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Fête du 14 juillet-Sylvain Riquier I «Nous avons beaucoup à faire ensemble, au bénéfice de nos deux pays»

Fête du 14 juillet-Sylvain Riquier I «Nous avons beaucoup à faire ensemble, au bénéfice de nos deux pays»

Société | -   A.S. Kemba

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Le diplomate français insistera, par le choix et la force des mots, que les Comores et la France sont condamnées à travailler main dans la main en raison des liens multiples qui les rapprochent, avec comme but de constituer, selon lui, « une force pour des combats communs ». Développement socio-économique, environnement, intégration régionale, rayonnement des Comores dans le monde, climat, appui à l’entreprenariat, Etat de droit, bonne gouvernance, le diplomate français a brossé un tableau sommaire de l’action de la France dans l’archipel et son aspiration à soutenir l’Emergence du pays à l’horizon 20230.

 

L’ambassadeur de France à Moroni a joué la pédagogie dans son message solennel adressé à l’occasion de la fête nationale française du 14 juillet, célébrée aux Comores, vendredi dernier à la résidence de France de Vwadju. «C’est une journée d’ouverture et de concorde, une journée où nous célébrons notre devise, liberté-égalité-fraternité. Une devise dont la réalisation ne peut jamais être dite achevée, depuis que la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789, proclamait que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits» - une devise dont le contenu concret est toujours en construction », a d’abord rappelé l’ambassadeur.

La construction d’un idéal commun

Devant des autorités dont le ministre de l’Intérieur Fakridine Mahamoud, (assurant l’intérim de son collègue des Affaires étrangères), le délégué à la Défense, Youssoufa Mohamed Ali, des membres de l’opposition politique, des acteurs de la société civile comorienne et des medias, Sylvain Riquier, qui ne s’est pas exprimé publiquement depuis des mois, surtout après l’opération Wuambushu, défendra une approche pragmatique dans la conduite des relations entre les Comores et la France. À l’entendre, les divergences de vue, (allusion faite à l’île comorienne de Mayotte), ne doivent pas constituer un frein à la poursuite de la volonté de construction d’un idéal commun.
«Nous avons beaucoup à faire ensemble, au bénéfice de nos deux pays, et tout particulièrement du développement économique des Comores », a souligné l’ambassadeur. « Il peut y avoir des sujets et des moments de tension. Je n’ai pas forcément besoin d’être plus précis je crois. Nous savons tous que nous n’avons pas la même approche s’agissant de Mayotte », a-t-il reconnu mais convaincu toutefois que le destin commun est beaucoup plus fort que la controverse entretenue, selon lui, autour de Mayotte par « des polémistes » qui cherchent, selon ses termes, à « mettre de l’huile sur le feu ».


Pour lui, le dialogue demeure la seule arme qui vaille pour consolider le partenariat et bâtir des discussions « au service d’une relation respectueuse et d’une vision claire des intérêts de chacun » sur le long terme. « La diplomatie est essentielle dans ces moments ; c’est elle qui permet de se parler, en franchise, de nos intérêts, de nos désaccords et de trouver des convergences. Je crois que c’est ce que nous avons fait », a-t-il justifié, insistant sur les rapports qui lient les deux pays. «Il nous revient d’en faire une force. Une force pour des combats communs, pour travailler ensemble à la résilience climatique ou au renforcement de la sécurité de nos espaces maritimes, si essentiels à l’équilibre de la planète et à la prospérité des économies – comme le soulignent les échanges au sein de la commission de l’Océan indien », a-t-il demandé.
Sylvain Riquier insistera ainsi, par le choix et la force des mots, que les Comores et la France sont condamnées à travailler main dans la main en raison des liens multiples qui les rapprochent, avec comme but de constituer, selon lui, « une force pour des combats communs ». Développement socio-économique, environnement, intégration régionale, rayonnement des Comores dans le monde, climat, appui à l’entreprenariat, Etat droit, bonne gouvernance, le diplomate français a brossé un tableau sommaire de l’action de la dans l’archipel et son aspiration à soutenir l’Emergence du pays à l’horizon 20230.


Se disant attaché à des politiques qui libèrent des énergies créatives, l’ambassadeur a rappelé l’action engagée par la France en synergie avec l’Union européenne pour soutenir, entre autres, l’entreprenariat-jeune sur l’ensemble des îles avec, à la clé des programmes en cours comme les projets « Facilité Emploi » ou encore « Msomo Na Hazi » lancés il y a plusieurs mois. «L’enjeu de tout cela, c’est de favoriser l’émergence d’une économie créatrice de richesses et d’emplois et d’un Etat de droit affermi d’où sorte renforcée la capacité à agir des entreprises du secteur privé, car elles seules créent de la richesse. Nous le faisons la main dans la main avec l’Union européenne », a-t-il souligné, félicitant, au passage, le chef du bureau de l’Union européenne aux Comores, Pierre Beziz. Saluant la rencontre entre le chef de l’Etat Azali Assoumani et le président du Medef à Paris (le patronat français), l’ambassadeur n’a pas manqué de défendre les opportunités d’investissement qui s’offre au pays, rappelant toutefois le travail à faire pour les pérenniser dans la durée. « La clé, c’est de construire la confiance, ce qui se traduit par des actes : la levée des freins, la levée des obstacles, la réduction des mauvaises pratiques, la mise en place d’une justice fonctionnelle », dit-il, félicitant le salon des entreprises, organisée début juin à Moroni, et qui « a été un franc succès », selon ses mots. « C’était frappant de voir à l’œuvre une volonté de faire de l’entreprise le cœur de l’émergence et du développement », a-t-il ajouté. «Les Comores ont des atouts puissants : leur jeunesse ; leurs ressources maritimes ; un patrimoine et une biodiversité uniques ; leur ancrage à la zone euro ; leur appartenance à la ZLECAf ; leur adhésion au droit de l’OHADA ; leur appartenance à l’espace francophone », a-t-il indiqué.

Le leadership du président de la République

« Nous appuyons les efforts des autorités pour installer une meilleure gouvernance des finances publiques ou de la justice ; ou en contribuant à la formation des élus locaux. Nous appuyons les organisations de la société civile qui luttent pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Nous portons une attention particulière aux équilibres entre les iles », a encore précisé le diplomate qui ajoute que « l’émergence est une belle et juste ambition » et que « la France est heureuse d’épauler là où elle le peut les Comores dans la traduction de cette ambition en réalisations ». Il ajoute : « Ce n’est pas non plus un long fleuve tranquille. Il n’y faut notamment pas que de l’argent extérieur. Il y faut une volonté réformatrice continue – et donc une impulsion forte qui vienne de la nation ».Sylvain Riquier a salué le leadership du président de la République à la tête du continent, félicitant la présidence comorienne de l’Union africaine pour avoir porté au plus haut degré les défis climatiques et leurs conséquences sur les pays insulaires. «La déclaration de Moroni pour une action en faveur de l’océan et du climat du 14 juin dernier aura ainsi été un moment fort qui a porté la voix des Etats côtiers et insulaires d’Afrique », a-t-il admis.


Il a souligné la volonté de la France d’appuyer les Comores à bénéficier de l’attention nécessaire au sein des grandes organisations financières internationales et des institutions multilatérales. «Le président Azali a pu faire entendre la voix du continent à l’occasion du sommet pour un nouveau pacte financier mondial les 22 et 23 juin, sommet conçu par le président de la République française comme un instrument pour mobiliser plus de ressources financières, au service de la réduction de la pauvreté, de la lutte contre le dérèglement climatique et de la préservation de la biodiversité ». Dénonçant le conflit russo-ukrainien, le diplomate français a salué «le vote constant des Comores aux Nations-Unies à New-York, contre cette guerre d’agression sur le sol européen », après avoir exprimé «une pensée pour la vaillance et pour le courage du peuple ukrainien qui résiste à la guerre qui lui a été imposée par la Russie depuis le 24 février 2022 ». Sylvain Riquier a enfin salué « la volonté affirmée des autorités comoriennes de mettre en place les conditions d’un processus électoral transparent et inclusif » et espère que le travail engagé en amont avec l’appui du Pnud puisse être « très utile» à tous les acteurs pour «assurer la qualité du processus électoral ».

 

 

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