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Développement local I Nvuuni, une cité verte aux allures de galerie d’art

Développement local I Nvuuni, une cité verte aux allures de galerie d’art

Société | -

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Après avoir “fait de Nvuuni un espace vert” voué à l’environnement, l’association locale, Mwangaza, le dédie à l’art plastique. Peintures et sculptures sur arbre et sur pierre, gravures, collags avec des matériaux divers font, désormais, partie du paysage de cette agglomération du centre de Ngazidja. Dimanche dernier, notre reporter y a effectué une visite. Guidé par le plasticien en chef des lieux, Ahmed Moussa, il en est revenu entièrement conquis.


Depuis sa création en 2012, l’association Mwangaza de Nvuuni a résolu de prendre part au destin touristique de la cette cité qui abrite l’Université des Comores et l’hôtel Karthala, entre autres. Après “avoir mené à bien” son combat pour “faire de Nvuuni une “ville verte vouée au respect de l’environnement”, elle offre à sa ville toute sorte de décors “pour la rendre encore plus attractive”. De la peinture sur arbre et sur pierre en passant par la sculpture sur pierre et le collage, Nvuuni commence à prendre de nouvelles couleurs, ce qui laisse, rarement indifférents les visiteurs et les passants.
A l’entrée de la ville se dresse un portail dit “La porte du savoir”. Avec ses onze mètres de hauteur, douze de large et soixante-dix centimètres d’épaisseur, cet édifice incarnerait “l’avenir” de Nvuni si l’on en croit l’initiateur de ce mouvement au profit du tourisme, le peintre, Ahmed Moussa. La “Porte du savoir” laisse entrevoir un homme avec des ailles et dont la tête est peinte du logo de l’Université des Comores. Pour la “touche comorienne”, le tout arbore les couleurs nationales.

“Prendre son envol”

“J’ai dessiné la maquette de ce portail en 2013, faute de financement le projet dormait dans les tiroirs. Puis, grâce au soutien de la ville, je l’ai repris sous les auspices de l’ingénieur en bâtiment, Saïd Mansoib. J’ai choisi les ailes pour dire aux Nvuuniens en particulier qui l’était temps que la ville prenne son envol vers un avenir radieux au lieu de croiser les bras et de tout attendre de l’Etat”, soutient Ahmed Moussa.
A l’est de la “cité verte”, des arbres sont peints aux couleurs et aux motifs de tissus traditionnels notamment le shiromani. Parfois, cela prend les formes d’une femme, d’animaux divers ou encore de créatures imaginaires. Cette visiteuse originaire de Ntsaweni, Amina Moegnie Bacar, admirative, trouve qu’en matière de développement local, Nvuuni est “plutôt avancée”. Elle pense que “les autres localités devraient prendre exemple sur cette ville ne serait-ce qu’au niveau de la propreté”.


Prêt du Centre de santé Karthala, sont exposées deux tortues faites à base de peinture et sculpture sur pierre. “Vu que la tortue est un animal marin, j’ai trouvé judicieux de le mettre en valeur dans une cité de l’intérieur pour rappeler l’importance de cet animal partout où nous serons. Je considère cette création comme ma pierre personnelle à l’édifice de la sensibilisation pour sa protection, la protection de l’environnement sachant que chez-nous certains n’ont pas encore suffisamment conscience de la valeur de la tortue et de sa contribution notamment au niveau du tourisme”, explique le plasticien.
Cependant, le chef-d’œuvre du peintre semble être cette sculpture d’un dragon. Pour se faire, il a fait appel à la plus ancienne technique d’art, la sculpture sur pierre. Du haut de ses huit mètres, ce dragon magnifiquement réalisé vous laisse sans mot avec sa couleur jaune et noire et entouré de fleurs de même couleur.

“Dévoués à tous”

Au pied de la créature imaginaire est écrit en lettres capitales avec du gazon le nom de la ville. Actuellement, Mwangaza affiche son envie de finir son autre chantier dit “Iles aux parfums”. Après une pause de quelques années, dimanche dernier l’association a repris le travail en commençant par débroussailler ces îles exposées sur plus de douze mètres carrés. “Notre association n’a d’yeux que pour le développement de la ville. Nous sommes ouverts à toute autre localité qui solliciterait notre soutien. Actuellement vingt associations de localités différentes souhaitent créer un partenariat avec nous. Par ailleurs, les membres de l’association ne cessent de croitre”, jubile, non sans une certaine fierté, son président, Soulé Moussa.

“Autodidacte”

A la sortie de la ville, vers Dzahani, se trouve un rond-point à la forme d’un tambour fait à base de ciment. A son sommet, trône un réchaud traditionnel avec son marmite. Cette oeuvre signifie-t-elle que Nvuuni lorgne sur la musique? A cette question, le sculpteur Ahmed Moussa choisi de ne pas répondre. Il “laisse l’imagination des uns et des autres faire son œuvre”.
“J’ai beaucoup de projets pouvant mettre encore plus en lumière le tourisme à Nvuuni et aux Comores en général. Pour la plupart d’entre eux, des maquettes sont d’ores et déjà réalisées et n’attendent qu’un financement pour devenir réalité”, assure l’artiste, un tantinet amère.
Ahmed Moussa n’a bénéficié d’aucune formation dans le domaine du jardinage. Ni au niveau de l’art plastique, “si ce n’est ce que j’ai appris auprès du peintre Ali Mroipvili alias Napalo”. Depuis, il s’est gorgé seul son chemin pour “arriver au sommet”. C’est surtout après son voyage au Brésil où il a été attiré par les décors “que je me suis juré de faire autant aux Comores”, jure-t-il. Bon vent.

Mahdawi Ben Ali

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