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Energie photovoltaïque I La centrale de Pomoni n’a toujours pas tenu ses promesses

Energie photovoltaïque I La centrale de Pomoni n’a toujours pas tenu ses promesses

Société | -   Sardou Moussa

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Le gouvernement vient d’inaugurer la centrale photovoltaïque de Dahu, à Fumbuni, au sud de Ngazidja. A cette occasion, le gouvernement a annoncé la construction prochaine d’autres centrales sur l’ensemble du territoire national qui seront financés par la Banque mondiale et le fond Abu Dhabi. L’Etat comorien prévoit que l’ensemble de ces réalisations pourraient totaliser 27 mégawatts, de quoi «rapprocher le pays de l’objectif de 33 mégawatts prévus dans le Plan Comores Emergent à l’horizon 2030».

 

Le « mix-énergétique » est, pour rappel, déjà expérimenté à Ndzuani depuis un an. Une centrale photovoltaïque est implantée entre Lingoni et Nindri, dans la sous-région de Pomoni. Jusqu’à présent, l’île vit pourtant toujours au rythme des longues coupures intempestives et des délestages programmés, lesquels affectent surtout les régions rurales, et plus particulièrement celles de Domoni et Nyumakele. Pourtant, si l’on se fie aux annonces officielles qui ont été faites au sujet de cette centrale, les citoyens de l’île devaient en finir avec ces difficultés, une fois celle-ci devenue opérationnelle.


Lors du lancement des travaux de construction de cette centrale, en 2019, le groupe Vigor International, investisseur initial dans ce projet, avait annoncé que la centrale aurait une capacité de 7 mégawatts. Ce qui est alors supérieur aux besoins de l’île, estimés par l’actuelle direction régionale de la Sonelec (Société nationale de l’électricité) à 6,6 mégawatts. Mais ce chiffre a été rapidement revu à la baisse : en juin 2020, le site internet de la présidence de la République indiquait que celle-ci serait finalement de 3,5 mégas.

Une capacité de 7 puis de 3,5 megawatts

Aujourd’hui, la production réelle de cette centrale atteindrait à peine 1,5 mégawatt. Mais à en croire une source interne, la raison n’est pas forcément imputable à celle-ci. «A vrai dire, la centrale peut produire les 3 mégawatts prévus, si l’ensoleillement est bon, mais là tout n’est pas réglé : cette énergie doit être injectée dans le réseau de la Sonelec, et celui-ci est défaillant, donc il y a beaucoup de pertes après», nous a-t-il expliqué.


Mais le problème de cette centrale n’est pas seulement sa capacité de production : il se pose aussi en termes de synchronisation et de stockage de l’énergie. Pour que l’électricité produite à Pomoni puisse être injectée dans le réseau de la Sonelec, il faut déjà qu’il y ait de l’électricité dans ce réseau. Autrement dit, les deux centrales doivent fonctionner simultanément. De même, la centrale photovoltaïque de Pomoni ne stocke pas l’énergie qu’elle produit pendant la journée : une fois le soleil disparu, la centrale est éteinte.


Or ce problème, les autorités nationales disent l’avoir résolu avec les projets des centrales de Fumbuni et de Mitsamihuli (qui doit bientôt démarrer), en concluant avec la société française Innovent «l’avenant N°2», lequel doit «permettre à la Sonelec d’éviter de faire fonctionner un groupe électrogène de manière continue afin de lui servir de réserve tournante», d’une part, et d’autre part d’ «augmenter sa capacité de stockage à travers l’achat de batteries».


C’est sans doute ce qu’il conviendrait de faire aussi avec la société Engie Electro power systems (Eps), qui a repris la centrale de Pomoni des mains de Vigor. Il faut rappeler que la centrale photovoltaïque de Pomoni est un investissement privé estimé à 15 millions d’euros (plus de 7 milliards de francs comoriens), qu’Engie power systems entend amortir en dix ans. Mais pour l’heure, d’après une source crédible, le ministère de l’Energie est surtout préoccupée à renégocier à la baisse le contrat de vente de l’énergie qui lie cette dernière à la Sonelec.


Engie vendrait le kilowatt d’énergie produite dans sa centrale aux alentour de 105 francs, et la Sonelec la revend à son tour à ses abonnés à 198 francs, soit une marge bénéficiaire de presque cent pour cent. Mais la Sonelec et le ministère de l’Energie trouveraient cette marge toujours insuffisante.

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