Une mission dépêchée par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a séjourné à Moroni du 27 au 31 octobre dernier. C’est la première fois depuis la publication du calendrier des prochaines élections législatives et communales qu’une telle délégation de haut niveau se rend aux Comores pour s’informer du processus électoral déjà lancé.Selon l’ambassade de France aux Comores, cette visite est un prolongement des rencontres régulières des deux chefs d’État, Azali Assoumani et Emmanuel Macron. A cette occasion, l’équipe conduite par le sous-directeur Afrique australe et Océan indien au Quai d’Orsay, M. Alexandre Olemdo, s’est entretenue avec des représentants comoriens.
A l’approche des législatives, les diplomates français ont profité de leur présence à Moroni pour échanger avec une partie des groupements des partis de opposition, qui, d’ailleurs, a publié le 1er novembre un communiqué sur ce sujet. Les discussions ont porté sur deux points, selon le rapport de la rencontre. D’abord, le rôle économique et les perspectives d’investissements de la diaspora comorienne dans le pays, puis les prochaines élections législatives et communales. Sur le second sujet, l’Opposition unie des Comores (nouvelle alliance de partis de l’opposition qui représente une partie des groupements opposés au régime) a exprimé ses inquiétudes quant à la volonté pour le pouvoir en place de vouloir tenir un scrutin transparent.
Collège électoral
La délégation des opposants au régime dit avoir exprimé à la délégation française son scepticisme et son inquiétude «quant à l’organisation des scrutins crédible, inclusive et rassurante qui reste un facteur indispensable pour un climat apaisé », selon un communiqué signé uniquement par l’Opposition unie des Comores. «La partie comorienne, dans sa défense pour le respect des textes régissant la tenue d’élections qui fut complètement ignoré par le colonel Azali Assoumani dans son décret de convocation du corps électoral, a remis deux propositions demandant à la partie française, de les soumettre au chef de l’État», a encore indiqué le communiqué. La première exigence de l’opposition comorienne est la révocation du décret portant convocation du collège électoral, en date du 12 octobre.
Les opposants ont fait part à la délégation du ministère français des Affaires étrangères d’une seconde doléance, notamment la tenue dans l’urgence d’un dialogue national, « réclamé aussi par la communauté internationale ».Le lendemain, les délégués de « l’opposition unie des Comores » ont poursuivi les rencontres. Sous la houlette du coordonnateur du Système des Nations unies, ils ont échangé avec de nombreux pays à l’instar de l’Afrique du Sud, du Maroc, des Etats-Unis pour ne citer que ceux-là. A l’issue de cette entrevue, elle a désigné le Coordonnateur médiateur principal pour porter ses revendications auprès du chef de l’Etat pour que «puissent s’organiser des élections crédibles, démocratiques, inclusives et transparentes ». Il faut noter que cette rencontre du 30 octobre avec la mission du Quai d’Orsay est intervenue cinq jours après la publication par l’opposition d’une série de conditions avant la tenue du double scrutin de janvier 2025.
Recomposition de la Céni
Parmi elles, figurent la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) et de ses démembrements, la nomination de nouveaux juges électoraux indépendants, avec une répartition équitable, mais aussi la libre consultation de la liste électorale par la société civile, les partis, les groupements politiques et les candidats, avec possibilité de faire des recours pour d’éventuels amendements.Selon l’ambassade de France aux Comores, la délégation avait également été reçue par différentes autorités du pays, dont le directeur de cabinet du président de l’Union des Comores, le ministre de l’Intérieur, le secrétaire général du gouvernement et le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, qui représentait le chef de la diplomatie comorienne en déplacement. «Ces entretiens ont permis d’aborder des sujets d’intérêts communs dont la sauvegarde des vies humaines en mer, Mayotte et la coopération régionale», a ajouté la chancellerie.