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Développement local I Mandza, un développement communautaire à multiples volets

Développement local I Mandza, un développement communautaire à multiples volets

Société | -   Nazir Nazi

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Le développement à Mandza ne se limite pas sur l’assainissement des ruelles ou la construction de foyers. La localité se lance dans l’énergie durable et la couverture sanitaire des habitants. Six associations musicales sont au cœur de ces belles initiatives communautaires. Les principales ressources financières proviennent essentiellement des festivités de grands mariages.

 

Le développement communautaire à Mandza, c’est d’abord une histoire d’héritage comme nous l’a confirmé le chef du village de cette localité située dans la région de Mbude au nord de Ngazidja. «Le développement est une histoire d’héritage dans notre ville grâce à une solidarité de toutes les différentes couches sociales», a affirmé fièrement Ahamada M’madi Soilihi connu sous le pseudonyme de «Mzé Mdjagaro».
A notre arrivée, on était émerveillé par l’ensemble des ouvrages communautaires construits ou en cours de construction. Les habitants n’ont plus besoin de faire des kilomètres pour se procurer des services de base. Tout y est ou presque. «Avec l’installation des différentes institutions étatiques et structures privées, dans notre ville, il est normal que les jeunes et leurs associations accompagnent les initiatives communautaires. Heureusement que nos assises traditionnelles continuent d’appuyer financièrement ce développement local», ajoute le chef du village.

Les festivités des mariages

Les réalisations concrètes sont visibles à une petite ronde. Selon lui, le développement de Mandza est à une vitesse «grand V». En parlant d’institution étatique et de structures privées, notre interlocuteur faisait allusion à l’agence Ria, la Meck, le service d’état-civil, la maternité «et bientôt un supermarché»… De son avis, les festivités des mariages sont la principale source financière du développement local. « Au jour le jour, notre localité continue à s’ouvrir, à s’élargir au point que tout est en construction et en reconstruction», reste-t-il convaincu.
Le visiteur ne peut pas rester indifférent aux trois routes bitumées aux années 90 avec leurs innombrables nids de poules. Près de 500 mètres de long, jadis goudronnés, sont en cours de réhabilitation bien que le financement se mobilise localement. El Yachourtu Mohamed, contrôleur général de l’association musicale des jeunes de Mandza (Asmujm), a expliqué que toutes les six associations sont toujours unanimes sur les questions de développement de la ville de sorte qu’un rapport de force est au service d’un «épanouissement concret». «Nous prévoyons réhabiliter nos routes à hauteur de 66 millions de francs et nous estimons que d’ici 2021, le bétonnage de nos trois routes prendra fin, a indiqué El Yachourtu Mohamed. Selon lui, «chaque association se mobilise pour que ces trois routes soient bétonnées afin de faciliter la circulation des personnes et des automobiles et redonner l’image de notre ville».


Pour le contrôleur général d’Asmujm, tous les acteurs de la ville ont accordé leurs violons pour la réhabilitation de près de 500 mètres de route avant de se lancer vers un autre chantier. Une de ces trois routes, mesurant 400 mètres de long, est déjà achevée. A en croire El Yachourtu Mohamed, la route principale, menant de Duniani, Mandza et Helendje fera l’objet d’une activité de mobilisation de fonds courant ce mois de mars. «Au départ, nous avons voulu bétonner ou goudronner notre route principale, mais les trois localités ont décidé de mettre la main à la pate. Nous saluons cette solidarité manifestée pour le développement de notre région», s’est réjoui-t-il. La réhabilitation des routes n’est pas la seule initiative qui fait la fierté de la localité. Mandza a brillé dans la musique grâce aux talents de ses artistes comme Farid Saïd et «Maman Norbert». Et même avant le branchement au réseau électrique, la localité faisait toujours parler d’elle.

Vers une localité solaire ?

Des lampadaires solaires sont ensuite implantés dans les quatre coins de la localité. Hassani Issa, responsable dans les Hirimu (les classes d’âges), rassure que l’installation de ces réverbères est loin d’être fini. Selon lui, la localité est sur le point de basculer en une ville 100% solaire, durable. Actuellement, on y comptabilise vingt-sept lampadaires. «Tout au début, la société Netisse a gratuitement installé deux lampadaires. Et après, nous avons eu le goût en imposant à chacune des six associations d’assurer trois installations afin de réactiver ce dossier» a-t-il souligné. A entendre certains des responsables dudit dossier, seize réverbères solaires ont été récemment implantés. Le contrôleur financier de l’Asmujm a ainsi fait savoir que chaque lampadaire coûtait au début 330 mille francs et les installations ont coûté 200 mille chacun. «C’est une initiative lancée, il y a deux ans, pour éclairer nos rues et ruelles et cela contribue à faciliter la circulation», a-t-il ajouté.
Au cœur de cette localité bombée d’initiatives se cache un vaste chantier de construction, il s’agit d’un grand foyer. Les travaux de toiture, datant de 2016, ont coûté la somme de 17 millions de francs comoriens à la communauté. Tout est vitré. Ce bâtiment proprement dit mesure plus de 40 mètres de long. A en croire le contrôleur général d’Asmujm, «les travaux ont été lancé avec un fonds de départ de 52 millions de francs comoriens, mobilisés à travers des activités issues des grands mariages. Nous avons l’impression que la construction est lente, mais sûre. Tenant compte des chantiers lancés simultanément, je pense que les travaux de construction se réalisent à pas de géant», a-t-il fait remarquer.
Toiwilou Abdallah, considéré comme un des conseillers des projets de développement, a fait savoir que le foyer est composé d’une salle de danse, d’une salle de conférence, d’un studio de télévisions, d’une station radio.

Mandza Unono

Les cinq responsables présents ont évoqué l’inauguration de la grande mosquée de vendredi, intervenue fin 2019. A les en croire, cette grande mosquée a une superficie de 1350m2. «Nous avons pu mobiliser 60 millions de francs à travers toujours nos activités traditionnelles. Cette somme nous a permis de lancer les travaux», ont fait savoir ces activistes du développement de Mandza.
Entre la construction de la grande mosquée, les chantiers du foyer et des routes, Mandza met également ses moyens dans le secteur de la santé. Le conseil communautaire de la localité a accompagné la jeunesse dans la mise en place d’une mutuelle de santé couvrant les habitants sans exception. Conseiller de l’association «Mandza Unono», El Yachourtu Mohamed, insiste sur l’idée de mettre en place un fonds d’urgence permettant à tout moment de prendre en charge les premiers soins après un accident.


Selon lui, cette forme de «mutuelle» couvre toute personne vivant à Mandza pendant que les initiateurs ont préféré ne pas fixer un montant pour les contributions. «Par rapport à la gravité d’un accident, on tente d’épauler nos semblables car il est question de rester en bonne santé pour participer au développement de notre localité. Nous pouvons même participer à la reconstruction d’une habitation brûlée ou autre. Parfois, nous constatons qu’une personne est souffrante et nous intervient», détaille-t-il. Pour les ressources financières, il indique que les six associations musicales apportent 2% de leurs recettes après une activité. «A chaque grand mariage, nous recevons 50 mille francs pour la caisse de Mandza Unono. Nous pouvons mobiliser des fonds lors de la fête de l’anniversaire de cette association. C’est une leçon tirée après des accidents. Les jeunes ont compris l’importance d’une telle contribution financière», d’après Hassani Issa, responsable dans les « Hirimu ». Cette initiative accompagnée par Mandza Hafani, association de la diaspora, qui a mis une ambulance à la disposition de la localité.

Un centre culturel

Mahamoud M’madi, chargé de l’éducation et des affaires culturelles et ancien président de l’association des jeunes pour le développement de Mandza (Ajdm), évoque, à son tour, un chantier en cours pour la construction d’un centre culturel dont le financement est estimé avant les travaux à 28 millions de francs comorien. «Après le cyclone Kenneth et les dégâts occasionnés, le budget est revu à la hausse, il est passé à 32 millions de francs comoriens», fait-il savoir. Ce centre culturel va abriter une bibliothèque, une salle d’informatique et une télévision éducative. Selon lui, la diaspora a mobilisés 70% des frais prévus et les 30% proviendront des étudiants locaux.
A son tour, le chargé de l’éducation et des affaires culturelles a confié qu’à défaut d’enseignants, la ville continue d’assurer le paiement de salaires de deux enseignants au niveau de l’école primaire. «C’est en 1996 que notre localité et ses environnants ont vu de bâtiments scolaires après le projet de construction de trois salles de classe par le fonds d’appui au développement communautaire, en 1994. Après avoir constaté la multiplication des divisions, la diaspora de Mandza vient de construire les deux autres salles», a-t-il informé. Il a tenu à préciser que les cours de soutien pour les salles d’examens sont toujours au cœur du programme de développement de la ville. «Nous sommes convaincus que le développement se fait tout d’abord au niveau de nos enfants», lance-t-il.

 

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