Il y a deux décennies c’était un petit village agricole du sud-est de Mbadjini. Désormais, cette localité a changé de visage en devenant une des villes qui comptent dans la sous-région de Pimba. Sur les origines de Nyambeni, selon le chef du village, Ali Mze Mzimba alias «Mze» Dora, ses premiers habitants sont originaires de Mtsamdu ya Washili, de Dzingarani. Mais il y a également ceux qu’on appelle Wamrawadju. «Ce sont ces tribus qui ont créé cette localité», indique-t-il tout en soulignant que le développement de cette localité est, en majeure partie, assuré par la diaspora de France.Ce serait cette diaspora qui a «lancé l’initiative de développer la localité, de changer son visage. Et depuis les années 2000, les chantiers sont entamés», poursuit-il en rendant «hommage au président Azali dont le gouvernement de son premier mandat a commencé à donner la localité de la considération, contrairement aux précédents».
«Diaspora, conrtibution capitale»
«Avec Azali, les choses ont commencé à marcher et nous avons saisi l’occasion pour développer la ville avec la construction de la route, du stade, du centre de santé. Aujourd’hui, grâce à notre diaspora de France, il y a des routes et des ruelles larges partout dans la ville», se réjouit-il en remerciant cette dernière pour ses apports financiers inlassables consentis pour développer la cité.Le chef du village a évoqué, également, la contribution importante des autorités locales et des associations féminines : «Nous destinons l’essentiel des recettes générées par les activités coutumières au développement», précise-t-il.
Nyambeni était au paravent appelé «M’mwadja ya Mbadjini». Lorsqu’il a été transféré, pour des raisons qu’on ignore, dans les collines, il a pris le nom de «Nyiwambeni», autrement dit «dans les rochers». Puis «quand les habitants de l’époque ont quitté les collines pour s’installer là où nous sommes actuellement, le nom a changé en Nyambeni», a tenu à compléter un jeune de la ville, Ali Saïd Mlanao, dit Dj Tony.
Nyambeni est une localité connue pour sa production agricole. Actuellement, elle est connue comme étant «la cité du gingembre et du curcuma». D’où l’expression «Singiziu ndjema ndeya Nyambeni» (Le bon gingembre est celui de Nyambeni). L’agglomération a enregistré beaucoup de progrès. Plusieurs chantiers sont lancés depuis les années 2000, notamment, les routes et les ruelles, la construction de salles de classe, de l’hôpital, les travaux de terrassement du stade de football, la grande mosquée du vendredi, l’électrification de la ville, puis les places publiques.
D’importants progrès
L’électrification, la cité la doit à la diaspora qui a fourni tout, ou presque, l’équipement nécessaire, selon «Mze Dora». Pour l’implantation des poteaux électriques en bois et en béton, «les jeunes de la ville ont creusé les faussées et les autorités locales ont payé entre 5.000 et 10.000 francs l’unité», précise-t-il.Pour ce qui est de l’école, au début, il y avait une salle de classe tout près de l’ancien Bangwe. Comme elle ne suffisait pas à recevoir les enfants, la ville a mis en place un projet pour construire une deuxième salle devant abriter également un Madrasa.
«Ce n’est qu’après plusieurs années que nos enfants de la diaspora nous ont demandé de trouver une place pour la construction de cinq salles de classe. Durant deux mois, plus de trente jeunes français de l’association promotrice du projet, laquelle a assuré à 100% le financement de ce dernier, ont séjourné ici et mené à bien les travaux», a indiqué Chanfi Youssouf dit Ikoto, un autre jeune de la ville, se réjouissant qu’il y ait actuellement une école digne de ce nom à Nyambeni, avec plusieurs salles de classe, «même si les travaux ne sont pas tout à fait achevés».
L’hôpital, c’est également un projet de la diaspora qui voulait contribuer à mettre fin aux difficultés des habitants de la ville en particulier et de la sous-région en général. «Au cours du projet, un Mzungu qui visitait la ville nous a aidé en construisant une citerne dans le site», raconte «Mze Dora» selon qui, un «autre bâtiment» a été construit mais pas encore terminé. «Le gouvernement a inauguré le centre, y a affecté des médecins et des infirmiers et, Dieu merci, des femmes peuvent y accoucher», s’est-il félicité.
Nyambeni et le football
Pour l’actuelle grande mosquée, «il ne s’agit pas d’un nouveau projet, même si elle a remplacé l’ancienne qui avait été construite par nos parents. D’ailleurs les jeunes d’aujourd’hui veulent construire une autre digne de notre cité actuelle», assure-t-il.Nyambeni est en outre une ville où on aime le sport, le football en particulier. Il y a trois ans, le club local, Super Sonic, a accédé à l’élite du football comorien, la première division. A en croire un des dignitaires actuels de la ville, Moussa Hamadi, cela est le résultat de la politique de la ville qui consiste à inciter les jeunes à pratiquer du sport pour, «notamment, éviter qu’ils ne soient pas séduits par d’autres hobbies qui poussent la jeunesse à la dérive».
«Pour la paix»
«Lors de la construction de la grande route, nous avons eu un accord avec les responsables de la société Egt. La localité a mis à disposition des terrains qui paraissaient convenables pour le projet et le stade a été fait. Récemment, nous l’avons clôturé pour qu’il ait les normes d’un stade de première division», a-t-il précisé.
Dj Tony a, pour sa part, ajouté que parmi les objectifs de ce stade, c’est la «consolidation de la paix» dans la sous-région, «car toutes les localités voisines disposaient de stades de foot». Alors, la ville de Nyambeni voulait à tout prix en avoir un pour éviter les conflits inter-villageois engendrés dans les stades. «Entre Nyambeni Bandamadji La Nkubwani, il n’y a même pas de frontières, de même pour Inane dont nous sommes séparés par un cimetière. Nous avons ainsi jugé nécessaire de faire ce stade pour réduire les risques d’affrontement entre jeunes de la sous-région», a-t-il expliqué.
Selon Dj Tony, ce stade a contribué à la montée de l’équipe locale dans l’élite nationale. «Nous nous félicitons de voir que l’équipe d’une petite localité comme la nôtre puisse figurer parmi les formations de haut niveau du football comorien, comme Fumbuni, Moroni, Mitsamihuli, Mitsudje, Mutsamudu, Fomboni, entre autres. C’est une fierté pour nous», s’est-il réjoui. Pour les travaux, la diaspora, là aussi, a beaucoup contribué. Moussa Hamadi a en outre rappelé que les jeunes ont donné chacun 5.000 francs «pour accompagner leurs frères et sœurs de la diaspora».
La route, un outil de développement
Revenant sur le développement local, Dj Tony s’est félicité des changements enregistrés car, se rappelle-t-il, qu’il y avait des routes peu praticables qui endommageaient les chaussures. Selon lui, plusieurs personnes évitaient de venir à Nyambeni pour ne pas abimer leurs chaussures. «Dieu merci, tout le monde a compris et a apporté sa pierre à l’édifice. Celui qui était venu ici avant les années 2000 ne reconnaitra pas notre village. Comparé de là où nous venons il y a seulement quelques années, on peut dire que les changements sont spectaculaires», s’est-il remémoré.
Les changements intervenus à en croire Mbaba Hachim sont rendus possibles grâce notamment aux routes et aux ruelles. «Cela a permis d’élargir la surface habitable» que ça soit pour construire des maisons, des places publiques ou d’autres bâtiments, tels que l’hôpital, la bibliothèque, la grande mosquée ou l’école. «L’on n’a même pas hésité de délocaliser des familles entières pour faire passer une route. Tellement, c’était indispensable pour nous, pour le développement local, pour l’agrandissement de la cité», a-t-il raconté précisant que la route menant de Simbusa jusqu’au quartier Mtsandzani est financée par le gouvernement et le reste c’est grâce à un financement local.
«La jeunesse aussi»
Comment les travaux communautaires se réalisent-ils? Le financement est local, que ça soit avec la diaspora ou le pouvoir coutumier. Ils se font avec l’aide des groupements des quartiers. On peut citer ainsi l’association Udzima qui a réalisé les travaux de la place Udzima, mais aussi ceux de la bibliothèque qui sont en construction. D’autres groupements ont la charge d’autres places publiques.
A Nyambeni, la musique occupe aussi une place de choix. Il y a plus de trois orchestres de twarabu. On peut citer Nuruzamani avec sa célèbre chanson Shiumbe, Asmug et Acg. Actuellement, Nyambeni ya Mbadjini est une agglomération désenclavée qui compte un hôpital, une école de cinq salles de classe en dur, un grand bangwe, une institution bancaire (sanduk) abritant des agences de transfert d’argent. On y trouve un stade de football avec une équipe qui a déjà évolué en D1, plusieurs places publiques bien aménagées et une bibliothèque en cours de finition. Media+ y possède une annexe pour les abonnements à la télévision.