Les services de la police judiciaire disposent désormais d’une salle d’audition pour mineurs, inaugurée vendredi 27 mai, à l’issue d’une cérémonie solennelle organisée au quartier général de la gendarmerie nationale. Le ministre de la Justice Djaé Ahamada Chanfi, du délégué à la défense, Youssoufa Mohamed Ali, de l’ambassadeur de France, Sylvain Riquier, ont présidé la cérémonie en présence du commandant de la gendarmerie nationale, Ramadhani Mdahoma de la présidente de la commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndhl), Sitti Raghadat Mohamed, et de la présidente de l’association “Mwana Tsi wa mdzima Komor”, Nadjdat Said Abdallah. La salle d’audition est dédiée aux mineurs victimes de violences et d’abus sexuels.
Promouvoir la protection des mineurs
Il s’agit selon le commandant Ramadhani Mdahoma d’une salle qui permettra d’assurer une meilleure prise en charge des mineurs victimes d’agressions sexuelles dans des conditions dignes et décentes pour recueillir leurs témoignages.“Cet espace est doté d’équipements devant enregistrer la parole de l’enfant, et le filmer de façon très discrète pour rendre fidèlement compte les propos de l’enfant en lui évitant l’exercice de l’audition et permettra après visionnage de retranscrire l’audition”, a-t-il expliqué. Il poursuivra que c’est l’ambassade de France aux Comores qui a financé “la mise en place de ces salles dans les trois îles notamment dans les locaux des groupements de la gendarmerie. Mais aujourd’hui, c’est celle de Ngazidja qu’on inaugure espérant en enchaîner prochainement avec les salles d’audition des deux autres îles”.
“Il s’agit d’une salle aux couleurs chaleureuses, avec un ameublement et un équipement audiovisuel aux conditions requises, des jeux, de quoi lire, écrire et dessiner. Elle est séparée d’une autre petite pièce par une cloison avec vitre où se trouve le matériel d’enregistrement des enquêteurs comme cela se fait en France dans les salles dites « salle Mélanie »”, d’après les descriptions de la salle, faites par la présidente de l’association Mwana Tsi Wamdzima, Nadjda Said Abdallah décrit la pièce.
Elle fera savoir que depuis 2014 (date à laquelle l’association accompagne les enfants victimes d’agressions sexuelles), l’association a constaté que l’audition des mineurs dans le cadre du recueil de leurs paroles pour les besoins des enquêtes, était réalisée dans des endroits inadaptés. “C’est après ce constat qu’en 2020, nous avons procédé à la rénovation de la salle d’audition du Service d’écoute et de protection de l’enfant de Ngazidja sur fonds propres, pour lui donner un aspect agréable pour accueillir des enfants. Nous l’avons ensuite, en partenariat avec l’Unicef, doté d’équipements et jouets afin de casser l’aspect rigide qui prévalait dans ces lieux et rendre la salle accueillante pour les mineurs”, a-t-elle confié.
Première étape d’un processus
Le délégué à la Défense, Youssoufa Mohamed Ali a salué le rôle joué par les associations œuvrant particulièrement “dans la défense de cette grande cause citoyenne à savoir protéger les enfants de toutes les violences, mener sourtout une croisade pour venir en aide aux mineurs en souffrance, victimes de maltraitance ou de violences sexuelles en les écoutant et en les accompagnants judiciairement”. Dans ce sens, l’ambassadeur de France en Union des Comores Sylvain Riquier a fait savoir que l’accompagnement de ce projet “est une réponse aux traumatismes que subissent les enfants en facilitant l’entretien avec le mineur, dans son intérêt supérieur”.
Et le diplomate français de souligner que la coopération France-Comores ne se limite pas seulement aux bâtiments mais s’étend également aux savoir-faire. “C’est ainsi que des enquêteurs de la gendarmerie ainsi que deux médecins ont suivi en début de l’année 2022, une formation à l’audition des mineurs victimes. Ce qui constitue une première étape d’un processus de spécialisation des acteurs de la lutte contre les violences faites aux enfants”.