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Filière ylang I Trois sites de distillation certifiés «éco responsables» à Ndzuani

Filière ylang I Trois sites de distillation certifiés «éco responsables» à Ndzuani

Société | -   Sardou Moussa

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Le secteur connait d’énormes difficultés car depuis quelques années, des stocks d’essence n’ont pu être écoulés, et le prix du kilogramme de fleur d’ylang, qui jadis atteignait 2 000 francs, est complètement effondré. Aujourd’hui, le kilogramme de fleur est à quelques centaines de francs, 300 francs en ce moment

 

L’Organisation non gouvernementale Initiative Développement (Id) a organisé une cérémonie, jeudi 02 mars dans son siège de Ouani, au cours de laquelle trois distillateurs d’ylang-ylang de l’île de Ndzuani ont reçu des certificats attestant que leurs sites de distillation sont éco responsables. Les trois heureux gagnants, Aboubcar Affouanlou, Assadi Soifaoui et Malide Ousseni, ont leurs unités de distillation à Bimbini, Milembeni et Dagi. La première a été évaluée comme répondant à l’ensemble des critères préétablis, tandis que les deux autres ont été «certifiés avec réserves».

 

S’exprimant au nom de l’ensemble des lauréats, Aboubacar Affouanlou a dit être «heureux» et “prêt à redoubler d’efforts», mais a aussi appelé les décideurs politiques à «converger leurs efforts pour faire redécoller la filière ylang, car elle fait vivre beaucoup de gens». Si l’on en croit les statistiques officielles, ce secteur contribue 14 % des exportations nationales, et emploie 10 % de la population active de Ndzuani. Cependant, le secteur connait d’énormes difficultés car depuis quelques années, des stocks d’essence n’ont pu être écoulés, et le prix du kilogramme de fleur d’ylang, qui jadis atteignait 2 000 francs, est complètement effondré. Aujourd’hui, le kilogramme de fleur est à quelques centaines de francs, 300 francs en ce moment. Différents intervenants de la séance ont mis cette chute sur le compte de la concurrence féroce des producteurs malgaches, qui offriraient de l’essence également de qualité mais surtout à bon marché. D’où la démarche engagée par Id depuis 2021 de proposer aux distillateurs locaux un modèle de production éco responsable, c’est-à-dire respectueux de l’environnement et de la société.


Ce modèle implique «l’amélioration et la sécurité des conditions de travail, la rationalisation des consommations des ressources naturelles (bois, eau…) et leur renouvellement». Il inclut également, «la diminution ou la suppression des rejets polluants (optimisation de la combustion, compostage, limitation des rejets à la rivière)» et «l’accompagnement des acteurs les plus précaires (salaires décents, formations)», ou encore «la traçabilité des productions».Concrètement, cela passe par  l’introduction des «Unités de distillation à foyer économe (Udafe)» et la sécurisation des sites contre les éventuels accidents de travail. Cela nécessite aussi d’abriter les sites de distillation contre le soleil et la pluie, les équiper d’une double citerne de recyclage de l’eau, de chambre de séjour équipée de toilettes, et de valoriser les résidus de la distillation en les transformant en compost.

Pour le responsable des programmes d’Initiative Développement, Dhoul-djamal ben Soulaïmana, c’est en suivant cette voie que la filière d’ylang comorienne pourra rapidement retrouver ses lettres de noblesse. «Depuis 2019, nos bailleurs nous signalent la dégradation de la qualité de notre essence d’ylang, et nous invite à y remédier. A notre niveau, nous n’avons pas la capacité de labéliser notre produit, mais nous pouvons au moins introduire ce modèle qui nous mènera vers le même résultat, à savoir vers un produit dont la qualité est garantie par les méthodes de production», nous a-t-il expliqué. Ce dernier estime aussi qu’il est temps d’enrôler davantage les jeunes et les femmes dans la filière, et de réfléchir déjà à la possibilité d’une transformation locale de notre essence.

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