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Forum sur l’inclusion financière I Une deuxième journée consacrée aux innovations numériques

Forum sur l’inclusion financière I Une deuxième journée consacrée aux innovations numériques

Société | -

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La deuxième et dernière journée du Forum de l’inclusion financière a réuni experts et diaspora autour des technologies fintech, commerce en ligne et crowdfunding pour renforcer les liens économiques avec les Comores.

 

Le deuxième et dernier jour du Forum de l’inclusion financière de la diaspora comorienne, à savoir le mercredi 7 août, a été marqué par des échanges riches entre des experts de l’Union des chambres de commerce, d’industrie d’artisanat (Uccia), des représentants de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anpi), et des membres de la diaspora. L’objectif principal de cette seconde journée a été de générer des idées innovantes qui pourraient favoriser l’inclusion financière et stimuler l’entrepreneuriat au sein des communautés comoriennes de l’étranger.


Une table ronde, organisée en plusieurs sessions, a permis de discuter de sujets variés tels que la fintech (financial technology, ou technologie financière), la monétisation de contenus numériques, le commerce électronique et le financement participatif. Chaque paneliste a partagé son expertise et ses idées sur la façon dont ces outils pourraient être mobilisés pour renforcer la solidarité économique entre la diaspora et leur pays d’origine.

Défaut de l’internet illimité

La première session a été consacrée à la fintech, présentée par Naoufad Saandi, responsable de la plateforme Comores en ligne. Il a d’abord souligné l’importance de la technologie pour faciliter les transferts d’argent, souvent coûteux et longs. Une solution innovante, telle que l’application mobile «Kartapay», permet aux utilisateurs de Mvola et Holo d’effectuer des paiements en ligne, tant au niveau national qu’à l’étranger pour la diaspora. Cependant, le jeune entrepreneur a exprimé ses inquiétudes concernant la réglementation des virements, qu’il juge rigide, car nécessitant que sa plateforme dispose d’une somme importante pouvant atteindre 50 millions de francs comoriens, selon l’évaluation de la Banque centrale, ce que Comores en ligne ne peut se permettre.


Pour Saandi, il s’agit d’un obstacle, car pour que la plateforme soit accessible à l’international, elle doit pouvoir utiliser Mastercard ou Visa. En réponse, l’un des intervenants a suggéré que la plateforme devrait maîtriser la question de la réconciliation interbancaire, un sujet très sensible, car cela permet de s’assurer qu’une transaction a bien abouti et que la plateforme peut encaisser sa commission. La vice-gouverneure de la Banque centrale des Comores (Bcc) a, quant à elle, affirmé qu’une procédure regroupant différentes solutions de paiement, permettant à la diaspora en France et ailleurs de transférer de l’argent de manière plus efficace et sécurisée, est déjà en cours de mise en œuvre.


Le paneliste Abdourahman Cheik, connu sous le nom d’artiste Cheik Mc, a bordé le sujet de la monétisation de contenus numériques en racontant son expérience en tant qu’artiste qui a connu des moments sombres de son carrière lorsqu’il devait faire face au système de piratage de ses chansons sans pouvoir se défendre. Il a affirmé néanmoins qu’actuellement, grâce à la monétisation numérique et son enregistrement à la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, une organisation française), il génère des revenus mensuels et sa musique est aujourd’hui protégée. Il a ensuite souligné que la monétisation par exemple d’une chaine YouTube ou l’ouverture d’un compte PayPal est impossible aux Comores car tout simplement le pays n’est pas éligible.

Un aperçu prometteur

Cheik MC a précisé qu’il s’est enregistré en France et au Kenya pour pouvoir en bénéficier. Il a rappelé que la chaine YouTube a ses conditions pour monétiser, comme le nombre d’abonnés qui doit atteindre 1 000 et le nombre de «vus». Mais selon lui son public de base situé aux Comores ne parvient pas à faire de nombreuses «vus» puisque l’internet illimité n’est plus. Farouk Abdou, un autre participant, a proposé que l’Etat collabore avec la Bcc pour faire comme d’autres pays africains qui sont en avance dans le domaine numérique et faire des Comores un pays éligible car la technologie va vite.
La troisième session a été centrée sur le commerce électronique, dirigé par Naila Abbas, la responsable de Kuuza Comores.


Les discussions ont porté sur le potentiel du commerce en ligne pour permettre aux entrepreneurs de la diaspora d’accéder à de nouveaux marchés. Des initiatives pour former les jeunes à la création de boutiques en ligne ont été évoquées. Un expert a partagé son expérience de mise en réseau d’entrepreneurs vivant à l’étranger, et comment cela avait facilité la vente de produits artisanaux sur des plateformes internationales.


La dernière table-ronde, représentée par Fakih Abdallah de Comwork, a exploré le financement participatif (couramment désigné par l’anglicisme crowdfunding) comme solution pour soutenir des projets d’entrepreneuriat au sein de la diaspora. Les intervenants ont présenté des cas de plateformes de crowdfunding qui réussissent à rassembler des fonds pour des idées innovantes. La possibilité de créer une plateforme spécifique pour les projets d’investissement et de développement au sein des communautés de la diaspora a été envisagée, pour ainsi renforcer le lien entre les investisseurs et les entrepreneurs. Le mot de la fin de ce forum est revenu au gouverneur de la Banque centrale, qui a réaffirmé que «la coopération entre la diaspora et les institutions locales est essentielle pour développer des solutions durables ». Selon lui, « les idées innovantes discutées lors des tables-rondes ont offert un aperçu prometteur de la manière dont la technologie et la collaboration peuvent transformer l’inclusion financière».

 Saïd Toihir

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