À partir de 22h, les rues de la capitale mohélienne se vident peu à peu. Une heure plus tard, on n’y croise plus âme qui vive, hormis quelques gardiens de banque encore à leurs postes. À Fomboni, la nuit tombe aussi sur la vie sociale.
Pas d’animation, pas de concerts, pas même une partie de dominos sur le trottoir. Seul le quartier de Kanaléni tente parfois de briser le silence, en organisant un mrenge (combat de boxe traditionnel) ou quelques événements culturels. La saison des mariages, entre juin et septembre, reste la plus vivante.
Rien qu’à Monimwamdji, on a compté cette année plus de six grands mariages (shungu et autres célébrations). Certains s’en réjouissent : ces festivités donnent lieu à des soirées animées. Mais hors saison, le calme reprend le dessus. Le maire de Fomboni, Takidine Mahamoudou, admet qu’aucun programme culturel ou social n’est prévu pour dynamiser les soirées de la ville. « C’est une habitude chez les Mohéliens depuis des années, on ne saurait vraiment l’expliquer », confie-t-il, en précisant que toute activité nocturne doit désormais être autorisée et ne pas dépasser minuit.
Les stands ferment dès 22h30 ou 23h
Ce silence surprend même les visiteurs venus des autres îles. L’un d’eux, originaire de Ndzuani, s’étonne : « Chez nous, il y a toujours de l’activité le soir. Ici, je rentre chez moi à 21h ou 22h sans rien avoir à faire. Il ne se passe rien, sauf les jours de match. », Même constat pour Ansum, « Le seul moment où l’on sort, c’est quand il y a un match. Sinon, on se croirait dans un film d’horreur : vide, sombre, silencieux », observe-t-il. Et les femmes ? Leur présence dans l’espace public reste discrète.
Comme souvent, seules celles accompagnées de leur conjoint se déplacent en voiture ou à moto. Pour certaines, la principale activité consiste à vendre des brochettes, notamment entre les quartiers de Salamani le plus animé et Pare Yaudju (Masandzeni, Mdjimbia…), où l’on retrouve plusieurs vendeuses et vendeurs. Mais là aussi, les stands ferment dès 22h30 ou 23h. À quelques pas de là, à Mabahoni, les commerçants comme Soilihi veillent un peu plus tard. Plus loin, dans le quartier Comotel, quelques signes de vie subsistent : vendeurs de brochettes, et même une vendeuse de pop-corn une première dans ce secteur.Fomboni semble ainsi s’endormir bien avant minuit, sans projet concret pour réveiller ses nuits. Mais à quand une véritable vie nocturne ?