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Energies renouvelables : Atteindre les 55% en 2030

Energies renouvelables : Atteindre les 55% en 2030

Société | -   Nazir Nazi

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Les énergies propres commencent à prendre place aux Comores. Surtout que ces dernières années, le pays a connu pas mal de délestages prolongés. Certes, parle-t-on d’une stabilité énergétique grâce à la nouvelle centrale électrique de la Ma-mwe, mais le gouvernement comorien entend se lancer dans les énergies renouvelables. Sachant que la population comorienne dépend à 90% de l’énergie fossile.

 

Considérée aux Comores comme une solution efficace dans certaines régions, l’énergie renouvelable continue sûrement mais lentement sa percée ici.
Dans la capitale du nord, Mitsamihuli,  par exemple : son hôpital tourne à l’énergie verte. Un hôpital qui assure la santé de près de 20 mille personnes de la région et près de 8 mille de la ville.

Ses 87 lits sont éclairés 24h/24  avec une énergie propre, et ce après l’installation il y a six mois d’une mini centrale solaire équipée de 72 panneaux photovoltaïques et de 24 batteries.
Toutefois, les appareils du service de radiologie, du bloc opératoire, de la stérilisation et les climatiseurs sont assurés par la Ma-mwe ou le groupe électrogène.”Avant, on était obligé de payer le gazole pour le groupe”, se souvient le directeur général de l’hôpital pôle de Mitsamihuli, Azadinou Bacar.

Soit 40 mille francs pour les 80 litres.Quand la machine était en panne, les patients utilisaient des bougies pour éclairer leurs chambres. Au service de la maternité, quatre autres panneaux solaires ont été déjà installés avant les 72 autres. Sous les cris des nouveau-nés, Laïla Himidi, major dudit service, confie qu’avant l’installation du solaire, “Il était pénible de réanimer les bébés au point qu’ils étaient évacués à Moroni. Nous avons malheureusement perdu deux à trois enfants faute d’électricité”.
Ce n’est pas seulement à l’hôpital que l’on se sert des énergies renouvelables.


2 à 3 bébés décédés

Au centre-ville de Mitsamiouli, une vingtaine de poteaux équipés de petits panneaux solaires assurent l’éclairage public. Ils sont implantés tous les 50 mètres par des associations, entreprises, des particuliers à raison de 400 mille francs, soit 800 euros. “Des vendeurs de brochettes en profitent bien mais pas qu’eux. La lumière assure avant  tout une certaine sécurité pendant la nuit”, témoigne Soilihi Mhadjou, boutiquier de la place.

A un kilomètre de la mairie, l’école primaire publique Magaza accueille aujourd’hui 500 élèves. Electrifiée en solaire à travers un projet  de l’association Rasmi, émanant de la diaspora de France, l’école dispose de quarante-deux panneaux solaires.

 

Pendant les périodes de pluies, nous n’arrivions pas à voir ce qui était écrit au tableau, faute d’électricité. Maintenant, ce n’est plus qu’un lointain souvenir, sourit Amina Inoussa, élève de la classe de CM2.

 

Des cours de soutien et des projections vidéo y sont organisés le soir. Dans le sud de Ngazidja, une autre école profite des rayons de soleil. A Uziwani, village de trois mille habitants, 297 élèves connaissent l’énergie verte six mois après la construction de leur école primaire : trente-deux panneaux solaires et huit batteries depuis 2015 financés à hauteur de quarante-trois mille euros.

100% solaire? “Oui, d’ailleurs à partir de 18h, les élèves de Cm2, 3ème et de la terminale y suivent des cours de soutien dans le cadre des examens nationaux”, se félicite Abdillah Halifa, membre de l’association Ioid qui a aidé à monter le projet.


Batteries endommagées

A quelques centaines de mètres de l’école, en revanche, le soleil ne “brille pas”. Un centre de santé à Uziwani était éclairé via l’énergie propre depuis 2008. Aujourd’hui, les six panneaux solaires ne fournissent de l’électricité que durant quatre heures de temps dans les services de ce centre équipé de 25 lits.

”Depuis hier, le transformateur est endommagé. Nos batteries doivent être renforcées voire remplacées”, se désole Abdoulwahab Mohamed Youssouf, médecin chef de la place. Ainsi, les produits pharmaceutiques et des analyses ne sont pas bien conservés. Il faut même ajourner certains résultats d’analyses.


Année de sensibilisation

Malgré ces difficultés, le gouvernement comorien s’est fixé l’objectif d’arriver à un mix énergétique avec 55% d’énergies renouvelables à l’horizon 2030. Comment ? Grâce au volcan et la géothermie, aux rivières et l’hydro-électricité, au vent et à l’éolienne, au soleil et au photovoltaïque, aux déchets et au biogaz. Reste à savoir si les autorités et la population ne risquent pas d’oublier les projets verts puisque la Ma-mwe parvient aujourd’hui à fournir de l’électricité de façon régulière.

 

2018 sera l’année où il faudra sensibiliser les gens sur les énergies propres, proposer des accompagnements via les crédits bancaires pour que les ménages puissent s’équiper, fait savoir Farida Ahmed Karim, directrice des énergies renouvelables à la vice-présidence en charge de l’Energie.

 

Dans cette politique ambitieuse, les Comores sont soutenues par la Commission de l’Océan Indien. Treize projets d’énergies vertes sont financés par le programme “Coi-Energies” à Madagascar et Maurice, et quatre autres aux Comores.

Il s’agit notamment de créer une filière de production de cuiseurs et de distillateurs d’ylang qui permettront de réaliser jusqu’à 45% d’économie en bois, une aubaine pour le pays qui souffre de déforestation. Le dernier projet vise à mettre en place une microcentrale électrique, fonctionnant au gaz provenant de la fermentation des ordures domestiques.


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