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Détention du gouverneur Salami / Une manifestation pacifique oui, une insurrection armée non

Détention du gouverneur Salami / Une manifestation pacifique oui, une insurrection armée non

Société | -   Mohamed Youssouf

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Selon Me Mahamoud Ahamada, le gouverneur Salami reconnait avoir soutenu l’organisation d’une manifestation à Mutsamudu, et non derrière l’insurrection de la médina. Coupable ou responsable? L’avocat de Salami qui se réserve de donner une réponse hâtive "sans une pièce à conviction", ose espérer qu’Abdallah Mohamed, nouveau administrateur de l’île de Ndzuani, soit entendu par le juge instructeur, sachant qu’il était le secrétaire générale de Dar Nadjah. "Permettez-moi de déplorer les chefs d’inculpations annoncées dans ce dossier. S’agit-il de dossier purement juridique ou de circonstance?", s’interroge-t-il.

 

Après avoir rencontré son client samedi dernier, l’avocat du gouverneur de Ndzuani, Me Mahamoud Ahamada, a rencontré la presse, avant-hier en mi-journée dans son cabinet sis au quartier Ambassadeur, pour revenir sur la détention provisoire de Salami Abdou Salami et sur les accusations portées à son en encontre. D’emblée, le défenseur du gouverneur reviendra sur les circonstances de l’arrestation de ce dernier et ces conséquences et ce, suite à une enquête ouverte "par le gouvernement et confiée à un juge d’instruction". 

"Le 25 octobre 2018, soit dix jours après l’insurrection de la médina de Mutsamudu, le juge d’instruction a prononcé la détention provisoire de mon client. Ce n’est un secret pour personne que le gouverneur est un opposant farouche au changement de la constitution et comme tous les opposants à Ndzuani et Ngazidja, il a fallu tout mettre en place pour l’arrêter. Une arrestation qui aura conduit le gouvernement central à nommer un administrateur qu’aucune constitution ni celle de 2001 ni celle du 30 juillet n’a prévu",a accusé Mahamoud Ahamada avant d’insister sur le fait que le gouvernement "a nommé la personne qui les arrange et non celle qui arrange les textes. Cette décision sera bien entendu attaquée"

Selon toujours l’avocat au barreau de Moroni, le gouverneur de Ndzuani reconnait avoir soutenu l’organisation d’une manifestation "pacifique" à Mutsamudu et pour cela, "il a remis de l’argent à celui qui sera nommé plus tard administrateur de l’île pour assurer le transport de la population depuis les localités lointaines".Le conférencier s’étonnera de constater qu’Abdallah Mohamed est nommé administrateur,"lui qui fut secrétaire général de Dar Nadja et acteur majeur de l’organisation de la manifestation. Pour le moment, il n’est pas inquiété mais nous osons espérer qu’il sera entendu par le juge parce que ses explications permettraient de faire la lumière sur ce que le gouverneur a fait et sur ce que l’on lui prête d’avoir fait".

Mahamoud Ahamada affirme que le 15 octobre 2018 devait voir l’organisation d’une manifestation pacifique dans Mutsamudu, suivi d’un sit in à la place M’roni "pour contester contre les mesures prises par le pouvoir central. Hélas, la manifestation n’a pas pu être organisée parce que les armes ont surgi à la Médina. À partir de là, l’on a tout fait pour que Salami endosse la responsabilité". À la question de savoir où se trouve le gouverneur actuellement, il répondra "il est à Mutsamudu, détenu mais je ne sais pas s’il est en prison".Alors le gouverneur Salami, coupable ou responsable ? "Au regard des informations en ma possession, nous avons la conviction que le droit sera dit. L’on ne peut pas parler de culpabilité sans aucune pièce à conviction. Si responsabilité éventuelle devait y avoir, permettez-moi de déplorer les chefs d’inculpations annoncées dans ce dossier", devait-il répondre.

"Rendre hommage aux hommes de justice de Ndzuani"

L’avocat précisera au passage qu’il est "agréablement" surpris par la bonne organisation de la justice à Ndzuani. "Permettez-moi de rendre hommage aux hommes qui font la justice à Ndzuani. Je m’attendais au pire au vu des énormes difficultés que je rencontre à Ngazidja autour du dossier Sambi. Que ceux qui se trouvent à Moroni s’inspirent de leurs homologues de Mutsamudu parce qu’il nous serait difficile de comprendre les différences qui existent alors qu’on parle d’une seule justice. À Ndzuani, j’ai bénéficié de toutes les facilités pour m’entretenir avec mon client et cerise sur le gâteau, aucun gendarme ne s’est pointé pour écouter notre conversation", a-t-il dit non sans amertume.

S’il estime que la suite dépend de la décision du juge d’instruction au terme de son enquête et de l’interrogatoire de son client, Mahamad Ahamada a tenu, pour une fois, à évoquer son cas personnel. "Certains m’accusent de déshonorer le pays en acceptant ces gros dossiers mais je dirai que ceux qui le font, ce sont ceux qui font en sorte que je vienne déplorer leurs agissements", lâchera-t-il.

Pour finir, le conférencier estimera que l’on est dans une situation politique "ardue qui aura provoqué l’ouverture de plusieurs enquêtes. L’on se demande toutefois s’il s’agit de dossiers qui mèneront quelque part ou s’il est question de dossiers de circonstances".

Mohamed Youssouf

 

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