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Désengorgement à la maison d’arrêt de Moroni I Daoukou Rachidi est passé dans les mailles du filet

Désengorgement à la maison d’arrêt de Moroni I Daoukou Rachidi est passé dans les mailles du filet

Société | -   Mariata Moussa

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Cette mise en liberté conditionnelle que vient de bénéficier l’ancien patron de la chambre de compensation a étonné plus d’un, étant donné qu’il s’agit d’un détenu condamné pour des faits de détournement de deniers publics. Daoukou Rachidi n’a toujours pas restitué les 355,050 millions détournés. Le directeur général de la Snpsf, Nadjib Dakouane, compte saisir la justice.

 

Après la décision du Conseil des ministres annonçant la mise en liberté conditionnelle pour désengorger les prisons et faire respecter les mesures barrières du Covid-19, le ministre de la Justice, Mohamed Ousseine Djamalilaili a rendu un arrêté circonstancié. Cette décision ministérielle avait livré deux précisions importantes : la libération de toute personne condamnée pour toutes les infractions sauf les crimes, les agressions sexuelles et les détournements de deniers publics et les condamnés qui ont purgé au moins la moitié de leurs peines.
Suite à cette mesure, la Maison d’arrêt de Moroni s’est soustraite de 22 de ses locataires dont le dénommé Daoukou Rachid, ancien haut cadre de la Société nationale des postes et services financiers (Snpsf). Poursuivi et condamné à 9 ans d’emprisonnement dont 6 ans fermes et d’une amende de 5 millions «pour avoir détourné 355,050 millions de francs», Daoukou Rachid était le chef du département de la chambre de compensation de la banque postale.

Aucun centime restitué

Cette mise en liberté conditionnelle qu’il vient de bénéficier a étonné plus d’un, étant donné qu’il s’agit d’une personne condamnée pour des faits de détournement de deniers publics. Interrogé sur cette décision, le procureur général a déclaré que le dénommé Daoukou a purgé une grande partie de sa peine. «Il lui restait environ deux à trois mois et en plus, cela fait longtemps qu’il n’était pas à la Maison d’arrêt, il a été emprisonné dans une clinique à Moroni», a-t-il expliqué.
Du côté de la Snpsf, cette mise en liberté est plus qu’une surprise. «Je n’étais pas au courant, je viens de l’apprendre. Toutefois, si cette information se confirme, nous allons user de toutes les voies légales pour recouvrir cet argent, car il s’agit d’une importante somme», a déclaré le directeur général. Une autre source proche du dossier a confié qu’après quelques années de détention, l’ancien patron de la chambre de compensation avait fini par «proposer un mécanisme de restitution de cet argent» en offrant un terrain au profit de la banque postale. Cette procédure n’a pas évolué, il se pourrait qu’il ait su qu’il allait bénéficier d’une mise en liberté et ainsi il a décidé de ne rien faire car au final, il allait être libre. Par conséquent, aucun centime n’a été restitué sur ce préjudice de 355,050 millions de francs.


Notons que la Snpsf est, à plusieurs reprises, victimes de faits de détournement qui ont entrainé l’évaporation des centaines de millions de francs. Depuis 2011, la banque postale a été spoliée. De 2011 à nos jours, et hormis des affaires réglées à l’amiable au sein de l’entreprise, les gros dossiers de détournement de fonds au sein de la banque postale ont entrainé, à notre connaissance, «un préjudice de plus de 750 millions de francs».
Cette manne financière est partie suite au détournement de fonds dans l’affaire de certaines receveuses au mois de juin 2011. Mariama Assoumani et Zainaba Ibrahim sont toutes les deux parties en France «avec plus de 327 million de francs». Ces fuites d’argent ont également été constatées dans d’affaire de «l’informaticien régional de la banque postale, Soilihi Ali alias Oubeid, qui a subtilisé plus de 237,477 millions». Dans l’affaire Ahmed Ben Saïd, l’ancien receveur principal a été déclaré par la justice de Moroni comme étant «coupable d’un détournement de 8 millions de francs. Et la plus inventive, Ada Boinahéri Fatima, qui a maquillé son détournement de 18 millions en hold-up».

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