Mercredi matin. Un calme pesant règne à Mkazi. La localité, d’ordinaire grouillante d’activités en cette période de l’année, est comme paralysée. Le long de la route des tas d’arbres, des litchiers, surtout, sans leurs fruits. Nous descendons place du marché. Une femme y est étendue, somnolant. De l’autre côté de la route, sur la place publique, des riverains ici et là assis, discutant de sujet et d’autres.
Nous abordons un monsieur en boubou. Il s’appelle Bakari Idjihadi et possède, comme la plupart des gens dans la ville, un champ fourni en litchiers. L’année dernière, à la même période, son champ regorgeait de fruits. Cette année, les petits fruits rouges n’y poussent pas, ou ne sont tout simplement pas “comestibles”.
Le monsieur ne semble pas tant que ça préoccupé. “C’est la volonté de Dieu”, nous dit-il d’emblée. Le phénomène, explique-t-il, n’est pas nouveau. “Il nous est arrivé de traverser trois saisons de disette. Les récoltes varient d’une année à une autre.
L’année dernière on a eu droit à une forte abondance. Cette année, c’est l’inverse”. Les arbres, à l’en croire, ont été soumis à une forte insolation qui a empêché les fleurs d’éclore.
Bakari Idjihadi confie avoir quitté la France pour se consacrer à l’agriculture. Il fût un temps où, en pleine possession de ses moyens physiques, le monsieur cultivait le girofle, le poivre, la cardamome, la banane, le corossol et, bien sûr, le litchi.
Aujourd’hui, le vieux briscard est obligé de céder ses champs à des particuliers pour entretenir la production. Grâce à la culture du litchi, il a pu engranger, la saison dernière, jusqu’à 1 million 100.000 francs comoriens. “Les producteurs qui assurent eux-mêmes la récolte et le transport de leurs produits ont réussi à faire beaucoup plus de profits”, assure-t-il.
Bakari Idjihadi déplore le défaut d’encadrement de la filière litchi aux Comores, comme c’est le cas à La Réunion et à Madagascar, cite-t-il en exemple. Il pointe du doigt les prix, qui sont fixés selon le bon vouloir des vendeurs, et l’absence de routes adéquates qui permettraient de faciliter le transport. Il faut dire que la récolte, le plus souvent, se fait sous bois.
Les producteurs ont dû mal à acheminer leurs produits vers la capitale. En outre, dans la “bonne saison”, les fruits pourrissent sur les arbres, quant ils ne sont pas dévastés par des bestioles, des chauves-souris, des lémuriens et autres oiseaux.