12 décembre 2020-12 décembre 2021, cela fait exactement un an jour pour jour depuis que les médias comoriens, la famille et les amis d’Ali Abdou, premier président du syndicat national des journalistes comoriens, ont appris le décès de notre collègue journaliste, Ali Abdou. Ce deuil qui a frappé de plein fouet la localité de Hadjambu ya Hamahame, le journal Al-watwan et le syndicat national des journalistes est loin d’être fait.
En effet, un an après ce drame, les circonstances ayant entrainé la mort du jeune journaliste ne sont pas connues. Entre “une mort naturelle”, telle qu’avait hâtivement (trois jours après le décès, le 15 décembre), conclue, Mohamed Abdou, chef du parquet de la République de l’époque et sa famille, sa mère surtout, qui continue à croire dur comme fer qu’Ali Abdou a été “victime d’un acte crapuleux”.
Faire ressortir les causes de ce drame
Sans accorder plus d’importance aux déclarations du chef du parquet, la mère d’Ali Abdou soutenue par le syndicat des journalistes ont demandé à ce que justice soit faite pour Ali Abdou. Pour eux, il ne faut surtout pas laisser celui qui a été à l’origine de la disparition précoce de son fils s’en sortir en toute impunité. Ayant constaté que les portes du parquet leurs sont définitivement fermées, la voie choisie pour rendre justice à Ali Abdou et ainsi faire connaitre les causes sur ce drame était de déposer une plainte avec constitution de partie civile.
Pour accompagner la famille d’Ali Abdou dans cette quête de la vérité, le syndicat se préparait à se constituer partie civile au procès. Cette plainte et cette démarche n’ont jamais abouti car bien que rédigée par Me Gérard Youssouf, la plainte n’a jamais été déposée. “Le juge a refusé de la prendre”, a déclaré Antouria Djaé, la mère. Il s’agit du doyen des juges d’instruction, étant donné qu’il s’agissait d’une plainte avec constitution de partie civile. A en croire la mère d’Ali Abdou, le doyen des juges d’instruction a voulu “connaitre le pourquoi nous nous sommes adressés auprès de lui au lieu de déposer plainte au parquet.
Nous leur avons montrés nos doutes sur l’objectivité des informations fournies par le chef du parquet car il entretient de bonnes relations avec l’autre camp que nous doutons être derrière cet acte. Après lui avoir révélé cela, il a refusé de prendre la plainte”. Selon toujours la mère d’Ali Abdou, rien n’a été fait, depuis. “Cela ne veut pas dire que la version du parquet nous a convaincus. Nous entendons beaucoup de choses, mais nous ne pouvons rien faire”. Interrogée sur la suite de cette affaire étant donné que le parquetier de l’époque n’est pas en fonction”, la mère du jeune journaliste nous a confié n’avoir pas cherché à le rencontrer. “Pour moi, ils sont tous pareils”.
La réouverture d’une enquête
“Au parquet de la République de Moroni, aucun élément pouvant conduire à une ouverture du dossier n’a été adressé”, a déclaré une source qui a requis l’anonymat.Selon toujours cette source, le nouveau chef du lieu n’a pas été approché pour une telle demande. A son tour, le nouveau président du syndicat des journalistes, a déclaré avoir rencontré le nouveau procureur de la République qui lui a demandé la fourniture d’éléments et pièces pouvant aboutir à l’ouverture du dossier.
“En dehors des coupures de journaux, la famille et nous n’avons pas d’autres éléments car même le certificat de décès établi par le médecin qui a examiné le corps n’a pas été remis à la famille”. Au sujet de cette rencontre avec le nouveau procureur de la République, Chamsoudine Said Mhadjou a confié que le peu d’éléments étant en leur possession a été remis à l’avocat. Joint au téléphone, Me Gérard Youssouf n’a pas répondu.
Rappelons que cette réaction de la mère d’Ali Abdou laisse planer “un doute confortable sur un éventuel assassinat du journaliste”, selon les thèses de nombreuses personnes. La thèse criminelle commençait à planer sur l’affaire. Elle a aussi été renforcée par les propos d’un membre du gouvernement de l’époque quelques heures après la conférence de presse du chef du parquet de la République de Moroni.
“Comment le procureur a-t-il pu conclure à une mort naturelle après juste deux jours d’enquête”, avait déclaré ce ministre très proche de la victime avec beaucoup de rage. Alors que ses collègues journalistes commençaient à demander la réouverture du dossier, une enquête du National Magazine a révélé un conflit d’héritage foncier entre la famille d’Ali Abdou et ses cousins et l’arrivée de deux frères (cousin d’Ali Abdou) depuis la France pour régler le problème.
En dehors du conflit d’héritage “qui pourrait être le mobile du crime”, selon les thèses défendues par des proches de notre collègue, National Magazine évoque “beaucoup d’éléments troublants”, tels des blessures, du sang, un œil qui sort de son orbite. “Le procureur était l’ami intime de la famille en conflit avec celle d’Ali Abdou”, indique ses proches. “Ironiquement, ces révélations du parquet ont laissé le procureur indifférent. Aucune réaction de sa part”, ont encore déploré ses proches.