Le secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique, Soilihi Mohamed Djounaid, a découvert “un réseau de fraudes massives” entretenu par les autorités de la Fonction publique. “Ces autorités facilitent l’arnaque et l’usurpation d’identité de certains agents de la Fop à l’insu des hautes autorités alors que nous voulons assainir le fichier et maîtriser la masse salariale”, signale Soilihi Mohamed Djounaid. Il poursuivra : “nous avons tout fait : suspensions des agents qui ont abandonné leurs postes, déniché les agents fantômes, rétrogradé des agents, suspendus les détenteurs de faux diplômes, cessé les recrutements et gelé les avancements. Tout cela dans l’optique d’assainir le fichier des agents de la Fonction publique, mais la masse salariale reste toujours la même et ne diminue pas en fonction des mesures que nous prenons”, se désole le secrétaire d’Etat chargé de la Fonction publique.
A l’en croire, ces mesures n’ont pas apporté les résultats escomptés parce que malgré nos efforts, un groupe de personnes a décidé de les saboter. “Ce n’est que dernièrement que nous avons appris qu’il y ait des choses qui se font via un réseau dont on ignore l’existence jusque-là”, a poursuivi Soilihi Mohamed Djounaid qui admettra que “sans votre enquête nous ne l’aurions sans doute jamais su”. Et il était impossible de détecter sans votre intervention”. Une phrase que le secrétaire d’Etat adressait à une femme à l’origine de cette découverte.
“La goutte d’eau qui a fait déborder le vase”
Pour la petite histoire, tout a commencé lorsqu’un enseignant du lycée de Ntsudjini a pris un congé d’un mois et s’est rendu en France. Etant bloqué par la fermeture des frontières survenue suite à la pandémie de la Covid-19, sa sœur a demandé un congé de trois mois le temps que la situation se régularise. Lequel congé n’a jamais été traité par le directeur régional de la Fop de Ngazidja. Moinour Saïd, la sœur de l’agent bloqué en France, a voulu par la suite demander une disponibilité d’une année afin de permettre à son frère de suivre les traitements médicaux qu’il a commencés à faire entre temps.
“Ayant constaté que le directeur régional de la Fop de Ngazidja n’a pas traité la demande de congé de trois mois, je me suis rapproché du directeur de cabinet de la fonction publique Ibrahim Ali Soilih, que je remercie au passage car il m’a beaucoup soutenu. Ce dernier m’a montré les démarches à suivre pour obtenir la disponibilité”, dit-elle. C’est lorsque Moinour Saïd a récupéré la fiche signalétique de son frère qui allait compléter le dossier qu’elle a découvert le pot aux roses. “Sur la fiche signalétique, le nom et le numéro de matricule de mon frère étaient mentionnés, mais paradoxalement, c’est un compte basé à la Meck dont le propriétaire répondait au nom de K.M. qui était associé aux identifiants de mon frère”, confiera-t-elle.
“Menace de la directrice générale de la Fop”
Ayant trouvé le moyen de découvrir le réseau de trafic et de fraude dont il soupçonnait depuis, le chef du cabinet Ibrahim Ali Soilih, s’est approprié du dossier, et a commencé une enquête de la Meck à la Fonction publique en passant par le trésor. “Le trésorier payeur général a écrit à la directrice de la Meck, et dans cette lettre, il leur a demandé de retirer le salaire et de le verser au propriétaire, mais il s’est avéré que le dénommé Kassim Mdrana avait déjà retiré l’argent. Nous avons convoqué K.M. pour l’interroger et c’est là que nous avons découvert qu’il s’agit d’un réseau qui concerne plusieurs agents de la Fop”, nous a confié le chef de cabinet Ibrahim Ali Soilih.
Selon le récit de Moinour Saïd, la sœur de la victime, “K.M. a été convoqué à la Meck-Moroni et a déclaré qu’il remplace le propriétaire de ce matricule car il ne travaille plus. Ce qu’il a oublié de dire c’est que durant cette période, les écoles étaient fermées”, déclare-t-elle avant d’ajouter “la directrice de la Fonction publique m’a appelé dans son bureau la semaine dernière. Elle m’a signifié qu’elle allait suspendre mon frère, que je devais rembourser une année de salaire, alors que mon frère est parti le mois de février dernier, et que si je ne coopère pas, elle allait appeler la gendarmerie pour m’arrêter.
Et pour couronner le tout, elle m’a dit qu’elle n’allait pas lui accorder sa disponibilité, car son matricule ne lui appartient pas. Une sortie que sa collègue présente lors de cet entretien, a essayé d’en dissuader, estimant que mon frère a le droit d’obtenir cette disponibilité pour avoir exercé durant plus de 10 ans, en vain”. C’est suite à cette rencontre, que Moinour Saïd a décidé, avec l’aide du chef de cabinet Ibrahim Ali Soilih, d’aller tout raconter au secrétaire d’Etat, jeudi dernier. Aussitôt que Soilihi Mohamed Djounaid “nous a reçu, il a commencé son enquête”, confie Moinour Saïd.
Une vague de suspension
Le patron de la Fonction publique, indiquera par la suite que sur l’ordinateur, il n’est nulle mention de changement de numéro de compte mais d’attribution de poste. “Pour moi, une attribution de poste est suivie d’une note, sauf que dans l’acte attribué au bénéficiaire de ce salaire… rien n’est mentionné, ce qui est normal puisqu’il s’agit d’une fraude. Ils ont juste changé le numéro de compte et le nom”, souligne Soilihi Mohamed Djounaid.
A l’en croire, cela veut dire que leur système informatique n’est plus fiable car les agents arrivent à effectuer des fraudes sans qu’il y ait une quelconque alerte. “Je comprends qu’il y’a une complicité du service informatique c’est pour cela que j’ai pris la décision de balayer tout ce service. Je n’épargne personne dans ce service car je ne leur fais plus confiance.
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