembre dernier, il fera partie du groupe des cinq experts nationaux formant l’Unité de politique fiscale (Upf) mise en place par le ministre des Finances, Mohamed Abdourazakou, pour accompagner les mesures visant à assurer une meilleure collecte des ressources fiscales. Ce dernier a salué, dans un communiqué, « son engagement, ses compétences et son dévouement envers son pays». Son collègue de l’Economie, Moustoifa Hassani Mohamed, parle « d’un cadre expérimenté, dévoué et grand travailleur».