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Gestion de la Sch I La situation actuelle est-elle la conséquence des «choix hasardeux« de l’entreprise ?

Gestion de la Sch I La situation actuelle est-elle la conséquence des «choix hasardeux« de l’entreprise ?

Société | -   Nazir Nazi

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La section des comptes a relevé au cours de ses investigations, de “nombreuses irrégularités récurrentes dont les plus marquantes concernent les marchés des produits pétroliers, en raison de leurs spécificités : ces derniers représentent en valeur, respectivement 99,48% de dix-huit marchés attribués en 2018 et 98,83% de seize (16) marchés réalisés en 2019, soit 99,65% en moyenne du total des marchés des deux exercices contrôlés.

Plusieurs investissements de la Société comorienne des hydrocarbures (Sch) ne cessaient d’être pointés du doigt depuis 2016. Pourtant, il s’agit des marchés touchant des centaines et des milliards de francs comoriens. Pour ne commencer qu’à l’obtention, en 2017, d’un crédit fournisseur par le groupe pétrolier suisse Vitol Bahrain Ec. Vitol. Ce dernier avait accepté de renflouer les caisses de l’entreprise en lui accordant 10 millions de dollars, soit environ cinq milliards de francs comoriens.

10 mille tonnes métriques tous les six mois à l’époque

“Il y a un plan d’amortissement dans cette convention pour que cela ne pèse très lourd sur les fonds de la société”, avait expliqué le Dg à l’époque. Pourtant, “un partenariat, sans appel d’offre”, avait accordé “une exclusivité au groupe pétrolier en tant que fournisseur de la Sch”, selon des sources du comité d’entreprise de la Sch. Surtout qu’il était de notoriété publique que la Sch peut aller jusqu’à commander une cargaison de 10 mille tonnes métriques, soit à peu près 3.5 à 4 milliards de francs par cargaison tous les six mois à l’époque.


La Sch avait commandé la même année, sept camions citernes, mais seuls trois étaient arrivés. A l’époque, “le prix d’un camion variait entre 50 à 70 millions de francs comoriens, soit un marché de 350 millions à 490 millions de francs de gré à gré”, selon une source de la direction nationale de contrôle des marchés publics à l’époque. D’ailleurs, les trois camions arrivés sur place nécessitaient d’autres interventions car “ils étaient hors normes”. Un camion ravitailleur à plus de 70 millions de francs avait fait l’objet de polémique. Le directeur général de l’époque avait fait avancer des raisons sécuritaires pour justifier l’achat sans appel d’offres.

3.5 à 4 milliards de francs

Trois ans après, soit en 2020, un avis d’appel d’offre (Aao) pour l’acquisition de sept camions de ravitaillement et d’avitailleur et autres matériels fait surface. A l’Autorité de régulation des marchés publics et à la direction nationale de contrôle des marchés publics (Dncmp), des explications laissaient comprendre que l’Appel d’offre serait “sanctionné de nullité”. On ignore si cette nullité a été motivée par autre chose. Certaines parlaient “d’opérations opaques”. Un second marché qui pourrait avoisiner lesdits 350 millions à 490 millions de francs.


Un marché estimé environ à une centaine de millions de francs comoriens octroyé de gré à gré à la société française “Geofilling», fournisseur de jauges électroniques pour la gestion du carburant, n’est pas passé inaperçu en 2020. L’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) ignorait ce marché et parle encore “d’opacité à l’époque”.
Un projet de construction d’une cuve de 3 500 m3 à hauteur de 700 millions de francs comoriens en 2016 avait fait l’objet d’une controverse. Ironie du sort, la société Hairu Engineering consultancy Sarl, qui a avait obtenu le marché et reçu 85% de la somme soit près de 600 millions de francs, n’avait pas pu finir les travaux. La direction avait décidé, à l’époque, de passer à sa reconstruction par une autre société, BnhGas. Il a été question de déclencher des procédures judiciaires à cause du 85%.


Les investissements posant des problèmes à la Sch sont loin de se limiter à la cuve. La Sch entendait diversifier ses produits depuis 2017. D’ailleurs, le patron de l’époque avait annoncé de réceptionner 9 500 fûts de bitume après une commande encore sans appel d’offres. A l’heure actuelle, l’entreposage de ces fûts laisse à désirer à Maluzini. Un investissement jugé “hasardeux” par les cadres de la boite. “Par rapport à l’unité de gaz, tout a commencé dans l’opacité”, a-t-on souligné.

Investissement jugé “hasardeux”

Signé par le président de la section des comptes, Mohamed Elharif Himidi, Farouk Ahmed Boina, et le greffier de la Section des comptes, un rapport de synthèse sur l’audit des procédures de passation des marchés publics réalisés en 2018 et 2019 par la Société Comorienne des Hydrocarbures (SCH) a été rendu public.
La Cour a relevé au cours de ses investigations, “de nombreuses irrégularités récurrentes” dont les plus marquantes concernent les marchés des produits pétroliers, en raison de leurs spécificités : ces derniers représentent en valeur, respectivement 99,48% de dix-huit marchés attribués en 2018 et 98,83% de seize (16) marchés réalisés en 2019, soit 99,65% en moyenne du total des marchés des deux exercices contrôlés. “Tous ces marchés publics ont été négociés et exécutés en violation des dispositions légales et réglementaires sus évoqués”.Telles sont les observations définitives arrêtées par la Section des Comptes à l’occasion de son audit de conformité sur les procédures des marchés publics passés entre la SCH et ses fournisseurs, au titre des exercices 2018 et 2019. Y-a-t-il un lien entre cette gestion jugée hasardeuse et les difficultés actuelles de l’entreprise ?

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