L’évasion spectaculaire du 15 novembre a été un des points abordés au conseil des ministres de ce 18 novembre. La chose était suffisamment grave pour que le chef de l’Etat, Azali Assoumani, tape du poing sur la table pour que ces évasions intempestives cessent ou alors qu’elles soient tout au moins revues à la baisse. “Ceux qui construisent des prisons sont des êtres humains, tout comme leurs locataires mais il est urgent qu’elles soient aussi sures que possible de sorte que les criminels ne puissent pas en sortir aisément en s’en enorgueillissant”, a rapporté le porte-parole du gouvernement lors de son traditionnel compte rendu du conseil gouvernemental.
L’allusion à Inssa Abdou Bobocha est à peine voilée. Tous les moyens sont mobilisés pour retrouver l’homme qui a été extradé de Madagascar en juillet dernier. Celui qui est accusé d’avoir “financé une entreprise terroriste et qui devait passer devant la cour de sûreté de l’Etat” a diffusé une courte vidéo sur le réseau social Facebook avant-hier mais il s’est bien gardé de mentionner où il se trouvait. Houmed M’saidie semble avoir des raisons de penser que Bobocha n’avait pas quitté le pays. “Nous allons retrouver ce terroriste et il sera soumis à l’isolement”, a-t-il promis.
Certains semblent penser que Bobocha se trouvait déjà sur l’île comorienne de Mayotte. “De toutes les façons, même s’il voulait trouver refuge ailleurs, je demeure persuadé qu’aucun pays (ou administration) n’accordera l’asile à une personne accusée d’avoir financé une organisation terroriste”, croyait-il savoir. En septembre dernier, un demandeur d’asile a été expulsé de Mayotte. Fayad Halidi fait partie des insurgés de la médina de Mutsamudu.
Que Bobocha soit à Moroni ou non ne résout pas la question de la perméabilité de la Maison d’arrêt. Cette évasion est la 3ème en très peu de temps et comme souvent, aucune responsabilité n’a été engagée. “S’il y a des évasions, sans aucun doute, la responsabilité revient au gouvernement. Mais cette responsabilité incombe tout naturellement aussi à la société chargée d’assurer la sécurité de la Maison d’arrêt”, a-t-il lâché.
Et d’apporter une précision de taille : “cette évasion est de notre responsabilité parce que qu’elle était connue et parce que nous étions prévenus”. Il n’a pas manqué de souligner la vétusté des bâtiments pénitentiaires et l’urgence de les réhabiliter. “A vrai dire, ceux qui restent en prison ne veulent tout simplement pas s’enfuir”, a-t-il dit, mi-figue mi-raisin.
En revanche, contrairement à son collègue de la justice, Houmed Msaidie n’attribue pas la paternité des évasions à l’opposition. “Nous avons été informés que des prisonniers se sont échappés, nous ne connaissons pas leur couleur politique”, a-t-il dit. Quant aux conditions carcérales dénoncées par les détenus, il a promis que le gouvernement allait apporter « des solutions pérennes à des revendications légitimes».
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