Malgré la fermeture des deux principaux marchés de la capitale quelques vendeurs présents à Volo-volo étaient assis sur des tables en train de papoter. Aucune marchandise en vue dans les deux marchés hier dans la matinée. Quelques femmes qui n’étaient pas au courant de la fermeture avait emmené leur bananes au marché et les avait déposées non loin de la rue Magudju en face de Comores Télécom.
Mais elles ont été vite chassées par des agents de la mairie qui faisaient la ronde. En rentrant dans le marché, certaines personnes vous interpellent incognito et vous demande si vous voulez bien acheter des boubous, sans pour autant oser montrer leurs produits.
A l’intérieur du marché de Volo-volo, les marchandises sont emballées. Une femme rencontrée à l’intérieur, assise, n’était pas au courant de cette décision de fermer les marchés. Elle regrette de s’être déplacée pour rien sans pouvoir vendre des légumes.
Ils auraient dû nous avertir depuis hier affirme-t-elle.
Une autre qui passait par là, a déploré les tomates qu’elle a achetées hier pour les revendre et qui vont pourrir. Un jeune homme, répondant au nom de Nasser Ali est assis sur sa table, seul.
“J’ai amené mes enfants à l’école et j’attends l’heure de sortie pour aller les récupérer ; en même temps je profite de surveiller mes affaires et voir s’il n’ya pas eu de vol”. Pour ce vendeur de sous-vêtements, le mot d’ordre a été suivi et respecté et personne ne s’est présenté au marché.
Incompréhension
Nadjim Kalfane lui, pense que cette décision, bien qu’elle soit la meilleure qui soit, démontre que le gouvernement et la mairie sont dépassés par cette situation du débordement des ordures dans la capitale.
Nous déplorons le fait que les ministres équipés de voitures, logements et gros salaires soient muets face à cette situation et n’arrivent surtout pas à trouver une solution à ce problème. Surtout que ce problème reste uniquement à Moroni, une capitale qui ne représente même pas la superficie d’un quartier des pays voisins. C’est une honte pour notre pays… Mais de quoi discutent ces ministres en conseil si la question des ordures ne les préoccupe pas ?.
Il estime que les ministres doivent informer le président de cette situation. “Nos mères meurent ici. Elles attrapent des maladies graves ici même, certaines font des Avc, ou attrapent la typhoïde, à cause de ces ordures. Et elles n’ont nulle part ailleurs où aller, c’est ici qu’elles gagnent leur pain et nourrissent leur famille”.
Il ajoutera que l’actuel gouvernement est responsable de la perte qu’ont subi les vendeurs et revendeurs la journée d’hier.
Nous, jeunes de ce pays, ne voyons pas d’un bon œil le président Azali et son gouvernement car ils privilégient les questions politiques au détriment des vrais problèmes que rencontre la population martèle-il.
Papa Faina estime en outre, que c’est une bonne idée de fermer les marchés pour les nettoyer, mais qu’il fallait informer tout le monde à l’avance avec un microphone qui aurait circulé dans tout le marché ou bien dans les radios, mais le message n’a pas été correctement relayé si bien que certains sont venus au marché ce matin.
Mot d’ordre suivi
Un peu plus loin, en allant vers le côté nord du grand marché, un policier interdit des jeunes assis sur une table de jouer aux cartes, sous l’œil surpris de ces derniers. “Mais on ne fait rien de mal, on est juste en train de jouer” grogne un jeune garçon.
Et le policier de riposter “ce n’est pas un lieu pour jouer, il n y’ a pas de travail ici, allez vous-en”. Certains vendeurs sont occupés à nettoyer le marché et pousser les ordures qui jonchaient à l’intérieur à l’aide de bâton.
A l’entrée nord du marché de Volo-volo, des agents de la police nationale montent la garde. L’agent que nous avons abordé nous a informés qu’il n’avait pas eu à interdire les gens de rentrer au marché car ils ne sont pas venus. Et s’ils sont encore là, c’est juste pour s’assurer qu’il n’y a pas de problème.
Pour sa part, Abdillah Said Bakar contrôleur général de la mairie qui fait une patrouille en moto estime que le mot d’ordre a été suivi et respecté et que même au petit marché les femmes balayaient. “C’est une solution préalable, nous allons ramasser les ordures, nettoyer et désinfecter les marchés” dit-il. Selon un conseiller communal, les ordures allaient être transportées au site d’Itsundzu.
Pendant que nous étions en train d’interroger l’agent de la mairie, un passant s’est impatienté et a demandé “qu’on leur laisse vendre leurs marchandises tranquillement”.
Lors de notre passage au petit marché “Shindo sha mbwani”, seuls les agents de la mairie étaient sur place en train de ramasser les ordures et les mettre dans un camion poubelle sous une pluie abondante.
Les ordures finalement déversées à Itsambuni
La mairie de Moroni semble dépassée par la crise des déchets qui secoue depuis un bon bout de temps la capitale. Après avoir annoncé la fermeture des deux marchés de la capitale pour des raisons de “salubrité publique”, elle a entrepris, hier, de nettoyer les marchés.
Les camions se sont vus pour la énième fois refuser l’accès au site d’Itsundzuu par des jeunes de la région d’Itsandra. Ces derniers réclameraient la libération de leurs amis encore détenus à la maison d’arrêt de Moroni.
Les ordures ont été ramenées à la capitale et déversées à l’entrée du marché de Volo-volo. Plus tard, dans la soirée, des camions viendront les récupérer. Direction la piste d’Itsambuni. Une solution provisoire, nous dit-on. La priorité, pour le moment, serait de débarrasser les marchés de leurs montagnes d’immondices afin que les activités reprennent au plus vite.
Dsd