L’enquête parlementaire visant à faire la lumière sur la loi dite de la citoyenneté économique est entrée dans sa phase finale et le soudain intérêt de Bashar Kiwan devrait précipiter les choses. En effet, dans une lettre en date du 12 octobre dernier, l’homme d’affaires a manifesté sa volonté d’être entendu par la commission parlementaire chargée de mener l’enquête.
Je vous fait part de ma disponibilité pour m’entretenir avec la commission parlementaire…pour apporter toutes les informations utiles sur le mécanisme du fonctionnement de ce programme et les fonds y provenant peut-on lire dans ce courrier.
Cette manifestation est d’une grande importance dans ce processus dans la mesure où, Bashar Kiwan est considéré comme le cerveau ayant permis la mise en place du programme de la citoyenneté économique.
Il faisait partie de la liste de 40 personnes à auditionner. J’ignore pourquoi il a réagi en avance mais toujours est-il que c’est une nouvelle réjouissante. Bashar Kiwan est impliqué dans ce programme dès le départ en étant le promoteur, l’initiateur et l’exécuteur. Il vendait les passeports et en récoltait les fonds à l’étranger au point qu’il a reconnu avoir généré 27 millions de dollars et a reconnu n’avoir pas versé les 16 millions expliquera le vice-président de l’Assemblée de l’union et président de la commission parlementaire chargée de l’enquête, Dhoihir Dhoulkamal
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Enquête bouclée à 85%
Selon le courrier envoyé par la commission en guise de réponse au créateur de la Banque fédérale des Comores, on apprend que l’audition devrait se dérouler avant le 30 octobre et pour cela, les parlementaires comoriens devraient faire le déplacement pour le Koweit. En effet, le président du Comoro Gulf Holding (Cgh) s’y trouve actuellement et sachant que l’enquête est à 85% bouclée, le déplacement en vaut le détour.
Selon le vice-président de l’Assemblée, l’audition du franco-syrien comportera deux volets à savoir la compréhension du programme à travers sa conception et sa promotion mais également le volet financier afin de connaitre les fonds provenant de ce programme. En dehors de sa reconnaissance de dette qui porte sur 16 millions de dollars, Bashar Kiwan aurait signé plusieurs conventions portant au total sur 175 millions de dollars avec le gouvernement comorien.
Raison pour laquelle, la commission parlementaire veut absolument faire la lumière sur ce programme et l’audition de l’ancien directeur général du feu journal Albalad devrait apporter le maximum d’informations. Parfaitement trilingue, Bashar Kiwan pourra aisément converser avec les parlementaires.
Des protagonistes disparus
Ces derniers semblent en tout cas convaincus que si quelqu’un peut apporter des données probantes, c’est bien le directeur de Cgh.
Nous voulons éclairer les Comoriens, connaitre la vérité et peut-être que Kiwan donnera des précisions notamment sur les fonds de la citoyenneté économique ainsi que ses propres dépenses. Diverses questions sont jusqu’à présent non répondues à commencer par les conditions d’adoption de la loi et son exécution, les fonds qui y découlent, les fautes et les détournements éventuellement, le nombre de passeports vendus, par qui et à qui ? décrypte le président de la commission parlementaire.
Dhoihir Dhoulkamal en profitera pour rassurer les sceptiques qui estiment que les députés seront exposés à la tentation de la corruption si jamais ils devaient se rendre au Koweït. “Même en étant ici on peut être corrompu par ceux qui sont à l’extérieur où ceux qui sont au pays. En 2008, avant l’adoption de ce programme, des députés s’étaient rendus au Koweït et ce n’est pas pour autant qu’ils ont voté tous en faveur de cette loi”.
Le vice-président de l’Assemblée salue la décision de Kiwan et espère que les autres personnes qui devraient être entendues mais qui se sont volatilisées, vont suivre l’exemple de Bashar Kiwan. Il citera Elfahim, le patron de la Shss dont l’ancien ministre Mohamed Bacar Dossar fut le directeur administratif et financier après avoir abandonné son poste de conseiller spécial de l’ancien président Ikililou Dhoinine. Elfahim était le responsable de la fondation Fatma et détenait les pavillons.
Il évoquera également le promoteur Ahmed Jaroudi qui fut le gérant des 24 millions de dollars qui étaient placés au Belize. Deux personnages qui auraient joué un rôle prépondérant dans ce programme dit de la citoyenneté. Outre ces portés disparus, quatre personnes restent à auditionner à savoir les anciens présidents, Ahmed Abdallah Sambi et Ikililou Dhoinine prévus pour le 7 novembre, le député Abou Achirafi et l’actuel chef de l’État Azali Assoumani.
Rappelons que le texte sur la citoyenneté économique a été introduit en session en 2008, rejeté dans un premier temps avant d’être adopté par la suite dans les conditions que l’on connait.
D’importants débats d’ordre sécuritaire, économique et social ont été soulevés. “Il faut que la vérité soit connue parce que les Comoriens doivent savoir et tirer des conclusions. Les personnes impliquées dans ce dossier doivent rendre des comptes aux Comoriens au-delà des questions d’argent” conclura Dhoihir Dhoulkamal.