Il est fréquent dans le pays de rencontrer des stations-service entourées de maisons, de bâtiments administratifs, établissements, lieux publics. En particulier à Moroni et ses environs, elles se situent presque tout près des endroits, pris d’assaut tous les jours par des centaines de personnes. Pourtant, un arrêté vient de déterminer un certain nombre de mètres à respecter, par rapport aux lieux publics, pour pouvoir obtenir l’autorisation d’implantation et d’exploitation des stations de distribution des produits pétroliers.
Le texte «concerne» les futures stations-services ?
«Mille mètres linéaires au minimum pour la présidence de la République, les ministères, l’assemblée nationale, les gouvernorats, les préfectures et aéroports», est-il précisé dans ce nouvel texte. Cet arrêté pourrait marquer un basculement dans le paysage pétrolier qui pointe du doigt certaines essenceries préalablement implantées trop proches des zones précitées. Les essenceries Caltex, Mamora, Bonzami, Port, Feelling, Muzdalifa, Al-camar, El-beit, Itsandra, Vwadju ou Beau rivage à Mitsamihuli sont loin d’être épargnées du constat. La présidence de la République, le ministère des Finances et celui de la Justice, l’Assemblée nationale, l’Alliance française, la Meck Moroni, la Snpsf, la Société nationale de pêche, le grand marché Volo-Volo, la gare de la région Hambu et autres sont tous exposés aux effets de la contamination des stations-essence potentiellement dangereux pour la santé.
La Sch montre-t-elle un bon exemple en termes de sécurité ?
Du fait qu’ils y sont majoritairement en moins de cent mètres.Interrogé par Al-watwan, le patron de l’essencerie de Makorani fait, par ailleurs, savoir que ses pairs sont au courant de l’arrêté ministériel et des nouvelles exigences. Il tient à préciser que les conditions citées précédemment sont destinées aux nouvelles implantations. «L’arrêté toucherait les stations qui vont être implantées à l’avenir. Surtout en ce qui concerne la distance. Dans le cas contraire, toutes les stations-service seraient tous démolies ou déplacées. Où, à Moroni, peut-on implanter une station avec les mille mètres demandés», s’est interrogé le patron de l’essencerie de Makorani. Il reste tout de même convaincu que les stations-service, qui existent déjà, doivent répondre aux autres exigences notamment les équipements nécessaires pour la sécurité.
Une étude des chercheurs de l’Université de Murcia montre qu’un «minimum» de distance (50 mètres) doit être maintenue entre les stations-service et les logements, voire de 100 mètres pour les installations «particulièrement vulnérables» comme les hôpitaux, les centres de soins, les écoles et les résidences pour personnes âgées. «Idéalement, la distance de 100 mètres doit être respectée dans les plans d’urbanisme pour la construction de nouvelles maisons» a préconisé M. Doval. La meme étude évoque «des risques de cancer».Le texte oblige également une distance minimale de cent mètres linéaires pour les établissements d’enseignement, les centres hospitaliers, les lieux de culte, les terrains des sports, les places de marché, les bâtiments administratifs, les stations de pompage et de stockage d’eau, et les centrales électriques.Ce qu’il faut se demander c’est si l’enjeu sanitaire pourrait primer. Ironie du sort, la Société comorienne des hydrocarbures (Sc), avec ses grosses capacités de stockage, est entourée par le stade de football de la capitale, la société «Onicor», le port, la banque «Snpsf», l’établissement scolaire «Fundi Saïd Mnemoi, à une distance qui ne dépasse pas les 200 mètres.
Des risques de cancer selon une étude de l’Université de Murcia
«Certains composés organiques atmosphériques – tels que le benzène, qui augmente le risque de cancer – ont été enregistrées dans les stations-service à des niveaux supérieurs à ceux des zones urbaines où la circulation est la principale source d’émission», a déclaré Marta Doval, co-auteur de l’étude et chercheur à l’UM. L’étude, qui a été publiée dans The Journal of Environmental Management, montre que l’air dans les stations-essence et dans leur environnement immédiat, reste avant tout affecté par les émissions issues de carburants provenant de l’évaporation des poids lourds ravitailleurs (les combustibles imbrûlés émanant des opérations de chargement et de déchargement, ainsi que du déversement de liquides).