La Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) promet une coupure de l’eau d’ici la fin de ce mois dans les six localités de la région de Mitsamihuli-Mbude. La raison : une facture de quatre millions de francs comoriens remis au Groupement intercommunal de gestion de l’eau (Gige) de Mitsamihuli-Mbude.
Une facture de 4 millions
Un courrier dont Al-watwan a obtenu une copie, adressé au Gige le 14 avril 2022 et signé par le directeur régional de la société d’Etat, demande le règlement de la facture n°191 522 260 3958. Il s’agit d’une facture, émise le 31 mars 2022 d’un montant de 4. 473. 441 de francs, laquelle n’a pas encore été payée. “Nous tenions à vous informer que la date d’échéance de cette facture, fixée pour le 10/04/2022 est désormais dépassée. Nous vous remercions de bien vouloir régulariser cette situation avant les prochains relevés (prévus le 30/04/2022). Passé ce délai, nous serons dans l’obligation d’interrompre votre production d’eau. Notez que vous pouvez joindre le directeur régional directement au 334 49 38 pour toute question”, peut-on lire dans ce courrier.
Pourtant, ce groupement des six localités ne semble plus convaincu de régler cette facture. Motif : la société d’Etat n’a pas contribué à l’aménagement hydraulique – ensemble des installations, ouvrages, travaux et activités réalisés à des fins d’exploitation. Un aménagement dont son coût financier a été estimé à hauteur des centaines de millions francs comoriens à travers une contribution communautaire et un don de l’extérieur. “Aucun contrat n’a été préalablement signé entre les deux parties”, peste-t-on.
La gestion du réseau d’eau, source de la mésentente
Ladite facture a fait l’objet d’une réunion dimanche dernier au cours de laquelle plusieurs responsables du conseil du Gige pointaient du doigt “un vice de procédure” de l’établissement public dans la mesure où les deux parties se sont rencontrées en octobre 2021 pour une cogestion. “Il a été convenu de procéder à l’étude du coût d’investissement avant de penser à une cogestion. C’était clairement précisé qu’il reviendrait à la Sonede de convoquer des prochaines rencontres pour trouver des solutions”, a élucidé un des responsables du Gige. Les membres du conseil étaient stupéfaits dans la mesure où aucun contrat ne lie le groupement local et la Sonede et qu’il n’est jamais mentionné nulle part qu’il soit abonné de la société d’Etat. “Cette facture ne tient pas compte ni de nos dépenses électriques et du traitement de l’eau, ni des bornes fontaines publiques, ni des fuites au niveau du réseau de distribution. On est loin d’une cogestion ou d’une délégation”, ont regretté les membres du Gige.
Interrogé à ce sujet, le chargé de communication de la Sonede, Moustakim Ibrahim, explique que l’établissement public se réfère aux textes en vigueur lesquels lui confient la gestion de l’eau sur le territoire national. “La Sonede a la gestion mais peut la déléguer. Malgré la possibilité de déléguer, une redevance doit être demandée à toute institution qui gère la source. Et la redevance n’est plus payée par ladite région”, a-t-il clarifié.Selon lui, cette facture n’est pas une première au niveau du Gige. Il a fait savoir que la Sonede comptait déjà deux factures non réglées. “Allant jusqu’à une troisième facture, cela pourrait prouver une volonté manifeste de saper nos activités. La Sonede ne souhaite pas couper l’eau pour pénaliser les habitants, mais pour substituer le Gige en cas de relations tendues. La gestion pourrait revenir à la Sonede”, martèle-t-il.
Sonede, prête ou pas ?
Des techniciens de la Sonede, qui préfèrent garder l’anonymat, ont néanmoins jugé le moment “inopportun” pour la société de s’approprier de la gestion de l’eau de Mitsamihuli-Mbude. Ils ne cessent de pester contre l’appropriation du site de pompage du nord avant que la Sonede ne puisse faire fonctionner les deux autres sites périphériques de pompage accaparés il y a quelques temps. “Notre société s’est déjà appropriée de la gestion de l’eau de Hamahame et de Mitsudje. Aucune goutte d’eau ne coule à l’heure actuelle à Hamahame. Pour Mitsudje, presqu’un mois s’est écoulé sans qu’il y ait une goutte d’eau. La région de Mitsamihuli-Mbude risque de tomber dans le même piège. A quoi bon d’augmenter des charges alors que l’expérience ne nous donne pas encore raison”, se sont-ils interrogés.