Le Collectif « Hima » (debout en langue nationale) a organisé une marche pacifique dans la capitale ce 12 mars du stade de Moroni à la Place Ajao. Cette manifestation entre dans le cadre des activités marquant la célébration de la journée internationale des droits des femmes qui a eu lieu le 8 mars dernier. Sur les nombreuses pancartes on pouvait lire, « je suis une femme, respecte-moi », « on ne frappe pas une femme », ou encore « nous ne nous tairons plus ». Et de temps à autre, les activistes entonnaient un vieux chant militant qu’elles ont remis au goût du jour, interprété, entre autres, par la Voix d’ Or, Zainaba Ahmed. « Femme brise tes chaines, femme brise tes chaînes et jette-les».
Le 8 mars, le Collectif a publié une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle, elles ont repris les injonctions faites aux femmes, non sans humour et ironie.
Pour ces militantes, « qui ne se retrouvaient pas dans les associations et les organisations non gouvernementales qui défendent les droits des femmes », il était temps pour elles de faire entendre un autre son de cloche, un autre discours sur la place des Comoriennes dans la société.
La place des Comoriennes dans la société
«Nous avons fait cette marche parce que nous estimons qu’aux Comores, les droits des femmes sont souvent piétinés et incompris. Il est important pour nous que les hommes et les femmes se rassemblent pour exprimer leurs inquiétudes par rapport à ces droits qui sont bafoués et par la population et par nos représentants politiques», a expliqué Miriame Kaissani, membre du Collectif. Elle faisait allusion au fait qu’il n’y a pas si longtemps, certains osent encore comparer des femmes « à des objets ou à du poisson pourri couverts par des mouches ».
La militante entend faire comprendre aux hommes de tous les âges «le respect qui devrait être dévolu aux femmes, avoir une épouse à son niveau, cela ne veut pas dire être rabaissé ou piétiné, bien au contraire avoir une femme instruite ne rabaisse en rien la masculinité ou la virilité des hommes». Les militantes ont beaucoup insisté sur l’éducation à donner aux hommes mais aussi aux femmes pour lutter contre le harcèlement sexuel ou de rue, le viol, les agressions.
Cette marche intervient dans un contexte particulier où selon un praticien, une femme enceinte a perdu la vie parce que son mari a refusé qu’elle soit transfusée alors qu’elle était anémiée. « C’est un sujet qui nous interpelle, le mari aurait menacé de divorcer et on sait à quel point une femme divorcée est considérée comme une tare et on lui dit d’être endurante, d’être patiente parce que de toutes les façons, vaut mieux un mauvais mari que pas de mari du tout», a longuement expliqué Inzlat Mohadji, membre du Collectif.
Et Arfane Salim Abdou de surenchérir : « je connais personnellement une patiente qui devait subir une césarienne mais son mari a refusé qu’elle le soit. Du coup, elle a accouché par voie basse mais d’un enfant mort-né, ce sont des choses qui nous affectent qui ont suscité cette action en particulier mais elles nous disent aussi l’urgence de défendre nos droits».