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Délestages prolongés à Ngazidja et à Ndzuani I Quatre groupes en panne, dont trois livrés en février dernier

Délestages prolongés à Ngazidja et à Ndzuani I Quatre groupes en panne, dont trois livrés en février dernier

Société | -   Nazir Nazi

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Après plusieurs semaines de perturbations dans la fourniture d’électricité, le directeur général de la Sonelec a levé le voile sur les difficultés que traverse la société, tout en annonçant les mesures envisagées pour relever le défi énergétique.

 

Lors d’une conférence de presse tenue vendredi dernier au siège de la Société nationale de l’électricité des Comores (Sonelec), le directeur général, Soilahouddine Moumini, a annoncé l’arrêt de quatre groupes électrogènes, dont trois livrés en février dernier. Cette sortie médiatique fait suite à la forte dégradation de la fourniture de l’électricité ces derniers temps. Le Dg a d’abord dressé un état des lieux : une couverture de 93% à Ngazidja, 75% à Ndzuani et 100% à Mwali. Il a ensuite évoqué les événements «malheureux» subis par la société.


À Ndzuani, le turbo du groupe GE22 (livré en février) et le GE20 (un ancien groupe non révisé) sont hors service depuis le mois d’avril. À Ngazidja, ce sont les groupes GE10 et GE09, également livrés en février, qui sont tombés en panne. À cela s’ajoute la destruction de neuf transformateurs et de plusieurs équipements de commande lors des intempéries du 5 mai. «C’est une puissance de 2 MW en moins sur 6,6 MW à Ndzuani, et 4 MW de moins sur 16 MW à Ngazidja. Le bloc-moteur du GE09 (livré en février) a été totalement détruit lors de tests mécaniques menés par un expert venu inspecter le GE10. Après investigation, nous avons constaté, à l’intérieur du turbo du groupe GE22, la présence d’une bille métallique dont nous ne savons pas expliquer l’origine», a précisé le directeur. Quant au GE20, il a reconnu que sa défaillance était prévisible en raison de l’absence de révision.


Face à ces pannes survenues après seulement 1 200 et 1 900 heures de fonctionnement (au lieu des 9 000 heures prévues), le directeur général a admis que ces groupes «ne sont ni neufs ni d’occasion», avant de livrer un petit cours de génie électrique : « Ils ont lâché après 1 200 et 1 900 heures de fonctionnement, ce qui n’est pas normal. Si ce sont des groupes d’occasion ou neufs ? Alors ce n’est ni l’un ni l’autre. Ce sont des groupes reconditionnés. Un groupe neuf n’a jamais tourné, un groupe d’occasion a déjà tourné et on l’achète après un certain nombre d’heures. Un groupe reconditionné, lui, a déjà fonctionné, mais il a été entièrement révisé. Toutes les pièces sont changées, et il est remis sur le marché dans un état quasi neuf, avec une garantie de douze mois.»

«Ni l’un ni l’autre»

Suite à cette dégradation des capacités de production, la Sonelec, à Ngazidja, où la demande s’élève à 18 MW, ne peut compter que sur 10 mégawatts produits par les groupes encore en service, auxquels s’ajoutent 1 MW du solaire de Fumbuni et 2 MW du solaire de Mitsamihuli, fournis par Innovent. Pour faire face à la situation, Soilahouddine Moumini a indiqué que, les groupes étant sous garantie, des négociations sont en cours avec Tec pour le remplacement des deux moteurs défaillants à Ngazidja.


«Nous avons prévu la révision des groupes G1 et G4 au début du mois de juillet pour sécuriser la production. Nous envisageons également d’augmenter les capacités de stockage d’Innovent Nord, en passant de 10 à 20 mégawatheures début juillet. L’installation des batteries de la centrale solaire de Washili est prévue pour la fin juin », a-t-il annoncé.
À Ndzuani, le directeur a indiqué que le nouveau turbo du GE22 est attendu pour la mi-juin, tandis qu’une révision du groupe G19 est planifiée pour juillet. «Compte tenu du plan actuellement mis en œuvre, on peut espérer un retour à la normale dans l’alimentation pour la mi-juillet», a-t-il estimé.

En fin de conférence, le directeur a profité de l’occasion pour présenter le projet qui avait accompagné sa candidature à la tête de la Sonelec. «Il nous était demandé de proposer un projet lors de l’appel à candidatures. Ce que j’ai fait. Aujourd’hui, nous avons un projet de redressement de la Sonelec présenté la semaine dernière au premier conseil d’administration de la société», s’est-il réjoui. Selon lui, ce plan se décline en trois phases. La première, déjà en cours, consiste à répondre à l’urgence.


«Nous sommes dans une situation d’urgence. Les citoyens ont besoin d’électricité, et il faut que nous répondions à cette urgence. C’est cette première phase qui doit nous conduire jusqu’au début de l’année 2026», prévoit-il.La deuxième phase visera à réorganiser la société pour optimiser l’utilisation des ressources et rendre l’entreprise rentable. « Cette phase s’étendra de 2026 à 2027. Puis, en 2027, débutera une phase d’expansion. Nous irons vers de nouvelles activités, notamment dans le solaire, pour stabiliser les finances de la société, mieux gérer les investissements, sécuriser la production et renouveler le réseau», a-t-il exposé.Il a conclu en affirmant que le principal obstacle actuel de la Sonelec n’est pas un manque de volonté, mais un manque de moyens. «Et ces moyens, il faut aller les chercher», a-t-il dit.

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