L’Association pour le développement des artisans et du tourisme d’Anjouan (Adata) a lancé sa première foire la semaine dernière au foyer de la Jeunesse active fraternelle (Jaf) à Mutsamudu. Entre musiques et danses traditionnelles, les exposants, la trentaine, ont proposé leurs créations aux locaux et à des touristes de passage sur l’île. Divers stands sont à découvrir : couture, gastronomie, cosmétique en passant par la menuiserie, l’agronomie et la transformation.
Cinq jours de foire, 36 artisans, plus d’une centaine de produits et plus de 1000 potentiels acheteurs attendus. Dans cette foire sont exposés des produits des artisans de Ndzuani. «Nous avons réuni les différents produits artisanaux de Ndzuani. Nous voulons promouvoir nos produits et le talent de l’île. Nous espérons que ce sera une activité génératrice de revenus, de promotion et de visibilité qui permettra la vente de nos produits aux Comores et à l’international. Nous avons en premier lieu les produits de nos membres, mais aussi des autres artisans de l’île», fait savoir Sittina Echat Assadi, membre de l’Adata.
De nombreuses difficultés
Pour sa part, Rahamatou Goulam Badoro, commissaire générale des expositions et foires aux Comores se félicite de l’initiative. «Je suis très fière qu’une association d’artisans ait pris l’initiative d’organiser cette foire puisque cela fait partie du programme de la direction de l’artisanat de réunir les artisans en coopérative en 2023. Cette initiative nous facilite énormément» se réjouit-elle.
Les artisans de l’île font face à plusieurs difficultés. Selon la même commissaire, les formations, les ateliers et les forums ne suffisent pas pour combler le manque de matières brutes. «Le manque de matières premières impacte gravement la productivité de nos artisans. Nous ne pouvons pas nous développer sans matières premières. Nous devons également améliorer la qualité de nos produits, les protéger et les certifier. Dans ce sens, nous avons pensé faire une marque unique pour les produits des sculptures, des broderies, entre autres. Nous avons lancé la marque Zatru, que nous voulons enregistrer. C’est une marque financée par l’Etat pour que nos artisans en bénéficient», fait-elle savoir.
De son côté, Sittina Echat Assadi regrette le manque de soutien aux artisans. «Nous avons pris l’initiative, cotisé avec les artisans pour l’organisation de cette foire, plus les quelques sponsors que nous avons eus. Nous sentons que nous sommes abandonnés bien que le plan Comores émergent (Pce) soit basé beaucoup plus sur l’artisanat et le tourisme. Il aurait fallu plus de soutien de la part des autorités», dit-elle.
La présidente de l’association, Hadidja Ali, revient sur les problèmes de santé liés à la consommation des produits importés et dont les mesures de sécurité sanitaire ne sont pas suffisantes. «Nous achetons à l’étranger. Or, nous avons des produits bio qui sont sans danger pour notre santé. Nos aïeux étaient en bonne santé grâce à leur consommation saine et bio. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de maladies cardiovasculaires dues en grande partie aux aliments importés. Nous vous invitons à soutenir la production locale et à consommer local», préconise-t-elle.
Des touristes présents dans la foire
Un des premiers objectifs de la foire a été atteint, selon les organisateurs. Lors de cette première journée d’ouverture et d’exposition, nous notons le passage de quelques étrangers, dont des Indiens et des touristes français. Frédéric Noe, touriste français résidant à Mayotte, accompagné de sa conjointe, a pu acheter des produits inédits. «C’est plutôt très bien parce qu’il y a plusieurs produits variés. Nous avons pris des cosmétiques, un porte-savon. C’est intéressant parce que nous avons pris des produits que nous n’avons pas l’habitude d’utiliser ou de voir en France comme de l’ylang-ylang ou du Moringa», dit-il.
Par Ahmed Zaidou (stagiaire)