Le directeur général de la société nationale de l’électricité des Comores (Sonelec), Mohamed Djounaid Soilihi, ainsi qu’un chef d’une des centrales de la boite se trouvent à Paris pour l’acquisition de deux groupes électrogènes. Cet achat a été annoncé lors de sa passation de service après une demande, auprès du gouvernement, d’acquisition de deux nouveaux groupes de 750 tours par minute et d’une puissance totale de trois mégawatts au profit de la société publique.
Pourtant, bien que se trouvant à Paris en ce moment pour acquérir des moteurs, selon un bon de commande dont Al-watwan dispose d’une copie, une commande a été passée, depuis le 5 janvier 2021, auprès d’une société malgache dénommée Henry Fraise qui «assure la distribution exclusive de Caterpillar dans l’Océan indien» pour un délai de livraison prévu à 6 semaines. Si la commande était maintenue, on ignore pourquoi l’ancien secrétaire d’Etat se trouve en ce moment à Tana et non à Paris.
Notons que la commande lancée auprès de Henry Fraise se chiffre à 500 mille dollars pour chaque groupe, avec un montant total d’un million cent trente-sept mille cent un dollars, si on rajoute le prix du raccordement des deux groupes et l’assurance et fret maritime vers les Comores. «Modalité de paiement : 100% à la réception, garantie de douze mois après mise en service, pièces et mains d’œuvre, assistance technique pendant douze mois. L’assistance technique assistera les techniciens de la Sonelec sur le reconditionnement des autres groupes», peut-on lire dans ce bon de commande.
Interrogé sur la probable annulation de la commande auprès de Henry Fraise et l’absence d’un appel d’offres sur l’achat des deux groupes, le ministre de l’Energie, Houmed M’saidie, fait savoir que la Sonelec va acheter, avec l’aide du gouvernement, des groupes pour stabiliser la fourniture de l’électricité et pour entamer dans la sérénité la révision des autres groupes. «Il s’agit de deux groupes neufs de secours pour répondre à l’urgence. Pour avoir une fourniture régulière d’électricité, il est impératif de réaliser toutes les révisions d’ici la première quinzaine de mars. Pour ce faire, plusieurs fournisseurs ont été approchés et nous sommes maintenant dans les temps pour être au rendez-vous à la fois de la fourniture régulière et des révisions», indique le ministre. Une information qui n’a ni confirmé ni infirmé l’annulation de la commande.
De son côté, Mohamed Djounaid Soilihi, dans sa réponse assure que ladite commande n’est pas encore annulée mais que le gouvernement est entré en contact avec d’autres fournisseurs. «La commande n’est pas annulée avec Henry Fraise, mais elle n’est pas non plus retenue. Ma visite à Paris sera décisive. Je ne décide pas, je suis les orientations. Nous ne sommes pas obligés d’acquérir les groupes chez eux», a-t-il fait observer, avant d’ajouter que les négociations se font avec la société Caterpillar à Paris.
Plus d’un million de dollars
Pour ce qui est de l’absence d’appel d’offres le directeur général de l’ex-Mamwe affirme qu’une demande d’autorisation a été formulée auprès de la direction nationale du contrôle des marchés publics (Dncmp) afin de procéder à une négociation de gré à gré. «J’ai hérité d’une situation chaotique et la population n’en peut plus d’attendre les groupes doivent être révisés au plus tard en mars et en avril, nous aurons le ramadan. Beaucoup de paramètres ont contribué à prendre cette décision. Ceci bien concerne évidemment un plan d’urgence.
Mais pour la suite, tout se fera dans les règles de l’art», dit-il. La patronne de la Dncmp soutient que le directeur de la Sonelec a bel et bien dressé un état des lieux de la société dont il a la charge, plus particulièrement les moteurs. «Il a motivé en demandant une autorisation pour et moi-même, (sic) et j’ai partagé l’information avec la cheffe de l’Autorité de régulation des marchés publics via un texto», a-t-elle également répondu via un sms.