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Formation du nouveau gouvernement I Les législatives en ligne de mire

Formation du nouveau gouvernement I Les législatives en ligne de mire

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Le chef de l’Etat viserait les législatives qui devraient se tenir début 2025 en nommant les nouveaux membres de l’exécutif.

 

Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a reçu un accueil triomphal à Mnungou le 12 juillet dernier. Il s’y est rendu pour la prière hebdomadaire du vendredi (notre photo). Une visite effectuée une dizaine de jours après avoir nommé son nouveau gouvernement.

Parmi les bienheureux qui forment l’exécutif, Mbae Mohamed, jeune (42 ans tout de même) ministre des Affaires étrangères. Il se trouve également et c’est loin d’être une coïncidence que le diplomate est originaire de cette localité sans histoires, située à quelques encablures de Mbeni, chef-lieu de la région de Hamahamet.


L’ambiance, festive à souhait, de ce 12 juillet n’était pas sans rappeler celle d’une campagne électorale, de l’avis des journalistes présents. Assurément, dit-on du côté du pouvoir, Azali Assoumani avait les législatives dans un coin de la tête et pas que, lors de la formation de ce nouveau gouvernement.

Exit donc l’enfant de Mbeni, Mze Abdou Mohamed Chanfiou, d’abord nommé ministre de l’Economie le 26 août 2021, puis argentier de l’Etat à compter du 09 mai 2022 jusqu’à son débarquement le 1er juillet.

L’ancien gouverneur de la Banque Centrale des Comores est donc «remplacé» par Mbae Mohamed. Durant toute la période où il était «aux affaires», Azali Assoumani n’a jamais pu prendre ces bains de foule à Mbéni qu’il semble tant affectionner. De façon «stratégique», il s’est donc replié à Mnungu, situé à un jet de pierre de la capitale régionale.

Ira ou ira pas ?

A Ndzuani, le locataire de Beit-Salam remercie le natif de Mutsamudu, Salim Djaanfar alias Sarkozy jusqu’ici ministre des Sports et nomme «à la place» Miroidi Aboudou Idarousse. Si ce dernier vient de la tonitruante localité de Mirontsy, limitrophe de Mutsa, les deux villes forment une seule et même circonscription. La guerre de leadership que se livraient les deux hommes était notoire, tout comme est notoire la rivalité entre les localités.

Interrogé, Salim Djaanfar, qui a perdu sa sœur dernièrement, a déclaré «ne pas avoir la tête à cela». Mais pour Abdillah Ahmed Ali, soutien du chef de l’Etat, passé par le parti Ridja de Said Larifou, il n’y a point de rivalités.

«En ce qui concerne les rivalités supposées, il n’y en a pas. Les récentes décisions ont été prises pour insuffler un nouvel élan dans ce nouveau mandat, en accord avec les promesses faites lors de la campagne électorale», croit-il savoir.

Par ailleurs, «une autre lecture politique peut être faite avec la non présence d’un ministre issu de la même ville qu’un gouverneur de l’île», poursuit-il. Pour «preuves», Zaidou Youssouf, gouverneur de Ndzuani, Mze Mohamed Ibrahim, gouverneur de Ngazidja.

Le premier est de Mutsamudu, le second de Mitsamihuli, les deux villes n’ayant aucun ministre. Quant à Chamina Mohamed, première magistrate de l’île de Mwali, elle est de Fomboni par sa mère et Djoiezi par son père. Toutefois, il est à noter qu’il y a bien un ministre, celui de l’Énergie, originaire de Fomboni.


«Itsinkudi-Koimbani, Mnungu-Mbeni, Ouzioini-Foumbouni, Mirontsy-Mutsamudu, Ntsudjini-Hahaya, c’est effectivement troublant. Tout gouvernement mis en place à six mois d’un scrutin laisse penser naturellement qu’il est conçu pour affronter la bataille électorale», estime, pour sa part, Fahmi Saïd Ibrahim, ancien député, ministre et opposant au pouvoir en place.

Et de poursuivre : «L’issue des législatives nous dira si le président a vu juste ou non en choisissant les deuxièmes villes contre les ministres sortant issus des capitales régionales, du moins pour la plupart».


Al-watwan a contacté l’ancien gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Saïd Soilihi, qui a refusé de commenter «la composition d’un gouvernement alors que nous ne reconnaissons pas l’élection d’Azali Assoumani». Ce candidat à la présidentielle de janvier 2024, issu d’Itsandra-Nord, dont le fief incontesté est Ntsudjini, a vu un de ses anciens bras droits nommé dans le dernier gouvernement d’Azali.


Oumouri Madi Hassani, natif de Hahaya, qui «supplante» Ahmed Bazi, est le ministre des Postes et des Télécommunications. Représentant de la Nation lors de la législature allant de 2015 à 2020, il fut élu député sous les couleurs de l’ancienne formation politique de Mouigni Baraka.

Les anciens alliés croiseront-ils le fer lors des prochaines élections ? «P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non». La réponse proviendra de l’un des deux titres de la chanson que l’opposition décidera d’entonner : «ira» (aux élections) ou «ira pas»….

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