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Exécution des projets de la Banque mondiale I Des interrogations sur le taux de décaissement

Exécution des projets de la Banque mondiale I Des interrogations sur le taux de décaissement

Société | -   Maoulida Mbaé

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La lenteur des projets financés par la Banque mondiale aux Comores soulève des interrogations, mais des solutions sont envisagées pour accélérer l’exécution et favoriser le développement.

 

La vice-présidente de la Banque mondiale pour la région de l’Afrique de l’est et de australe, Victoria Kwakwa, ainsi que le ministre des Finances et du Secteur bancaire, Mze Abdou Mohamed Chanfiou, ont tenu une conférence de presse conjointe à l’issue des travaux de la table ronde ministérielle le 8 mars 2024. Ils ont abordé plusieurs questions, notamment la lenteur observée dans les projets soutenus par la Banque, ainsi que l’adhésion des Comores à l’Omc.


Le groupe de la Banque mondiale est souvent critiqué pour le faible taux de décaissement des projets qu’elle finance malgré la profondeur de son portefeuille, qui couvre un large éventail de secteurs. La vice-présidente de la Banque, Victoria Kwakwa, reconnaît en effet la lenteur observée dans l’exécution des projets. Elle l’attribue au fait que, ces quatre dernières années, l’institution a sensiblement augmenté son portefeuille de projets aux Comores, qui est passé à 385 millions de dollars américains, soit 173 milliards de francs comoriens.


«À la suite de cette augmentation, on peut avoir l’impression que les choses ne bougent pas, car une partie de la réponse réside dans le fait que le portefeuille a considérablement augmenté », a-t-elle expliqué, tout en reconnaissant qu’il y a du travail à faire avec le gouvernement comorien pour améliorer la performance. «Comme il s’agit d’un partenariat, nous devons travailler ensemble pour résoudre toutes les contraintes liées à l’exécution et au décaissement des fonds », a-t-elle indiqué.

De 250 millions de dollars en 2019 à 385 millions en 2024

Le ministre des Finances et du Secteur bancaire, Mze Abdou Mohamed Chanfiou, est du même avis que la vice-présidente Victoria Kwakwa. Selon lui, trois points ont été identifiés comme étant les principaux facteurs ralentissant l’exécution des projets : la maîtrise des procédures de passation des marchés, les difficultés liées aux conflits d’intérêts et la qualité de l’évaluation. «Ces points nécessitent une réelle collaboration pour maîtriser les procédures, réduire les conflits d’intérêts et surtout améliorer la qualité de l’évaluation des projets afin d’accélérer la mobilisation des ressources et la réalisation des projets », a-t-il expliqué. Cet ancien gouverneur de la Banque centrale des Comores est visiblement satisfait du séjour de l’économiste ghanéenne, dont les séances de travail avec les autorités comoriennes leur ont permis d’examiner les fondamentaux pour que la Banque mondiale continue d’appuyer et de soutenir le développement du pays. Mze Abdou Mohamed Chanfiou a rapporté qu’à l’issue de la réunion, le ministre de l’Agriculture avait rappelé qu’en 2019, les engagements de la Banque mondiale s’élevaient à 250 millions de dollars américains, l’équivalent de 112 milliards de francs, lors de la conférence des partenaires au développement (Cpad). À ce jour, ils sont passés à 385 millions de dollars.


Pour le ministre, cette augmentation rapide du portefeuille de l’institution de Bretton Woods constitue un gage de confiance, «lié à une vision objective, au plan de développement et surtout aux réformes que nous devons mettre en place», a-t-il soutenu.En ce qui concerne l’adhésion des Comores à l’Omc, Victoria Kwakwa a estimé que c’est une avancée pour le pays, qui rejoint ainsi le système d’intégration mondiale. Elle a exprimé la disponibilité de la Banque à soutenir les Comores, comme elle l’a déjà fait pour d’autres pays ayant franchi le cap.


D’après Mze Abdou Mohamed Chanfiou, cette adhésion à l’Omc ouvre des opportunités pour que le pays puisse s’intégrer aux marchés régionaux et internationaux. «Il sera nécessaire que nous produisions et que nous vendions», a-t-il estimé. Remerciant la Banque mondiale pour son soutien au pays, qui lui a permis d’identifier les secteurs porteurs, le ministre des Finances a indiqué que pour réduire la pauvreté, il est crucial de créer de la richesse. «Aujourd’hui, nous observons une croissance faible mais soutenue par la consommation. Comment pouvons-nous investir davantage, tant dans le secteur privé que dans le secteur public ? Voilà la question fondamentale », a-t-il avancé. Selon lui, des solutions ont été avancées pour le financement de l’investissement. « Tant le secteur privé que le secteur public ont besoin de financement pour investir. Cet argent doit être utilisé de manière efficace pour créer réellement de la valeur », a-t-il souligné, convaincu de la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des projets, y compris les investissements publics. Le deuxième axe, toujours selon le ministre des Finances, consiste à aider le secteur privé à accéder à des ressources importantes et à des taux d’intérêt très bas.«Des solutions ont été proposées. Nous allons travailler aussi bien du côté du gouvernement que du côté du secteur privé, notamment en ce qui concerne le climat des affaires, pour soutenir le secteur privé et encourager davantage d’investissements», a-t-il annoncé.

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