logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Fiscalité et Genre/Awa Ndiaye I «Nous privilégions une approche progressive, pragmatique et adaptée au contexte local»

Fiscalité et Genre/Awa Ndiaye I «Nous privilégions une approche progressive, pragmatique et adaptée au contexte local»

Société | -   A.S. Kemba

image article une
Le projet GET est financé par le Trésor français et est appuyé techniquement par Expertise France. Il vise à accompagner les administrations fiscales africaines à intégrer, à travers des bonnes pratiques et une sensibilisation, «la dimension genre» dans leurs politiques avec comme objectif d’impliquer fortement toutes les couches sociales, les femmes en particulier, pour élargir l’assiette afin d’accroître les recettes fiscales. La cheffe du projet, Awa Ndiaye, revient sur «sa pertinence» dans des pays d’Afrique où le secteur informel, occupé en grande partie par des femmes, est considéré comme un levier important dans la stratégie de mobilisation des ressources publiques.

 

En quoi consiste votre projet et quels sont ses objectifs phares ?


Le Projet GET (Gender Equality in Taxation), vise la réduction des inégalités de genre dans les systèmes fiscaux et douaniers des pays partenaires afin de contribuer à une fiscalité plus équitable, plus inclusive et plus efficace. Concrètement, le projet poursuit deux objectifs principaux : d’une part, renforcer les politiques, les pratiques et l’organisation des administrations fiscales et douanières pour réduire les inégalités de genre. Et d’autre part, soutenir la structuration et la visibilité des actions de plaidoyer en faveur d’une fiscalité plus juste.

Le Projet GET s’articule ainsi autour de trois piliers complémentaires : une facilité d’assistance technique aux administrations, un appui à la recherche et un renforcement du plaidoyer. Aujourd’hui nous travaillons avec les administrations fiscales, les administrations douanières, les OSC, les réseaux internes et externes aux administrations, les organisations internationales, les Ong internationales. Les parties prenantes du projet sont situées en Afrique de l’ouest (Uemoa- Cedeao), en Afrique de l’est (Cemac) et les Comores.

Comment, à travers ce projet, comptez-vous réduire les inégalités de genre dans les systèmes fiscaux au sein des pays ciblés ?


Le projet GET agit à plusieurs niveaux. Il s’agit d’abord de mieux comprendre comment les politiques fiscales, les procédures et les pratiques administratives peuvent avoir des effets différenciés sur les femmes et les hommes. Cette analyse permet ensuite d’identifier des leviers concrets d’amélioration. À travers des formations, des diagnostics, des outils pratiques et des échanges d’expériences, GET accompagne les administrations fiscales pour intégrer le genre dans leurs missions quotidiennes, qu’il s’agisse de la conception des politiques, de la relation avec les contribuables ou de l’organisation interne. L’objectif n’est pas de créer des dispositifs parallèles, mais d’améliorer l’existant afin que la fiscalité réponde mieux aux réalités économiques et sociales de l’ensemble des contribuables, tout en renforçant l’efficacité et la performance des administrations.

Quelle approche ou bonnes pratiques préconisez-vous avec la DGI des Comores pour intégrer la dimension Genre dans le système fiscal ?


Avec la Direction générale des impôts des Comores, nous privilégions une approche progressive, pragmatique et adaptée au contexte local. L’intégration du genre repose sur trois dimensions complémentaires : l’administration interne, la relation avec les contribuables et l’analyse des politiques fiscales. Un accent particulier est mis sur la communication avec les contribuables, car elle constitue un levier essentiel pour améliorer l’accueil, la compréhension des obligations fiscales et la conformité volontaire.

Cela passe par l’identification des différents profils de contribuables – notamment les femmes entrepreneures, les travailleurs du secteur informel ou les jeunes – et par l’adaptation des messages, des outils et des canaux de communication à leurs réalités spécifiques. Les bonnes pratiques consistent notamment à renforcer les capacités des agents, à utiliser des données sexo-spécifiques lorsque cela est possible, et à concevoir des actions de civisme fiscal plus inclusives, afin de renforcer la confiance entre l’administration fiscale et les citoyens.

Qu’attendez-vous de cette formation et comment comptez-vous garantir le suivi aux Comores par rapport aux objectifs assignés au projet ?


Cette formation vise avant tout à renforcer les compétences des agents et cadres de la DGI, en leur fournissant des outils concrets pour intégrer la dimension genre dans leurs pratiques professionnelles, notamment dans la communication et la relation de service avec les contribuables. Au-delà des connaissances, nous attendons de cette formation qu’elle permette de faire émerger des recommandations opérationnelles, adaptées au contexte comorien, et portées par les équipes elles-mêmes.

Le suivi sera assuré à travers les livrables produits, les recommandations formulées et les échanges continus avec la Direction générale des impôts (Dgi).
Le projet GET s’inscrit dans une logique d’accompagnement, et cette formation constitue une étape structurante pour envisager des actions futures, renforcer les bonnes pratiques et inscrire durablement la prise en compte du genre dans le fonctionnement de l’administration fiscale des Comores.

 

Commentaires