Les retenues collinaires dont le niveau chute année après année précipitent dangereusement la fin des ressources en eau disponibles sur l’île de Ndzuani. «La ressource va manquer dans les 20 prochaines années si rien n’est fait», prédit, l’air inquiet, un ingénieur agronome de l’île de Ndzuani. Les coupures de cette ressource naturelle sont de plus en plus fréquentes à Mutsamudu.
Et pire encore dans les autres régions de l’île. Avec l’arrivée prochaine de la saison des pluies et comme très souvent maintenant, la Sonede n’exclut pas des privations quotidiennes pour permettre de garder ou filtrer un minimum de ressources disponibles. Il se passe plusieurs heures sans qu’aucune goutte d’eau ne coule des robinets. L’eau de pluie reste le dérivé de l’eau consommée par une grande partie de la population.
Avec le dérèglement climatique, la pluie se fait rare. Et quand les stocks sont vides, la population a tendance à se tourner vers l’utilisation et la consommation d’eau de pluie. «La Sonede doit avoir un programme de distribution d’eau. Pendant les saisons de pluies, elle peut conserver de l’eau dissoute pendant un temps et l’exploiter. L’eau de pluie peut être utilisée pour la lessive, le nettoyage des sols ou de véhicules, car elle n’est pas filtrée naturellement. Conservée jusqu’à 4 jours, il y a déjà des signes de modification de l’eau», explique Chaanbani Bastoine, météorologue.
Plus de sources d’eau dans 20 ans ?
Un ingénieur prédit un manque de sources d’eau à Ndzuani d’ici vingt ans. «Lorsque j’avais 6 ans, dans l’île, nous avions 47 rivières. Aujourd’hui, il n’en reste que 13 cours d’eau. Il est triste de savoir que dans 18 ou 20 ans au grand maximum, la population de l’île n’aura plus de sources d’eau. Nous n’avons pas pu entretenir cette ressource. Nous avons coupé les arbres en grande quantité avec des machines. Entre temps, nous ne plantons pas. L’intérêt, c’est de veiller à ce que le débit que nous avons ne diminue pas. Et voir après comment faire pour l’augmenter», fait-il savoir.
Avec une trentaine d’années d’expérience dans le domaine de l’agronomie, Cet ingénieur travaille sur un document qui «pourrait» être la solution à la problématique de l’eau sur l’île. «Maji Kinadza», c’est le nom de son projet écrit en manuscrit. «J’ai travaillé sur un livre qui peut sauver l’or blanc de l’île. Ce livre est mon bien le plus précieux. Je l’ai travaillé pendant 15 ans. Je l’ai présenté au Pnud et au ministère de l’Environnement. J’ai eu peur, car on a essayé de voler mon travail. L’idée est de faire une ceinture de forêt. Il faudrait au total 12 ans de travail pour arriver à l’objectif. J’ai fait une sélection d’arbres à planter sur le littoral, les abords des rivières et dans la forêt», explique-t-il brièvement.
Par Ahmed Zaidou (stagiaire)