Depuis l’avènement de la pandémie du Coronavirus au Comores, les funérailles des victimes alimentent les débats dans les places publiques, notamment dans les différentes localités. Certaines personnes s’opposent à l’idée de laisser leurs morts aux mains des agents de la sécurité civile qui devraient s’en occuper, selon le protocole sanitaire mis en place par les autorités compétentes, en cette période de covid-19.
Ces derniers jours, dans certaines localités, le sujet a fait l’objet de quelques frictions qui auraient conduits à des altercations bien vives entre les personnes favorables au respect des mesures mises en place et les détracteurs qui continuent à croire que ces mesures vont à l’encontre des us et coutumes, mais également de la tradition musulmane.
Interrogé sur le sujet, notamment sur la toilette funéraire et l’habillement de la dépouille, le conseiller du mufti de la République, Ali Ahamada (communément appelé Fundi Ali Hadji), a tout d’abord tenu à rappeler la situation sanitaire actuelle qui concerne une pandémie très «dangereuse», qui sévit dans le monde entier, une pandémie. «Une maladie qui fait des ravages en causant la mort à plusieurs personnes», a-t-il ajouté, expliquant que pour les morts, le virus est toujours présent et qu’il pourrait contaminer les vivants.
Ainsi, pour une personne morte de la Covid-19, il est logique et également religieux que la toilette mortuaire, l’habillement funéraire et l’enterrement soient strictement réservés à des personnes spécialement formées en la matiere, tels que des médecins, des agents de la sécurité civile et autres personnels du domaine (Cosep). «Des personnes qui sauront se protéger et protéger la population de la maladie et sa contagion», a-t-il insisté.
Les toilettes funéraireset les enterrements
Concernant la toilette mortuaire, Fundi Ali Hadji a évoqué un consensus validé par la religion. Premièrement, l’on doit laver entièrement la dépouille avec de l’eau potable, une seule fois. «Au cas où la personne est décédée d’une maladie pareille, la manière la plus adaptée pour procéder à la toilette funéraire serait celle-ci. La religion permettrait d’introduire un tuyau et procéder la toilette à partir de ce tuyau en restant éloigner de la dépouille comme un pompier devant un incendie», a-t-il souligné, rappelant que dans tous les pays il y a des services spéciaux pour les toilettes funéraires et les enterrements, contrairement à ce qui se passe dans notre pays.
Pour le conseiller du grand mufti, il n’est religieusement et socialement permis, connaissant le danger de la maladie, de vouloir lutter pour ressusciter une personne morte. «L’honneur d’une personne ne se mesure pas lorsqu’elle est morte, lorsque sa famille procède à sa toilette mortuaire ou à son enterrement, mais par ses bienfaits», devait-il mentionner, rappelant d’ailleurs qu’un musulman décédé d’une maladie pareille est mort tel un martyr.
Pour la prière mortuaire, Fundi Ali Hadji a tenu à préciser que l’on est pas obligé d’exposer la dépouille dans un cercueil à la mosquée pour la prière. La dépouille peut rester dans l’ambulance de la sécurité civile. «On peut même effectuer la prière pour un mort absent. Ce n’est pas interdit», a-t-il détaillé, montrant que le prophète a conseillé de fuir les personnes qui ont des maladies contagieuses et dangereuses telle une personne fuyant un lion.
Fundi Ali Hadji a rappelé que le Saint-Coran a interdit de se rapprocher de tout ce qui est dangereux. «Ne jetez pas vos mains à la destruction, car Dieu a été miséricordieux envers vous. (Albaqarat195)», ou bien «Ne vous tuez pas» (Al-Nisa), a-t-il repris.