Le premier versement de trente-huit millions de francs aurait été, sur un chèque signé par Abdou Ousseni et le questeur en charge des Finances, viré sur le compte de l’agence Yves Express, chargée d’organiser le voyage. De plus, il ne s’agirait pas, précise-t-il, de fonds dédiés au pèlerinage de parlementaires mais de «familles aux Comores», comme il est souligné sur la lettre adressée, le 11 juillet 2017, à Halid Zayid, président de la Commission des Finances au parlement arabe. «Je n’ai pas demandé une aide pour les députés. En aucune façon. Ce n’est d’ailleurs pas dans mes compétences. J’ai demandé une aide pour les citoyens qui m’ont élu», a-t-il tenu à préciser.
Problème de visas
Halid Zayid aurait soumis la requête à la fondation Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, dont il était membre du conseil d’administration.La fondation en question aurait par la suite versé les trente-huit millions sur le compte de l’Assemblée nationale, en vue du pèlerinage, donc, de trente citoyens comoriens. «La fondation voulait traiter directement avec moi, et non avec l’opérateur de voyage. Je n’aurais pas pu virer cet argent sur mon compte n’étant pas l’opérateur du projet mais un promoteur. J’étais là pour faciliter sa réalisation. Ils ont ainsi demandé s’il n’était pas possible à ce que la somme soit virée sur le compte de l’Assemblée. J’en ai parlé avec le président qui a donné son accord», se justifie-t-il quant à l’usage du compte de l’Assemblée nationale.
Le pèlerinage, argue Issa Soulé, n’a pas pu se faire en raison de problème de visas. Le projet, en commun accord avec la fondation concernée, aurait été remis à cette année. Il laisse entendre que les dossiers et les passeports des citoyens candidats au pèlerinage sont jusqu’à présent aux mains de l’agence Yves Express, et que le pèlerinage aura bien lieu cette année. Mais, poursuit-il, «les personnes concernées devront obligatoirement ajouter de l’argent à cause de l’augmentation des frais du hedj, ou bien, s’ils ne sont pas en mesure de le faire, on sera obligé de réduire leur nombre».
Erreur de virement
S’agissant du second versement, il s’agirait d’une erreur de «précipitation»du comptable de la fondation. Cette dernière aurait demandé la restitution des trente-huit millions. Sauf que l’Assemblée l’aurait utilisé dans le cadre de son fonctionnement. La fondation aurait alors décidé de stopper tous les projets en cours avec les Comores si la somme n’était pas remboursée.
Le député Issa soulé, «pris en tenaille»,se serait adressé directement au président de la République qui a enjoint, dans une lettre datée du 6 mars 2018, au gouverneur de la Banque centrale de virer la somme sollicitée sur le compte de la fondation Mohammed Bin Rashid Al Maktoum «au titre de retour de fonds». Cela, avance-t-il, «dans le but de préserver l’image du pays». Le fait que le gouvernement s’est mis à ponctionner la somme déboursée sur les cinquante millions mensuels de subvention dédié l’Assemblée nationale, explique les arriérés de trois mois de salaire des contractuels ainsi que le gel des frais de logement et de carburant des députés.
Le député de Bambao affirme ne s’en être pas arrêté là. Il a brandi une lettre qu’il aurait envoyée, le 28 mars 2018, au questeur en charge des Finances lui demandant «un rapport d’exécution sur les 38.278.382 Kmf, fonds de la fondation Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, virés accidentellement le 17/08/2017 dans notre compte de fonctionnement tenu à la Banque centrale des Comores et utilisés par notre institution».