Depuis trois mois, la Société nationale d’électricité des Comores (Sonelec) a lancé une vaste opération de remplacement des anciens compteurs à disque et à carte par de nouveaux compteurs intelligents Sts, dans le cadre d’un projet de modernisation du réseau électrique national. Cependant, cette initiative soulève déjà des inquiétudes chez certains usagers, qui dénoncent une consommation d’électricité anormalement rapide depuis l’installation de ces nouveaux dispositifs. «Je ne comprends pas ces compteurs : j’y ai mis 10 000 francs il y a quelques jours, et voilà qu’il n’en reste plus !», s’indigne une résidente de Moroni. D’autres clients expriment des réserves similaires, redoutant une surfacturation ou une imprécision des chiffres affichés.
Interrogé à ce sujet, Mahamoud Sultan, chargé de communication à la Sonelec, réfute ces accusations : «Les anciens compteurs fonctionnaient souvent de manière erratique, notamment à cause des délestages prolongés. Une consommation destinée à un mois pouvait s’étaler sur trois à cinq mois sans que le compteur tourne normalement. Aujourd’hui, avec une fourniture énergétique disponible 24h/24, la consommation réelle est enfin mesurée avec précision». Il assure également que les nouveaux compteurs Sts respectent les normes internationales et que leur fiabilité est garantie. «Nous disposons d’un laboratoire certifié et de techniciens formés pour répondre aux attentes de la population», affirme-t-il.
Ce programme s’inscrit dans une stratégie gouvernementale visant à améliorer la qualité et l’efficacité du système électrique national. Financé à hauteur de 43 millions de dollars par la Banque mondiale, ce projet global inclut également la mise en service de plusieurs centrales solaires (à Fumbuni, Mitsamihuli et Washili-Dimani), et prévoit l’installation de nouvelles unités sur chaque île de l’archipel.
Le remplacement des compteurs, en parallèle, vise à équiper les foyers comoriens de « dispositifs plus modernes et performants ». Ces compteurs Sts, selon la Sonelec, permettent non seulement de synchroniser toutes les données dans une plateforme centralisée, mais aussi de faciliter le contrôle individuel de la consommation grâce à un système de prépaiement numérique. Les rechargements peuvent désormais s’effectuer à distance via les applications Holo, Nvola ou Huri Money.
Des obstacles logistiques
Malgré cette ambition, le rythme de déploiement reste en deçà des prévisions. En théorie, 400 compteurs devraient être installés chaque jour, mais seules 200 installations sont actuellement réalisées quotidiennement. La Sonelec évoque plusieurs obstacles : des «maisons fermées ou inaccessibles», des «absences de propriétaires», ainsi que les «pluies persistantes». Dix équipes, composées de neuf agents chacune, sont mobilisées pour couvrir l’île de Ngazidja.
En parallèle, l’opération se poursuit également à Mwali et à Ndzuani, avec l’objectif de couvrir l’ensemble du territoire national d’ici les douze prochains mois. Disons enfin que si la modernisation du réseau électrique peut être saluée comme une étape incontournable vers un service plus fiable, comme le veulent ses promoteurs, les autorités devront néanmoins redoubler d’efforts pour convaincre les usagers de la transparence et de la fiabilité de ces nouveaux compteurs.
