L’inquiétude plane à la Société comorienne des hydrocarbures (Sch). Une situation financière qui suscite des remous après que la société d’Etat se trouve aux mains d’une commission composée de trois personnes, dont Kamal Kassaï, Djawad Saïd et Moinahalima Mohamed Salim. Si les membres de la commission mise en place se refusent de tout commentaire à ce sujet, certains cadres ne cessent d’évoquer de “problème de trésorerie” et de “résultats négatifs pour l’année 2018”. Ainsi, l’on se demande les causes de cette impasse vu que, à l’époque, des cadres de la société d’Etat parlaient de cinq milliards de francs comoriens dans les caisses de la Sch et d’une cargaison commandée au moment que l’actuel ministre de l’Aménagement du territoire et ex-désormais patron de la Sch, Mohamed Chatur Elbadaoui prenait le guidon. Interrogé lors de la conférence du parti Crc, Mohamed Chatur Elbadaoui a tenu à rappeler que la situation actuelle du distributeur public des hydrocarbures ne devrait pas faire oublier que le gouvernement a diminué les tarifs de l’essence, du gasoil “ce qui en fait un manque à gagner de l’ordre de 13 milliards pour la société”. En tout état de cause, des alertes n’ont pas été les moindres durant ces deux dernières années pour pointer du doigt la gestion de la Sch lors du passage de l’actuel ministre de l’aménagement.
5 milliards de francs hérités
Tout a commencé quand l’ex-patron du distributeur des hydrocarbures a décidé de rompre avec le précédent fournisseur, Independent Petroleum Group (Ipg), qui traitait à travers la Banque islamique de développement (Bid). Une nouvelle qui a fait boule de neige au niveau de la société, bien que l’ex-patron avance “des surfacturations” pour justifier sa décision. C’est à partir de là que le directeur de la Sch a renoué les négociations avec Vitol Bahrain Ec. C’est dans ce cadre, le président du comité d’entreprise, Saïd Athoumani, avait adressé pour la seconde fois, en février 2017 dans une période de moins de deux mois, un courrier à la direction générale pour lui demander des explications. Dans ladite lettre, dont Al-watwan possède toujours une copie, le président du comité d’entreprise avait précisé que Vitol était “à l’origine de la quasi faillite de la Sch en 2013”.
“Les partenaires avec lesquels vous êtes en train de négocier en ce moment sont les mêmes que ceux-là qui ont plongé notre société dans cet état”, peut-on lire dans cette correspondance. Dans la même lettre, il avait rappelé que l’ex-patron avait hérité d’une “situation de trésorerie confortable de l’ordre de cinq milliards de francs comoriens”. Mais quel genre de négociations avec Vitol?
5 milliards de francs de Vitol
Tout au début, le patron de la Sch parlait de “cargaison d’urgence” jusqu’à ce qu’Al-watwan découvre, quatre mois après sa signature, le protocole d’accord signé le 1er septembre 2017 entre le responsable Afrique de l’Est de Vitol Bahrain Ec, Jérôme Bourceret, et le directeurde la Sch pour révéler ledit protocole. Pourtant, une exclusivité précisée de façon claire dans ce protocole d’accord signé par la société comorienne et le groupe suisse, dont Al-watwan détient toujours une copie, au lieu de procéder à un appel d’offre tous les six mois.”La Sch s’approvisionnera pour tous ses besoins pétroliers exclusivement auprès de Vitol Bahrain pour profiter des conditions de financement et d’assistance technique du fournisseur”,peut-on y lire. En échange, Vitol offrira un crédit fournisseur à la Sch qui permettra de réaliser un certain nombre de projets de maintenance et d’investissements. Vitol avait accepté de renflouer, à travers le protocole, les caisses de la société en lui accordant 10 millions de dollars, soit environ cinq milliards de francs comoriens.
Coût d’investissement méconnu
La direction générale de la société d’Etat, dans le Watwan echo du 12 mai 2017, avait annoncé qu’elle entreprenait de mettre la Sch sur la commercialisation du bitume. “C’est du bitume de grande qualité vendu à un prix très accessible à tous. Notre action, en ce qui concerne le bitume, se conforme aux projets routiers en cours entrepris par le gouvernement “, a confirmé l’inspecteur général, le numéro 2 de la maison. La Sch évalue les besoins à plus de 8.000 tonnes de bitume pour un total de plus de 173 kilomètres de routes à construire sur l’ensemble du pays. Le coût d’investissement dudit projet reste encore méconnu au niveau de la presse.
Accumuler des retards
L’une des actions envisagées en 2018 également par la direction de la Sch est l’usine de gaz. Un projet dont les travaux, se rappelle-t-on de la conférence de presse organisée par le patron de la société publique le 29 mars dans son bureau, auraient été finis à 90%. Ce projet continue jusqu’à nos jours à accumuler des retards alors que la commercialisation a été prévue dès le mois sacré (dernier) de Ramadhwani. Pour le coût du financement dudit projet, l’ex-patron de la Sch s’est abstenu d’avancer des chiffres. Un investissement que des cadres de la société d’Etat jugeaient “hasardeux”. L’ancien directeur général, Mohamed Chatur El Badaoui, a toujours défendu son bilan et se dit prêt à fournir, si besoin à la presse, toutes les explications liéesà la gestion de l’entreprise