logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Encore une fois… I Mayotte, s’il n’y avait pas l’occupation française…*

Encore une fois… I Mayotte, s’il n’y avait pas l’occupation française…*

Société | -   Hassane Moindjié

image article une
S’il n’y avait pas la présence illégale de la France, il n’y aurait pas à l’assemblée générale des Nations unies, la nécessité de condamner des dizaines de fois le même pays parce qu’il viole le droit international et, depuis près d’un demi-siècle, fait fi de la volonté unanime des Nations et des peuples de s’inscrire dans la nécessité historique de tourner, définitivement, la page de l’idéologie barbare du colonialisme.

 

S’il n’y avait pas la présence illégale de la France, il n’y aurait pas, sur l’île comorienne de Mayotte, des milliers d’enfants de la rue comme il n’y en a pas à Ndzuani, à Mwali et à Ngazidja.S’il n’y avait pas la présence illégale de la France, il n’y aurait pas une insécurité record comme il n’y en a pas à Ngazidja, à Ndzuani et à Mwali.


S’il n’y avait pas la présence illégale de la France, il n’y aurait pas sur l’île comorienne des jeunes et des familles désespérées parce que des Français sont venus prendre l’argent “destinés” au “101ème département français”, acheter des terres et repartir tranquillement habiter chez eux – en France pour de vrai – comme il n’y en a pas à Ngazidja, à Ndzuani et à Mwali. Il n’y aurait pas, sur l’île comorienne, des familles désespérées parce qu’elles se trouvent expropriées des terres héritées de leurs ancêtres pour des lois qu’elles ne comprennent pas.


Il n’y aurait pas sur l’île comorienne des jeunes prêts à voler, à humilier d’autres jeunes, des mamans prêtes à humilier d’autres mamans, tous et toutes Comoriens et Comoriennes comme eux et comme elles, parce qu’elles (ils) seraient venus habiter sur “leur” île, comme il n’y en a pas à Mwali, à Ngazidja et à Ndzuani.

Progressiste et colonialiste, autorité et traitre à sa Nation

S’il n’y avait pas la présence illégale de la France, il n’y aurait pas, annuellement, entre Ndzuani et Mayotte – sur un territoire marin du seul et même pays – des milliers de personnes mortes noyées tout simplement parce qu’elles voulaient se rendre en paix d’un point à un autre de leur pays.S’il n’y avait pas la présence illégale de la France il n’y aurait jamais eu un parlement – donc des représentants d’un peuple – qui aurait voté des lois pour autoriser leur gouvernement et leur armée à aller s’installer dans un pays étranger en violation flagrante du droit international aux dépens d’une autre Nation.


Il n’y aurait pas eu la nécessité pour un «Pays des droits de l’Homme» de violer si brutalement le droit international, de lui chercher des particularismes aussi ubuesques les unes que les autres, juste pour violer le plus basique du droit d’un autre peuple. Il n’y aurait pas eu la nécessité – pour l’Etat d’un des pays et pour un des peuples les plus à la pointe des droits de l’homme et des libertés, qui se sont battus, comme rarement dans son histoire et dans l’Histoire, contre une occupation pour rester soi-même – de tout faire pour qu’un autre peuple rejette, nie, abhorre tout ce qui le fonde : ses origines, sa mémoire, sa géographie, sa Culture, ses libertés, son histoire et les siens.


S’il n’y avait pas la présence illégale de la France à Mayotte, il n’y aurait pas eu une Union européenne «grande défenseuse des libertés et des droits» des «femmes» en Iran, des «dissidents» et des «minorités religieuses» en Chine, des «minorités religieuses» en Birmanie, des Chrétiens du Liban, des Lgbt des pays musulmans et des Ukrainiens du Donbass, qui soutienne, à midi, dans la clairière et sous le soleil, l’annexion d’une partie du territoire d’un pays d’autrui, tout en cherchant à condamner un autre qui «annexe» un autre territoire d’autrui, et de faire sien ce territoire à la manière de l’arrogance de grande puissance.


S’il n’y avait pas la présence illégale de la France, il n’y aurait pas eu, au pays de Jean Jaurès, de Jean Moulin, de Jean-Paul Lecoq, etc., de leaders politiques à la fois socialistes et progressistes et… favorables à la perpétuation du colonialisme sur un territoire d’autrui comme on l’a vu avec François Mitterrand et, comme on le voit aujourd’hui encore, avec Jean-Luc Mélanchon.


S’il n’y avait pas la présence illégale de la France, il n’y aurait pas à l’assemblée générale des Nations unies, la nécessité de condamner un pays parce qu’il viole le droit international et ne veut pas se plier à la volonté du concert des Nations des décennies durant.


S’il n’y avait pas la présence illégale de la France sur l’île comorienne, il n’y aurait pas de leaders politiques et des autorités d’Etat comoriens traitres à leur Nation car travaillant activement pour l’intérêt de leur «ancienne» puissance coloniale aux dépens de leur propre pays. Il n’y aurait pas eu la nécessité d’envoyer des mercenaires pour venir déstabiliser un pays, l’humilier comme jamais cela ne s’est vu dans l’histoire moderne et ternir gravement et pour des décennies l’image de son peuple.

Et tout le monde serait rentré à la maison

S’il n’y avait pas l’occupation illégale de la France, l’Histoire, la Terre, les Nations et les peuples, auraient pu se targuer d’avoir tiré un trait, un certain 6 juillet 1975, à l’une des deux idéologies, avec l’esclavage, la plus barbare et la plus raciste de l’histoire qu’est le colonialisme.


S’il n’y avait pas la présence illégale de la France sur l’île comorienne de Mayotte, il n’y aurait pas de bobos ni à “Maore na Ndzuwani, Mwali na Ngazidja” ni, encore moins, entre la France et les Comores, et tout le monde serait, donc, rentré tranquillement à la maison.

*Revue et corrigée d’une première version parue en mars 2018 à Alwatwan (Comores) et au Courrier internationale (extraits), (France)

Commentaires