Samedi 12 mars, au service d’encaissement des factures de la clientèle de la Sonelec (Société nationale de l’électricité aux Comores) à Mutsamudu, une brouille éclate entre un client et une des guichetières. Le premier est arrivé avec la carte à puce de son compteur à prépaiement pour la recharger, mais la seconde la lui retourne quelques instants après en lui annonçant qu’elle était “grillée”. Autrement dit, la carte est abîmée, elle n’est plus utilisable. Le client ne comprend pas, et tient pour responsable de l’incident la guichetière. Un vif échange de propos désobligeants s’ensuit, s’en mêlent d’autres agents de la société, le client finit par s’en aller.
La durée de vie des anciens compteurs
Des cartes de compteurs qui “grillent” et des clients à bout de nerfs, il y en a de plus en plus ces derniers temps à la Sonelec-Anjouan. Et une fois la carte grillée, le client devra ni plus ni moins acheter un nouveau compteur, d’un autre modèle plus récent. Mohamed Anli, responsable du laboratoire de la Sonelec à Ndzuani, refuse toutefois d’admettre que sa société “veut imposer de nouveaux compteurs aux clients”, et tente de persuader ces derniers que leurs compteurs ont tout simplement fait leur temps et devront nécessairement être remplacés.
“Ce n’est pas vrai, nous ne forçons pas nos clients à changer de compteurs. Certains des anciens compteurs à cartes présentent des anomalies : les cartes grillent. Après étude nous avons remarqué que ce sont les lecteurs de ces compteurs qui ont un problème. Mais nous avons aussi constaté que la durée de vie de ces compteurs a été de 15 ans, et elle est dépassée. Il y en a toutefois qui continuent de fonctionner, ceux-là ne seront pas remplacés”, explique-t-il.
Ces “anciens compteurs à cartes périmés” dont il est question ici ont été en effet fournis gratuitement à partir de 2006, dans un contexte de tension entre la société (à l’époque c’était Electricité d’Anjouan) et les clients, qui n’en voulaient pas. Aujourd’hui, ces derniers sont d’autant plus contrariés qu’ils devront débourser la bagatelle la somme de 90 000 francs pour acquérir de nouveaux compteurs, toujours à prépaiement, mais présentés par la société comme “intelligents et beaucoup plus performants”.
Et pour leur faire avaler la pilule, la Sonelec annonce aussi que leur paiement se fera par tranches, et que les compteurs défaillants seront “brûlés en présence des clients”, pour éviter tout soupçon de reconditionnement par la société en de les vendre.
Il faut dire que ce langage ne rassure pas tout le monde, y compris les employés de la société eux-mêmes. Mercredi 16 mars, un agent de la Sonelec -Anjouan nous confiait, sous anonymat : “Je pense que le but final de notre société est de remplacer tous ces compteurs, car déjà on ne commande plus ni ces cartes ni ces pièces. Et je pense aussi que cette garantie de paiement par tranches ne tiendra pas longtemps. Ils [les dirigeants de la société] finiront sûrement par dire aux clients de compléter leur paiement d’un seul coup avant d’être autorisés à recharger leurs cartes”.