La crise énergétique atteint des sommets en ce moment. Certains n’hésitent pas à parler de black-out. Au siège du journal, toute la journée du jeudi, l’électricité était inexistante. L’entreprise dispose heureusement, depuis peu, d’une source d’énergie alternative 24h/24h qui permet aux employés de travailler sans soucis. Certaines zones sont plus affectées que d’autres. Bahirat Abdoulkarim possède une laverie dans le quartier de Mbuzini. «Depuis le mois de décembre, je ne travaille quasiment plus», assure-t-elle. «Avant, j’acceptais les habits des clients et je lavais en fonction du retour du courant. Là maintenant, je ne le fais même plus», regrette-t-elle.
«La situation est intenable»
Elle se souvient, amère, du record de délestage enregistré dans ce quartier de Moroni. «Nous avons passé 72 heures dans le noir, dans la première dizaine du mois de janvier», se remémore-t-elle.Kamlati Djabir s’est spécialisée dans la transformation agro-alimentaire. Son unité de production située dans les hauteurs à Moroni, à Sahara, est quasiment à l’arrêt. « Nous avons redémarré nos activités en août 2024. Nous devons sécher les fruits pour pouvoir les utiliser, nous avons besoin d’un déshydrateur qui fonctionne à l’énergie électrique», explique-t-elle. Pour des résultats probants, «le déshydrateur doit fonctionner sans discontinuer durant une certaine durée, ce qui est pratiquement impossible en ce moment », raconte celle qui a dû jeter des produits gâtés à cause des problèmes de la Sonelec. Pour sauver ce qui peut l’être, elle cherche désormais un local dans une zone pas trop impactée afin de poser ses machines.
«La situation est intenable», embraye Hamidou Mhoma, gérant de l’imprimerie Graphica. Son entreprise est située au sud de la capitale, à la lisière de Mde, l’une des zones qui subit le plus le black-out. «J’ai proposé à la direction de la Sonelec d’élaborer un planning de distribution et d’alterner les coupures au lieu de sacrifier des zones entières parce que plus délestées que d’autres », explique-t-il.Une demande qui est restée lettre morte. «J’ai des maux d’estomac, j’ai peur de devoir fermer mon entreprise, je la vois péricliter. J’ai un loyer à payer ainsi que des salariés. Je n’ai pas d’électricité entre 6 heures et 18 heures au moins», dénonce-t-il. Le pire, c’est de ne pas savoir, assure-t-il. «Ça fait un mois que ça dure. L’on nous parle du ramadan mais à ce rythme combien d’entreprises vont disparaitre jusque-là», s’interroge ce membre influent du patronat. «Dans d’autres pays, le principal indicateur c’est le nombre d’heures de coupure par an, ici c’est plutôt l’inverse», déplore celui qui dit ne pas comprendre «que la société en charge de fournir le courant puisse réviser des moteurs sans prévoir des groupes de secours ?». Hamidou Mhoma espère « un accompagnement de l’État », tout en se demandant si ce n’est pas un vœu pieux.