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Enterrement de Said Hassan Said Hachim I Des obsèques exceptionnelles pour un homme exceptionnel

Enterrement de Said Hassan Said Hachim I Des obsèques exceptionnelles pour un homme exceptionnel

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Fumbuni, noire de monde, a été le témoin du dernier hommage d’un peuple à un de ses enfants les plus valeureux. Saïd Hassan Saïd Hachim, mort dans la nuit du 30 novembre dernier, a été inhumé avec les honneurs dans sa ville natale. Avec sa mort, c’est toute une génération qui disparait. L’ancien gouverneur de Ngazidja était en effet “le dernier des premiers”. Elevé au rang de Commandeur de l’Ordre du Croissant Vert par le chef de l’Etat, Saïd Hassan Saïd Hachim s’en est allé emmenant avec lui une grande partie de notre histoire récente.

 

Saïd Hassan Saïd Hachim est mort le 30 novembre. Depuis l’annonce de son décès, les hommages pleuvent. Cet homme, grand commis de l’Etat, à l’élégance recherchée, au verbe haut, à la voix grave fait l’unanimité ou presque. De lui, tous reconnaissent qu’il priorisait l’intérêt général. C’est donc sans surprise qu’il a eu droit à des obsèques nationales, à Fumbuni cette ville natale à laquelle il était tant attachée, qui pour l’occasion d’un ultime hommage était noire de monde.

 

Said Hassan Said Hachim a été élevé au rang de Commandeur de l’Ordre du Croissant Vert. Lors de son allocution, le chef de l’Etat a insisté sur les qualités de l’homme : modestie, empathie, magnanime. Il a rappelé que loin d’après les titres pompeux, “Saïd Hassan Saïd Hachim était cet homme, que beaucoup, même des jeunes appelaient par son seul nom”.


Il y avait du monde à Fumbuni ce mardi. Des personnes de toutes les générations, de toutes les couches sociales ont tenu à dire au revoir “au dernier des premiers”. Abdallah Halifa, ancien président de l’Assemblée sous le régime d’Ahmed Abdallah Abdérémane a dit avoir retenu de lui “sa grande rigueur dans la gestion des deniers publics dans toutes les responsabilités qu’il a occupées”.


L’historien Mahmoud Ibrahime qui a rencontré l’illustre défunt alors qu’il faisait ses recherches pour sa thèse au début des années 2000 a rapporté la fierté que fut celle de l’ancien ambassadeur des Comores à Paris “de voir un enfant des Comores travailler sur Said Mohamed Cheikh, de penser d’abord aux nôtres”.
Said Hassan n’était plus à Paris quand Mahmoud Ibrahime y a soutenu sa thèse.

“Mais dès que la thèse a été publiée en livre, je lui ai envoyé un exemplaire”. “Quand je suis venu à Moroni, il a été le premier que j’ai invité à l’Assemblée nationale pour la présentation de mon livre. Je savais qu’il y avait des choses avec lesquelles il n’était pas d’accord dans mon livre, d’autres qu’il aurait préféré que je taise. Mais quand il prit la parole, il parla d’abord de la nécessité que les historiens aient la liberté d’enquêter, de chercher et d’écrire ce qu’ils ont trouvé”, a relaté l’historien qui considère que l’ancien gouverneur était le Voltaire comorien : “ je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire”.


Said Hassan Said Hachim a été chef de file de l’opposition parlementaire sous l’ancien président Said Mohamed Djohar. Mohamed Said Abdallah Mchangama était alors le président de l’Assemblée. “Il a honoré le parlement, il pouvait être un adversaire pugnace, qui avait de fortes convictions mais n’est jamais tombé dans la bassesse. Said Hassan Said Hachim était à la fois traditionnaliste et moderniste. Il a assumé ses origines aristocratiques mais il était en même temps très ouvert ; démocrate il estimait à juste titre que le bulletin de vote de son chauffeur avait la même valeur que le sien”, a-t-il témoigné.


L’ancien ambassadeur des Comores, Ali Mlahaili a été très affecté par la mort de celui qu’il connaissait depuis plus de 50 ans. “J’entendais parler de lui mais je l’ai réellement connu en 1967 alors que nous étions députés sous l’autonomie interne. Said Hassan Said Hachim était incontestablement, un grand homme politique, un grand patriote”, a-t-il déclaré celui pour qui le natif de Fumbuni constituait “un trait d’union”. “A l’annonce de sa mort, j’ai pleuré la mort d’un ami, d’un frère que j’aimais beaucoup et qui me le rendait bien”, a-t-il ajouté.


Un autre ami, beaucoup plus jeune, a aussi rendu un hommage appuyé à l’ancien gouverneur de Ngazidja. Ahmed Thabit, ancien ambassadeur a rappelé sa constance dans ses convictions et ses principes, qu’il a toujours su défendre. “Saïd Hassan Saïd Hachim était un notable sans peur et sans reproche. Il a su utiliser son aura pour interpeller ceux qui dirigent le pays quand il estimait qu’ils abusaient de leurs pouvoirs.

 

C’est un homme qui a toujours su appeler un chat, un chat”. Homme de dialogue, de consensus Said Hassan Said Hachim disait souvent “de la discussion jaillit la lumière”. Pour Ismaila Ibouroi, homme de lettres comorien originaire de Fumbuni comme le défunt, “il n’y a pas de politique qui vaille s’il n’y a pas un fond d’amitié qui lie les personnes, qui transcende les clivages, les intérêts. Il permet à un moment donné à des gens très différents de se retrouver pour se concerter et fixer un avenir pour leur pays.

 

C’est ce que ma génération retiendra de lui et qui constitue une leçon pour l’avenir”. Said Hassan Said Hachim n’a eu de cesse d’envoyer des pics aux jeunes générations “aux dents particulièrement longues qui s’enrichissaient illégalement en toute impunité”. Celui qui a souvent clamé avoir préféré l’honneur a joué sa dernière partition en apothéose. Cet homme qui a bien vécu a su préparer sa mort.

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