On se souvient tous du tumulte provoqué par cette affaire. Mi-décembre 2023, un scandale de détournement de fonds a éclaté au Sanduk de Ntsorale Ya Dimani. La première personne mise en cause a été la gérante, actuellement détenue à la maison d’arrêt de Moroni avec un autre prévenu. Depuis lors, la banque communautaire a fermé ses portes, causant des préjudices aux adhérents. C’est pourquoi le conseil d’administration du Sanduk a sollicité l’accord de l’Union régionale des Sanduk de Ngazidja (Urgc) pour rouvrir ses portes.
Après plusieurs réunions, l’approbation a finalement été obtenue. La preuve en est que mercredi dernier, la Banque centrale des Comores et l’Urgc ont rencontré les membres du Sanduk à Ntsorale pour les assurer que les activités reprendront bientôt. «Nous ne pouvons pas pénaliser la population qui n’y est pour rien. Les membres ont le droit d’accéder à leurs comptes. Le conseil a présenté ces requêtes à l’Urgc, qui les a approuvées sans réserve», a déclaré le président du conseil d’administration, Abdou Ahamada, lors d’un entretien téléphonique.
Selon ce dernier, le processus de réouverture avance de manière sereine. L’appel à candidatures pour de nouveaux agents a été lancé, et il ne reste plus qu’à former les nouvelles recrues. «Si des conditions techniques accompagnent le redémarrage des activités, elles concerneront des aspects internes relevant strictement de notre cadre de travail», a précisé le président du conseil. Abdou Ahamada a indiqué qu’à ce jour, ni la Banque centrale des Comores ni l’Union régionale des Sanduk n’ont imposé la moindre condition.
141 millions de francs
«Il nous a simplement été demandé de collaborer avec les autorités judiciaires pour faciliter l’enquête et l’exécution du jugement dès qu’il sera rendu. Deuxièmement, ils attendent de nous une implication dans le recouvrement des prêts accordés aux membres», a ajouté le président. Pour ce qui est du volet judiciaire justement, l’instruction suit son court, selon l’avocat de la partie civile, Me Mohamed Rafiou Ahamada, qui a accordé à votre journal un entretien ce samedi 6 avril. «Il y a deux suspects en détention provisoire, dont la gérante. Deux autres sont toujours en fuite. Plus de six personnes considérées comme des présumés complices se trouvent sous contrôle judiciaire. Ils ont tous été entendus à plusieurs reprises. Maintenant, nous attendons la fin de l’instruction. Contrairement à ce que les autres disent, le dossier avance à un rythme soutenu», a assuré Me Mohamed Rafiou, qui défend les intérêts du Sanduk.
A propos du préjudice causé par le détournement, les montants ont atteint les 141 millions de francs comoriens. Mais pour bien l’apprécier, la partie civile a introduit une requête auprès du juge pour demander l’autorisation de mandater un expert indépendant pour qu’il mène un audit. Le but de ce travail, déjà lancé, est d’évaluer la situation du compte du Sanduk : les coffres, l’argent liquide ainsi que les gages disponibles. Dès que le rapport sera transmis au juge, ce dernier pourra certainement avoir une idée des dégâts engendrés par le détournement. Notons que parmi les charges retenues contre les suspects, figurent le blanchiment et l’association de malfaiteurs, mais pas seulement.