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Fatoumia Saïd ou la force de l’autonomie

Fatoumia Saïd ou la force de l’autonomie

Société | -   Abouhariat Said Abdallah

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On la trouve partout dans les expositions, les foires et toutes les activités sur l’artisanat. Elle y expose ses produits et coud, assise sur son fauteuil roulant. Son infirmité physique ne l’a pas empêchée d’apprendre la couture, son métier. Elle n’a jamais reçu l’aide des pouvoirs publics, mais elle fonce dans ses activités grâce auxquelles, elle peut prendre en charge sa famille. Elle conseille vivement de ne pas dépendre de son mari et de créer des activités génératrices de revenus pour être autonome.

 

Fatoumia Saïd, («Fatou» pour les intimes) est âgée de 43 ans. Elle est la mère de trois enfants âgés respectivement de neuf, six et quatre ans. Handicapée de naissance, son infirmité physique ne l’a pas empêchée de s’adonner avec succès à des activités créatrices de revenus. Même si, des fois, son état physique peut constituer une difficulté dans son travail.

Elle a obtenu plusieurs attestations d’honneurs et primes au niveau nationale, comme le trophée du premier salon d’artisanat organisé pour la première fois aux Comores en 2017. «Mon infirmité n’a pas été un frein pour moi, même si elle me gène parfois dans l’exercice physique. J’étais obligée d’apprendre un métier pour m’auto-suffire au lieu d’attendre qu’on me donne», dit-elle.

«Heureusement que Dieu m’a donné la faculté d’apprendre rapidement et me facilite la tâche».

Bien qu’elle n’ait jamais mis les pieds à l’école, Fatou sait lire et écrire. Elle confectionne les habits féminins, des kofia (bonnet traditionnel comorien), des djoho et dragla et des sandales qui vont avec, mais aussi des articles artisanaux tels que des sacs, des portefeuilles, des sandales.

Les bras au ciel

Fatoumia Saïd a appris la couture auprès de sa mère qui avait une machine à coudre à la maison, et la confection des produits artisanaux à Dar-Es-Salam. Elle pratique le métier de couturière depuis dix ans. «Pour les autres produits artisanaux, j’apprends en regardant les autres, soit en formation, à l’occasion des expositions ou des foires», dit-elle, le sourire aux lèvres en levant les bras au ciel en remerciement à Dieu.

 


Membre de l’association Masonyo sitara ya Comores, Fatou bénéficie de formations de temps en temps. Elle et sa famille vivent de son travail. Son mari, un mécanicien actuellement au chômage, s’occupe des enfants et l’accompagne toujours dans ses activités. Sa fille aînée est en classe de Ce1, la seconde en Cp2 et le denier à la maternelle.

«Grâce à mon activité, on arrive à assurer l’éducation de nos enfant et quelques autres charges familiales», fait-elle savoir. Le plus gros de ses clients est constitué essentiellement de femmes qui commandent des articles utilisés lors des mariages, mais, également, d’autres personnes qui voient ses produits dans les expositions. «Je gagne très peu mais je poursuis mes efforts», dit-elle.

Vive l’indépendance!

Fatou n’a jamais bénéficié de soutien de quiconque. Une seule fois, elle a reçu un don d’une machine à coudre de la part du Dar Zakkat. La plus grande difficulté qu’elle rencontre dans l’exercice de sa fonction, c’est le déplacement. «J’ai du mal à me déplacer et donc à me rendre aux endroits où il y’ a des activités, je n’ai pas de voiture et je vis loin de ses endroits. D’autant plus que je dois m’occuper des enfants, le matin avant de sortir».

Cependant, Fatoumia Saïd lance un appel aux femmes et les conseille vivement de ne pas dépendre de leurs maris et de créer des activités génératrices de revenus pour être autonome. «Nous vivons dans un monde où la femme doit contribuer à l’éducation des enfants, donc on ne doit pas rester les bras croisées, même quand on est âgé car mieux vaut entreprendre, faire une activité, aussi petite soit-elle, que de travailler pour autrui», conclut-elle.

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