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Environnement : Des braconniers de tortues en cavale à Ndzuani

Environnement : Des braconniers de tortues en cavale à Ndzuani

Société | -   Sardou Moussa

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Rien n’arrête les braconniers de tortues à Ndzuani. Malgré l’installation d’éco-gardes dans les Parcs nationaux des Comores dans les aires protégées de Ndzuani, des braconniers ont sévi samedi dernier sur la plage de Page. Les responsables des aires protégées ont fait savoir qu’ils vont poursuivre les chasseurs en justice.

 

L’on croyait qu’avec l’installation des éco-gardes des Parcs nationaux des Comores (Pnc) dans les aires protégées de Ndzuani depuis le mois de mai dernier (notamment à Shisiwani), la fin du braconnage des tortues allait sonner. Mais apparemment, c’était sans compter la ténacité des braconniers.

Le samedi matin, sur la plage de Page (commune de Mutsamudu), quatre d’entre eux ont échappé de justesse aux gendarmes et aux agents des Pnc venus les arrêter, en laissant sur place leur butin, c’est-à-dire plusieurs dizaines de kilos de viande issus des quatre tortues qu’ils venaient juste d’égorger.

L’on apprendra que la même équipe avait déjà, la veille et l’avant-veille, égorgé trois autres de ces animaux protégés. Selon les responsables locaux des Pnc, les malfaiteurs les ont capturées à Bimbini, c’est-à-dire dans l’une des localités du parc marin de Shisiwani. Ce sont toutefois des collaborateurs locaux des Pnc qui auraient alertés les autorités.

En plus d’avoir arrosé avec du pétrole puis brûlé la viande saisie, les responsables des aires protégées nationales ont annoncé aux médias leur intention de poursuivre en justice les chasseurs illégaux. D’ailleurs, à la gendarmerie même, deux de leurs agents s’y affairaient déjà.

 

Ils ont tous pris la fuite, car ils ont sans doute été prévenus, mais nous avons pu les identifier, nous avons même leurs numéros de téléphones.  Nous allons donc porter plainte contre eux pour braconnage de tortues. Ils risquent la prison et une amende d’entre cent et cent cinquante mille francs (150.000 francs) pour chaque tortue tuée, a expliqué Houssoyni Housseni, conservateur des aires protégées de Ndzuani.

 

Notre interlocuteur prendra le soin de préciser que les risques pénaux évoqués relèvent de la Loi cadre sur l’environnement, datant de 1994, “en attendant l’entrée en vigueur de la loi sur les aires protégées nationales”.

Disons que le braconnage de tortues, tout comme l’extraction du sable marin ou encore la pêche aux filets de petites mailles, sont parmi les fléaux destructeurs de l’environnement que le réseau national des aires protégées espère éradiquer (du moins dans ses espaces d’intervention), à travers une approche d’étroite collaboration avec les communautés cibles.

Mais le succès ne semble pas évident à court terme, comme le reconnait d’ailleurs Houssoyni. Pour la tortue, sa viande (500 francs le kilo) est tout simplement trop prisée dans l’île.

S’agissant de l’extraction du sable marin, la trop faible offre des deux concasseurs de l’île (l’un tombe régulièrement en panne) sert d’excuse aux extracteurs ainsi qu’aux demandeurs. Quant à l’utilisation des filets, c’est tout simplement une opiniâtreté des pêcheurs que les autorités compétentes n’arrivent pas à juguler.

On raconte que la plupart des pêcheurs qui utilisent les filets possèdent des vedettes et des moteurs, mais pour eux, “la pêche à l’hameçon est une perte de temps”.


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