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Départ programmé de Maersk I Ahmed Ali Bazi se veut rassurant et appelle au calme

Départ programmé de Maersk I Ahmed Ali Bazi se veut rassurant et appelle au calme

Société | -   A.S. Kemba

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L’annonce n’est pas une bonne nouvelle pour le pays, mais l’armateur Maersk, numéro 1 mondial, compte plier bagages le 31 mars prochain. Une décision qui fait suite à plusieurs désagréments administratifs que l’armateur juge infondés et abusifs. Depuis, patronat et Uccia tirent la sonnette d’alarme, eux qui affirment avoir alerté les autorités il y a bien longtemps sans qu’une solution ne soit trouvée pour régler le problème. Ahmed Ali Bazi, ministre des Transports maritimes et aériens, nous a reçus hier dans son bureau pour évoquer cette décision de Maersk et ce qu’il fait à son niveau pour trouver des solutions.

 

Si le ministre des Transports maritimes reconnaît l’aura et l’importance de Maersk, il assure néanmoins qu’il n’y a pas non plus de quoi s’alarmer. Pour lui, il n’y aura “pas de monopole puisque les armateurs sont nombreux. Il y a Uafl Shipping et Cma Cgm notamment”. Aussi, dans les faits “Maersk c’est 19 % du marché national.

 

Son départ, s’il venait à partir, n’est clairement pas une bonne nouvelle parce que ça reste un acteur important, mais je pense que les gens extrapolent quant aux conséquences qui pourraient en découler. Les 19 % dont Maersk dispose actuellement pourraient revenir à d’autres s’il maintient son départ”. Un discours à double sens puisque d’un côté, on reconnaît la force du géant Danois, mais d’un autre côté, on insiste sur sa part du marché au niveau national. Un avis que ni le patronat ni l’Uccia ne partagent estimant qu’un départ de Maersk serait une catastrophe.

Les raisons invoquées par l’armateur

Pour autant, Ahmed Ali Bazi déclare que des négociations sont en cours avec Maersk pour remettre les choses dans le bon ordre et rien n’est perdu pour le moment. Par contre, le ministre des transports maritimes rejette les raisons invoquées par l’armateur et parle, lui, d’argent et de bénéfices. “Ce sont des sociétés commerciales et forcément elles vont se tourner vers d’autres clients et marchés dont l’offre est importante et le flux de leurs activités très rapides.

 

Nous, nous sommes un petit marché et en ces temps de Covid-19 où les activités ont gravement été perturbé et où tout tournes au ralenti au niveau du transport maritime sur toute la planète, les grandes entreprises privilégieront, à juste titre, les plus gros marchés. Le trafic a diminué et la reprise se fait difficilement donc les sociétés privilégient les grands ports comme ceux de l’Europe et des États-Unis parce qu’encore une fois ça paie mieux et le flux est rapide et cela est fait au détriment des petits ports comme le nôtre et d’autres en Afrique”, assure le ministre des transports maritimes qui rappellera qu’en juin 2021, Cma Cgm avait publié une note annonçant qu’ils ne desserviront pas les ports de la sous-région “pour privilégier d’autres ports plus rentables pour eux”.

L’idée de création d’une compagnie régionale

Est-ce alors une fatalité ? Non, “des démarches sur plusieurs volets sont entreprises d’autres sont très avancées”, nous dit-on. À la question de savoir pourquoi on est dans la réaction et non dans les prévisions face aux problèmes, l’intéressé estime que des choses se font, mais cela prend du temps. Et sur ce propos, Ahmed Ali Bazi parlera de l’idée de création d’une compagnie régionale afin de ne “plus subir ce traitement, car on est souvent relégué au second plan et cela nous affecte”.

Dans le même temps et du fait de cette situation devenue récurrente “nous avons commandé un bateau en Indonésie d’une capacité de quarante-cinq conteneurs dans le but de nous garantir une part d’autonomie parce qu’on ne peut plus dépendre entièrement des grandes lignes maritimes qui prennent des décisions selon leurs intérêts, ce qui est normal. Le bateau est en route vers Moroni et il servira en cas de congestion comme c’était le cas en juin dernier où 1200 conteneurs étaient bloqués au port de Longoni.

 

Avec un bateau comorien, on peut facilement, avec l’accord des armateurs aller récupérer ces marchandises dans la région”, déclare le ministre des Transports maritimes qui poursuit “toujours dans cet esprit nous avons aussi engagé des négociations pour un autre bateau plus grand et d’une capacité de près de cent conteneurs”. Les négociations devraient durer un mois selon le ministre des Transports maritimes.

 


Dans le même temps, “je vais me rendre en Tanzanie la semaine prochaine où nous sommes aussi en discussions avec les autorités locales notamment celles de Zanzibar en vue d’une ligne maritime entre nos deux pays et éventuellement les Sud-africains. On en saura plus après ma rencontre avec les autorités tanzaniennes”.


Du côté des négociations avec Maersk, “ils ont fait des réclamations se plaignant d’un certain nombre de procès qui les embête, mais pour nous et avec les informations à notre disposition, je pense comme je l’ai déjà souligné que ce ne sont pas les vraies raisons qui sont invoquées. Encore une fois, ils ont une politique consistant à privilégier les grands ports et nous n’en faisons pas partie. Attention, il faut prendre au sérieux ce qu’ils ont dit et trouver des solutions, mais encore une fois, ce n’est pas la vraie cause de leur départ si départ il y a”. On apprendra que la semaine dernière, il y a eu une réunion avec le ministère de la Justice, celui des finances et le corps des magistrats pour, s’il y en a, corriger les erreurs existant dans la partie comorienne.

Au port de Mutsamudu et de Moroni

Pour Ahmed Ali Bazi, le vrai problème, ce sont les infrastructures portuaires. “Nous n’avons pas la même fluidité de travail que d’autres ports. Rien que les barges ça fait beaucoup de temps aux armateurs, mais c’est un problème que nous comptons régler”. Les concessions qui ont été données aux ports de Mutsamudu et Moroni respectivement à Asc et au Groupe Bolloré sont arrivées à terme et les prochains repreneurs “devront impérativement investir, avec le gouvernement éventuellement, sur des travaux. À Moroni, ce sera un allongement du quai pour que les grands navires puissent accoster au quai et qu’on tourne définitivement le dos aux barges, mais aussi améliorer le service pour que les bateaux soient traités plus rapidement”.

 


Le ministre rappellera qu’il y a eu “des plaintes des armateurs qui sont fondées selon lesquelles il y a un manque de prévisibilité dans les ports. Nous venons d’adopter une nouvelle réglementation d’exploitation portuaire et cela est pris en compte parce que cela contribue à la venue d’armateurs et de bateaux.

 

Nous avons des propositions de reprises, nous étudions les dossiers”. Pour ce qui est du port de Mutsamudu, “il doit y avoir un dragage puisque le courant d’eau a baissé et il y a du sable venant de la rivière à côté qui pose des problèmes aux gros-porteurs. On discute aussi pour un deuxième quai toujours à Mutsamudu pour améliorer le flux”.

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