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Décès d’Abdourazakou Abdoulhamid I Les obsèques prévues ce jeudi en début d’après-midi à Kwambani Washili

Décès d’Abdourazakou Abdoulhamid I Les obsèques prévues ce jeudi en début d’après-midi à Kwambani Washili

Société | -   A.S. Kemba

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Le lieutenant-colonel a été le principal architecte de la gendarmerie fédérale en 1978 et restait une figure reconnue de l’institution durant des décennies. Après sa retraite en 1991, Abdourazakou Abdoulhamid se lancera en politique et sera candidat à l’élection présidentielle de 1996 avant de se retirer définitivement de la vie publique après ses fonctions de président de la Cour constitutionnelle de 2007 à 2011.

 

Les obsèques de l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Abdourazakou Abdoulhamid, sont prévues ce jeudi 11 décembre « à 13h » à Kwambani Washili, a indiqué ses familles dans un message publié sur les réseaux sociaux, peu après l’annonce de son décès. Le lieutenant-colonel s’est éteint hier mercredi 10 décembre en début d’après midi à son domicile sis à Moroni Zilimadju à l’âge de 84 ans.


Peu après l’annonce de son décès, des messages d’hommage ont inondé les réseaux sociaux. Les uns pour saluer « la droiture » de cet homme à la double carrière militaire et politique. Et les autres pour honorer le travail accompli dans la construction de la première architecture de sécurité du pays. « C’était un grand homme avec une très grande personnalité. Il a fait beaucoup de choses dans l’institution militaire », a réagi hier après-midi le directeur de cabinet du président de la République chargé de la Défense, Youssoufa Mohamed Ali.

Un attachement aux valeurs de paix et de justice

Pour certains, Abdourazakou Abdoulhamid a été l’incarnation de cette catégorie d’hommes qui plaçaient l’intérêt du pays au-dessus de l’amour-propre, de toute considération politique partisane ou de toute volonté d’autosatisfaction personnelle. « Le pays n’a pas perdu seulement l’ancien Président de la Cour constitutionnelle ou le Colonel Abdourazak Abdoulhamid. Il a perdu un patriote qui n’échangerait jamais sa patrie avec un pouvoir ou un quelconque intérêt personnel ou partisan», a posté Ahamadou Mze qui rappellera les années noires de Bob Denard durant lesquelles «le commandant » était resté « toujours debout, droit et digne » face au mercenaire français.


L’ancien ministre Dini Nassur salue son courage et son attachement au sens et à la culture de la paix. «J’ai toujours respecté son engagement courageux dans l’opposition et sa volonté de faire de son domicile un lieu de dialogue et de fraternité pour tous les partis opposants. Aujourd’hui, je réalise avec tristesse la portée de son souhait», souligne-t-il avant d’ajouter : «Je connais le colonel Abdourazak depuis longtemps. Je l’ai vu servir ce pays avec rigueur et intelligence : brillant officier et commandant de la gendarmerie, puis homme de droit à la tête de la haute autorité judiciaire, la Cour Constitutionnelle».


Pour le journaliste et écrivain, Abdoulatuf Bacar qui a co-écrit un ouvrage dédié à l’ancien président de la Cour constitutionnelle intitulé « Humilité et équité » publié en septembre dernier, le défunt avait une personnalité singulière qui forçait le respect. « Au-delà de ses fonctions, c’est surtout l’homme qui restera dans nos cœurs : un homme d’une humilité rare, d’une pensée profonde, d’une grandeur tranquille. Il n’avait pas besoin d’éclat pour incarner l’autorité, ni de bruit pour imposer le respect. Sa sagesse éclairait sans jamais éblouir », a-t-il souligné sur sa page Facebook.

Un architecte de la gendarmerie

Principal architecte de la gendarmerie fédérale en 1978 avec son compagnon feu le capitaine Chei Allaoui, il a dirigé l’institution pendant de nombreuses années avant de devenir conseiller militaire du feu président Said Mohamed Djohar et Grand chancelier des Ordres nationaux en 1991. À la Gendarmerie fédérale, Abdourazakou Abdoulhamid a engagé de nombreux chantiers dont les plus emblématiques sont la création de la première unité d’élite de l’institution, et plus tard les escadrons et les pelotons d’intervention.


Il était au cœur de la naissance en 1987 de la fameuse ELI (Equipe légère d’intervention) qui sera remplacée plus tard par l’Escadron d’intervention de la gendarmerie nationale. Cette unité servira de réflexion pour créer la première structure de sécurité des hautes personnalités. Et plus tard, après la création de l’Armée nationale de développement (And) en 1997, le Groupe de sécurité des hautes personnalités (Gshp) dirigé aujourd’hui par son fils.


À l’époque, la gendarmerie comptait une soixantaine d’hommes. Mais, fort de son expérience, Abdourazakou Abdoulhamid mettra au point une politique de formation d’officiers qui portera ses fruits avec la création du premier groupement de la Gendarmerie dans les îles et un escadron d’intervention de « 200 hommes», permettant d’accroître les effectifs qui seront portés à « 520 gendarmes». Le commandant a été, par ailleurs, à l’origine de la création des premières décorations de la gendarmerie fédérale avant de prendre sa retraite en 1991.


Fondateur du parti politique Far (Front pour l’action républicaine), Abdourazakou Abdoulhamid se lancera en politique et sera candidat à l’élection présidentielle de 1996 avant de prendre définitivement sa retraite après un mandat de président de la Cour constitutionnelle de 2007 à 2011. «Le Lieutenant-colonel Abdourazakou Abdoulhamid a marqué l’histoire militaire et institutionnelle des Comores par une carrière de plus de 36 ans, marquée par l’engagement, la discipline et un profond sens de l’État», soutien Abdoulatuf Bacar. Le lieutenant-colonel Abdourzakou Abdoulhamid a été élevé à la dignité de Grand-croix de l’Ordre de l’Étoile d’Anjouan et de Grand-croix de l’Ordre du Croissant Vert des Comores. Il était père de 12 enfants dont cinq filles.

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