Considéré par certains comme l’alternative face au chômage qui touche la jeunesse comorienne, l’entreprenariat ne réussit pas à tout le monde. Beaucoup, après plusieurs tentatives, finissent par jeter l’éponge. Pour aider ce secteur à se développer, Mohamed Kafi Abdoulghani a voulu apporter sa pierre à l’édifice. L’enfant de Mbeni vient de sortir un livre-guide sur l’entrepreneuriat. Publié aux éditions Les Cœlacanthes, celui-ci porte le titre d’»Entreprendre aux Comores, une autre voie est possible». Un thème qui n’a pas été choisi par hasard, assure l’auteur qui a attribué sa préface à l’ancien président de l’Uccia, Fahmy Thabit.
«Le choix du thème est naturel car je soutiens le monde des entreprises depuis mes 21 ans avec la création de Comoropreneuriat en 2019, une plateforme qui met en lumière les jeunes entrepreneurs comoriens. Nous y avons publié près de 150 entrepreneurs dans nos réseaux et parrainé une vingtaine d’événements à caractère entrepreneurial. Ce livre est une valeur ajoutée à ce projet Comoropreneuriat et une suite logique à notre démarche consistant à défendre le Made in Comoros», explique Mohamed Kafi Abdoulghani dans un entretien accordé à Al-watwan. Il dit avoir voulu inspirer et éveiller la conscience de la jeunesse à travers les histoires de nos héros entrepreneurs nationaux. C’est pour cette raison que notre auteur a raconté le parcours de Fayçal Bianrif, ex-agent de Comores Telecom de Mwali, qui s’est converti dans l’agro-entreprenariat et dont le succès est salué un peu partout.
«J’y évoque son parcours ainsi que ses échecs afin de mieux inspirer les jeunes porteurs de projets. J’ai abordé la procédure de création d’entreprise, la fiscalité notamment l’impôt sur la société, les différentes formes d’entreprise en droit Ohada et le nouveau code d’investissements», détaille Mohamed Kafi Abdoulghani, qui se décrit comme un passionné de l’entrepreneuriat.
Lever l’isolement de l’archipel
Paru le 17 juin, le livre de 135 pages renseigne tout investisseur étranger ou national qui aspire à se lancer. «Le livre est utile pour le porteur de projet car il lui donne toutes les informations dont il a besoin», assure le natif de Mbeni. A propos de la voie qu’il préconise, le co-fondateur de Comoroprenariat, recommande d’abord une levée d’un certain nombre de contraintes qui constituent des freins. «Il faut lever l’isolement de l’archipel en soutenant la connectivité aérienne et portuaire de nos îles. Il est déplorable qu’aujourd’hui, faute d’un navire porte-conteneur comorien, les armateurs soient obligés de passer par Mayotte et faire des semaines avant de regagner Moroni», estime-t-il.
Autre obstacle à se débarrasser, listé dans le livre : sortir le secteur privé de l’emprise politique. «La justice de deux poids deux mesures fait également fuir les investisseurs. Il faudra séparer l’exécutif du judiciaire pour rassurer les investisseurs et de donner des moyens aux institutions d’appui à l’entrepreneuriat afin qu’elles jouent leur rôle qui est celui de soutenir, d’accompagner les jeunes entrepreneurs en misant sur la formation professionnelle et entrepreneuriale», insiste Mohamed Kafi Abdoulghani, qui prône un dialogue public-privé franc et constructif pour améliorer le climat comorien des affaires.
Né le 11 avril 1997 à Mbeni au nord de Ngazidja, Mohamed Kafi Abdoulghani a obtenu son baccalauréat D, au lycée de la Solidarité islamique, en 2016. Il partira un an plus tard en Turquie pour y poursuivre ses études supérieures.Doctorant en médecine vétérinaire à la faculté de médecine d’Uludağ à Bursa, Mohamed Kafi Abdoulghani fait partie des pionniers qui ont lancé, en 2020, Comotech, une plateforme numérique dont le but est d’aider les établissements scolaires à dispenser les cours pendant la covid-19.