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Elargissement fiscal de la Tc I Une probable «augmentation» des prix des matériaux de construction

Elargissement fiscal de la Tc I Une probable «augmentation» des prix des matériaux de construction

Société | -   Abdou Moustoifa

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L’Etat a informé les commerçants qu’il comptait étendre la taxe sur la consommation à d’autres produits jusque-là exemptés, notamment le ciment, qui risque de coûter plus cher. Les opérateurs économiques ont sollicité un moratoire de trois mois, le temps de sensibiliser la population. Ils attendent toujours la réponse du gouvernement.

 

Faut-il s’attendre à une hausse des prix des matériaux de construction plus qu’ils ne le sont déjà ? Le scénario n’est pas à exclure depuis que l’Etat a annoncé vouloir taxer ces produits. D’après certains acteurs économiques, il y a de fortes chances que le citoyen ressente lui aussi les répercussions. La raison ? Il y a trois mois, les opérateurs spécialisés dans l’importation des matériaux de construction ont reçu des courriers de la direction générale des impôts (Dgi). Dans ces lettres, on les informe que d’ici le 15 mai, ils doivent verser la taxe sur la consommation(Tc). Pourtant, le ciment, le fer et les planches en étaient jusqu’ici exemptés. « Conformément aux articles 149, 150 et 151 du code général des impôts, vous êtes tenus de déclarer et payer la taxe sur la consommation (Tc) sur le ciment, les planches, les fers ...... etc à partir des activités réalisées au mois d’avril. En cas de non-respect, vous vous exposez à de lourdes pénalités qui seront recouvrées avant de vous acquitter de tout droit vous concernant », somme un courrier envoyé à l’un des opérateurs du secteur, et auquel Al-watwan a eu accès. La direction générale des impôts n’a par contre pas donné de détails sur le taux de pourcentage qui sera appliqué.

Plus de 100 000 fr la tonne…

Il faut noter que si la mesure entrait en vigueur, ses impacts ne tarderaient pas à se faire ressentir jusqu’au portefeuille du consommateur, déjà fragilisé par une inflation galopante. « Moi, on me donne la tonne à 85 000 francs. En incluant une Tc de 10%, le prix grimpera à 93 500 francs. Automatiquement, nous ne livrerons plus à 100 000 francs dans les régions éloignées de la capitale. La population doit malheureusement supporter les nouvelles charges», s’est défendu un distributeur.


La hausse n’épargnera pas non plus le fer, encore moins les planches. Opposés dès le début à cette nouvelle taxe, les commerçants et les distributeurs de matériaux de construction ont même créé un collectif pour tenter de faire entendre raison aux autorités. Parmi les entreprises composant ce groupement, on y retrouve Kashish & Compagnie, Said Hassane Fils, Cementis Comores, Batipro & Co, Super A, Magasin Kamal, Groupe Hasoil, Magasin Said Abdou, Tpc Ibrahim Mze et Magasin Said Omar. L’association s’est entretenue avec la Dgi et le porte-parole du gouvernementdans l’espoir de trouver un terrain d’entente. Mais ayant constaté que rien ne semble infléchir l’État, le collectif a pris l’initiative d’écrire au patron des impôts. Dans ce courrier que nous avons consulté, les opérateurs, visiblement résolus à s’y conformer, formulent des propositions.


«L’augmentation des prix du ciment, des planches, des fers et autres produits concernés portera un coup au panier des ménages, et la responsabilité nous en sera attribuée. Pour cette raison, nous vous sollicitions de ne pas aller au-delà de 3% en tenant compte de la place qu’occupe le budget de construction dans les dépenses des ménages ainsi que du pouvoir d’achat qui ne cesse de baisser», recommandent, dans un premier temps, les commerçants, dans leur lettre datant du 3 mai.

Moratoire de trois mois

Les 10 entreprises signataires plaident par ailleurs pour l’instauration d’un moratoire de trois mois. Le temps de « sensibiliser la population sur ce droit civique, ainsi que sur ses impacts financiers», disent-ils. «Nous sommes prêts à prendre part à cette campagne de sensibilisation et de communication pour mieux informer les citoyens», rassure le collectif.La dernière doléance adressée au patron des impôts concerne le dispositif de ponction. «Cette taxe doit être prélevée à la source pour éviter la concurrence déloyale. Cela va certainement sécuriser et élargir votre recette. Tout importateur de ces produits ne pourra s’y soustraire. Sinon, le non-respect de ce point essentiel, chargera un poids lourd fiscal aux opérateurs économiques formels au profit des informels», préviennent les importateurs de matériaux de construction.
Jusqu’à présent, la direction générale des impôts n’a pas répondu au courrier, alors que le dernier délai pour le versement de la Tc était fixé au 15 mai, (hier).

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