La lutte contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire reste un défi majeur dans de nombreux pays en développement, y compris l’Union des Comores. Malgré la richesse en ressources alimentaires, la malnutrition demeure l’une des principales causes de mortalité infantile dans ces régions. Pourtant, une solution prometteuse se trouve peut-être sous nos yeux, dans un fruit très courant et riche en bienfaits pour la santé : le fruit à pain, appelé furiapa en shikomori.
De son nom scientifique artocalpus altilis, ce fruit est depuis longtemps un aliment de base dans de nombreuses régions tropicales, mais sa pleine valeur nutritive reste largement sous-estimée. Dr Toilibou Soifoini, enseignant-chercheur en biodiversité et santé à la faculté des sciences et techniques de l’Université des Comores, a consacré ses recherches à explorer les multiples bienfaits de ce fruit souvent négligé.
Selon Dr Soifoini, le furiapa est une véritable mine de nutriments essentiels. «Sa richesse en composés régule la glycémie, son abondance en calcium en fait un fortifiant musculaire et osseux, sa teneur élevée en protéines le rend particulièrement bénéfique pour l’organisme», explique-t-il. Sa composition en flavonoïdes en fait également, selon toujours le chercheur, un puissant antioxydant, efficace contre les dommages causés par les radicaux libres.
Mais les avantages du furiapa vont bien au-delà de sa valeur nutritive. En effet, toutes les parties de cet arbre, que ce soient les fruits, les feuilles ou même les racines, possèdent des propriétés thérapeutiques remarquables. Les feuilles peuvent être utilisées en cataplasme pour traiter diverses affections cutanées, tandis que le latex du fruit est réputé pour ses propriétés analgésiques et anti-inflammatoires.
Dans un contexte où l’autosuffisance alimentaire est un enjeu important, Dr Soifoini note l’importance de sensibiliser la population aux multiples usages et bienfaits de ce fruit et des autres plantes locales. «Il est essentiel d’explorer les valeurs nutritionnelles de nos produits locaux et de promouvoir leur utilisation, en proposant des alternatives saines et bénéfiques pour la santé», insiste-t-il.
Une évolution des modes de consommation est déjà perceptible, notamment pendant le mois de ramadan, où le furiapa est de plus en plus utilisé comme alternative aux céréales importées. En effet, sa farine peut remplacer avantageusement celle de blé dans de nombreuses préparations culinaires. Cependant, son potentiel ne se limite pas à l’alimentation : en agriculture, en élevage ou même en laboratoire, ses multiples applications restent largement méconnues et sous-exploitées.