La campagne de la cueillette du girofle bat son plein sur l’île de Mwali depuis un peu plus d’un mois. Habituellement, en pareille période l’île accueille également de nombreux jeunes, particulièrement des étudiants en provenance de l’île de Ndzuani, constituant la main-d’œuvre nécessaire dans les plantations. La région de Djando, réputée avoir la plus grande quantité de girofliers dans l’île, reçoit ces étudiants en quête d’un petit boulot pour préparer leur rentrée scolaire.
«J’étudie à l’Université de Patsy et j’ai envie de poursuivre mes études. Comme je suis issu d’une famille pauvre, je dois travailler et gagner de l’argent pour acheter mes fournitures scolaires et pouvoir aussi payer mon droit d’inscription», a confié Mohamed Bacar. La main-d’œuvre sollicitée par les grands producteurs locaux est à la charge de ces derniers, par contre les jeunes qui débarquent dans l’île de leur propre gré se prennent eux-mêmes en charge.
Une main-d’œuvre nombreuse
La journée commence à partir de 7 heures et peut s’allonger jusqu’à 17 heures, en fonction de la disponibilité du produit et de l’endurance au travail du cueilleur engagé. Certaines personnes pourront remplir jusqu’à un sac de 50 kg de clous de girofle par jour et percevoir la somme de 150 francs par kilogramme. Le patron de la plantation doit ensuite recourir au transport par véhicule pour pouvoir ramener sa récolte au dépôt. Mais s’il ne dispose pas de son propre camion, il va devoir débourser aussi des frais de transport fixés à 500 francs par sac de 100 kg et à 250 francs pour celui de 50 kg.
La filière du girofle a décidément besoin d’une main-d’œuvre nombreuse car au dépôt l’on entame la phase de la décortication des clous du girofle. Le kilogramme décortiqué est rémunéré à 50 francs. A en croire Mohamed Daoud, producteur de son état, «l’activité est très rentable car elle fait entrer des bénéfices surtout pour nous qui vendons directement sur place à Mwali». Il ajoute : «En plus de ce que je produis, j’achète aussi des clous de girofle verts à 500fc le kilogramme et les clous secs à 2 000fc. Puis je revends à 2 250 fc le kilogramme».
Cependant, un autre producteur insiste sur la complexité de la filière : «Des taxes et droits sont imposés aux exportateurs du girofle alors que nous ne bénéficions pas de l’encadrement de l’Etat. Nous devons être sécurisés par rapport au vol. Les voleurs sont à tous les niveaux, aux champs, à la maison, dans les magasins et même pendant le séchage. Mais on nous taxe sans aucun souci».
A souligner qu’en cette période de récolte du girofle, les maraudeurs pullulent dans les champs ne donnant aucun répit aux producteurs. Ces derniers sont obligés de rester sur le qui-vive car au moindre relâchement, ils se verront dérobés de leur récolte. «Ce qui ne nous sera pas facile à supporter, car c’est le seul produit qui nous rapporte un peu d’argent», insiste Mohamed Daoud Abdallah.
Trop de taxes à supporter
Le transport inter-îles du produit est aussi soumis à un régime de taxes. «Le gouvernement nous impose des nombreux taxes qui pèsent lourdement sur la santé financière de notre société», fait savoir l’interprète de la société Shen Zhen Eastern Spices. Moussa Mahoma Elarif détaille que cette taxation concerne l’Apc qui encaisse 250 francs par sac de girofle ; les dockers qui facture la manutention à 350 francs par sac ; le camionneur payé 200 francs par sac ; le frais du bateau qui varie entre 800 et 1.000 francs le sac et la trésorerie publique qui empoche aussi 500 francs par sac. La mairie perçoit 25.000 francs de taxe pour chaque cargaison.
La société chinoise Shen Zhen Eastern Spices, sise au quartier Salamani à Fomboni, «achète le kilogramme de girofle entre 2.300 et 2.350fc, selon la quantité présentée», a précisé le traducteur qui tient à faire la différence par rapport à la précédente campagne de récolte de girofle. La société est à sa deuxième opération dans l’île mais «cette année, les choses sont vraiment difficiles avec les nombreuses taxes imposées. Ce qui fait que notre patron est en train de réfléchir sur la reprise de l’activité dans l’île de Mwali dans les prochaines années».
Antufati Soidri