logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Faizat Said Bacar, l’étoile montante du barreau de Moroni

Faizat Said Bacar, l’étoile montante du barreau de Moroni

Société | -

image article une
PORTRAIT. La benjamine du barreau de Moroni dit s’épanouir dans sa robe d’avocate, même si elle reconnait que les défis sont nombreux. A titre d’exemple, elle cite l’importance de l’informel dans les affaires. «Il y a énormément de pratiques qui ne sont régies par aucune règle de droit», regrette celle que ses copines ont surnommée Olivia Pope, la célèbre avocate de la série américaine «Scandale».

 

Elle est la deuxième d’une famille de trois enfants. Elle est la benjamine du barreau de Moroni. Elle, c’est Faïzat Saïd Bacar. Originaire de Mohoro dans le Mbadjini, elle a fait ses études primaires et secondaires au Groupe scolaire fundi Abdulhamid. Après avoir obtenu son Bac en 2006, elle part en France pour y faire des études en droit des affaires. Puis elle s’est spécialisée en droit pénal financier et  obtient un Master 2 en 2011 et un diplôme complémentaire en finances et en droit pénal. Elle décrit son profil comme étant «à cheval entre le droit et  la finance». C’est un domaine qui l’intéressait beaucoup en particulier celui des banques et établissement financiers.


C’est donc au sein des services juridiques d’une banque en France qu’elle a commencé sa vie professionnelle. Ensuite Faïzat, âgée aujourd’hui de 26 ans, s’est décidée à retourner au bercail pour servir auprès des siens. Si elle a choisi le travail d’avocat, c’est parce qu’elle trouve que c’est «un métier particulièrement formateur, et intellectuellement stimulant. On n’a jamais le sentiment d’avoir le tour. Chaque affaire est particulière». Si elle est passionnée par son métier, c’est parce qu’elle promet la protection des libertés fondamentales, convaincue que c’est par le droit qu’on protège l’homme.


Quant à savoir si elle s’épanouit dans sa nouvelle robe d’avocate, il suffit de lire sur son visage. Même si elle reconnait que les défis sont nombreux. A titre d’exemple, elle se heurte régulièrement à l’importance de l’informel dans les affaires. «Il y a énormément de pratiques qui ne sont régies par aucune règle de droit» regrette celle que ses copines ont surnommée Olivia Pope, la célèbre avocate de la série américaine «Scandale». Les deux femmes partagent, il est vrai, quelques points communs : la prestance, le sérieux…


Des souvenirs ? Elle en a dans sa vie professionnelle ; des bons comme des mauvais. Des déceptions aussi sur des dossiers ponctuels qu’elle préfère plutôt passer sous silence. Son rêve le plus cher, c’est d’avoir des enfants… Pour son avenir pressionnel, elle aimerait juste que le métier d’avocat aux Comores s’ouvre un peu plus et qu’on puisse exporter les compétences. «Les avocats africains gagneraient à travailler les uns avec les autres», souligne-t-elle.


Quand elle a un peu de temps libre, Faizat s’adonne à l’écriture et à la lecture. Et parfois au le sport. «J’ai commencé à faire de la randonnée, un peu de plongée… je suis une amoureuse de la nature», avoue-t-elle. L’un de ses plus beaux souvenirs, c’est la remise de son dernier diplôme. «C’est une année de ma vie où il n’y a eu vraiment de la place pour rien d’autre ; douze mois consacrés à un seul objectif : mon diplôme», dit-elle.


Si elle devait faire un retour en arrière dans sa vie, elle se serait mieux préparée à son retour, elle aurait pris le temps de  prendre contact avec l’environnement judiciaire comorien, avant d’exercer le travail d’avocat, bien qu’elle estime qu’en apprenant les choses sur le tas, elle prend son travail plus au sérieux et mesure mieux les difficultés. Faïzat milite dans l’association Deux Mains pour relayer la volonté des Comoriens d’ailleurs afin que leurs projets durables puissent être concrétisés.


Elle prend contact tout doucement avec les associations qui militent pour la cause féminine et la protection de l’enfance et s’intéresse à certains combat qui, dans ce pays, ont eu tendance à être considérés comme perdus d’avance. «Des aînées qui ont beaucoup milité, qui ont rendu possible la vie que nous avons aujourd’hui continuent à nous dire que pour être entendues, il est mieux de ne pas se mettre trop en avant, dit-elle. Le vrai travail à faire devrait être orienté vers la femme elle-même pour la convaincre qu’elle peut avoir autant d’ambition qu’un homme».


Commentaires