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Fronde à l’Aéroport International Prince Said Ibrahim I « Je n’ai jamais envisagé de démissionner »

Fronde à l’Aéroport International Prince Said Ibrahim I « Je n’ai jamais envisagé de démissionner »

Société | -

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Maamoune Chakira, le directeur général de la société des Aéroports des Comores est confronté à un conflit social avec une bonne partie de son personnel. Il lui reproche un management par la peur et a appelé à sa démission la semaine dernière Le directeur, malgré les événements des derniers jours, semble imperturbable. Il a répondu à toutes nos questions sauf celle relative à la sécurité des agents se trouvant depuis le mois dernier dans un camp paramilitaire à Itsundzu. Entretien.

 

Alors avez-vous déjà envisagé de démissionner ?

 Cela ne m’a jamais traversé l’esprit

Comment allez-vous gérer la situation ?

 Comme toute « situation de crise » sur une plateforme aéroportuaire, par une combinaison de mesures de mitigations pour garantir la sécurité et la sûreté.

Allez-vous jouer la carte de l’apaisement ? Si oui quelles mesures comptez-vous mettre en place ?

On parle ici d’abord de mesure d’agression physique et verbale, séquestration et tentative de prise de possession de bâtiments et biens publics. Il y a d’abord un temps pour la justice. On verra par la suite.

Quand le personnel a brandi la carte de la grève, n’avez-vous pas craint une paralysie du pays ?  

Je n’ai jamais été saisi officiellement d’une annonce de grève. J’ai juste vu les communiqués dangereux envoyés aux compagnies aériennes. J’ai pris des mesures pour m’assurer de la continuité de l’exploitation et continuerais à les maintenir en place.

La quasi-totalité du personnel conteste votre management, n’est-il pas temps de le remettre en question ?

 J’ignore d’où vous tenez ces chiffres. Mais on continuera la pédagogie pour s’assurer que tout le monde saisit l’urgence dans laquelle se trouve la société après plus de 10 ans de gabegie et de laisser-aller.

Les revendications salariales seront-elles entendues par la direction, notamment celle de percevoir la totalité de leurs salaires (depuis la crise du Covid-19, ils n’en perçoivent que 70%) ?

Je n’ai pas été saisi de revendications salariales.

Vous disiez vouloir réduire de moitié la masse salariale, où en est ce projet ?

Les programmes de restructuration avancent autant que faire se que peut.

Sur un autre sujet, la formation paramilitaire effectuée en ce moment par vos agents dans le camp militaire d’Itsundzu est vivement décriée. Une formation qui ne fait pas partie de celles recommandées par l’Oaci, comptez-vous l’interrompre ?

L’OACI recommande un corpus de formations de base, mais aussi d’élaborer les programmes de formation adaptés aux besoins de chaque pays et chaque contexte. Les événements en cours ne font que confirmer la nécessité d’une formation paramilitaire nécessaire pour inculquer les valeurs de base de discipline et service au pays.

La justice a demandé la réintégration des agents qui avaient saisi la justice. Comptez-vous appliquer cette décision ?

J’ai entamé des entretiens individuels avec les agents concernés pour identifier les postes auxquels ils pourraient être réintégrés. J’espère, avec leur coopération, les compléter avant la fin du mois.

Le personnel vous reproche également d’engager des dépenses complaisantes alors que dans le même temps vous affirmez que les finances de la société ne sont pas bonnes ?

On continue à mettre en œuvre le budget de manière transparente. D’ailleurs, la réunion qui a été interrompue le 17 mars avait pour objet de faire le point sur les projets approuvés. J’espère que nous pouvons reprendre rapidement le fil de la discussion.

Lors de notre dernière interview, vous avez déclaré avoir acheté des équipements de sûreté conformément à un appel d'offres lancé par l’Adc. Pourtant, des sources concordantes montrent qu'effectivement un appel d’offres a été lancé en 2021 et des propositions ont été même soumises. Cependant, lors de l'acquisition, les spécifications contenues dans le document n'ont pas été prises en compte et les machines acquises ne correspondent pas du tout à celles de l'appel d'offres. D'ailleurs celles achetées seraient d'occasion et elles tombent régulièrement en panne. Est-ce que vous confirmez ?

Le projet approuvé en 2022 est en cours et les livraisons prévues dans le courant de ce semestre. Entre-temps, nous avons pris des mesures palliatives avec des équipements additionnels qui fonctionnent.

 

Propos recueillis par Faïza Soulé Youssouf (par mail, le directeur général étant en déplacement à l’étranger)

Le 17 mars, une partie du personnel de l’Aéroport International Prince Said Ibrahim empêche le directeur général d’accéder à son bureau. Elle exige par ailleurs son départ. Maamoune Chakira porte plainte pour « atteinte au libre exercice du travail, violences et voies de fait, menace verbale et séquestration. 3 agents sont placés en détention préventives et 4 sont sous contrôle judiciaire ». Les meneurs jurent de paralyser les plateformes aéroportuaires le 20 mars. Le même jour, ils sont reçus par le secrétaire général du gouvernement, Daniel Ali Bandar. A la sortie de l’entretien, Fahad Abdou-Nour, un des porte-paroles annonce la reprise totale du travail le lendemain. Les agents emprisonnés sont toujours dans l’attente de leur procès.

 

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